Sénatoriales : pourquoi l’élection est difficile pour En Marche

Sénatoriales : pourquoi l’élection est difficile pour En Marche

Le parti d’Emmanuel Macron est obligé de revoir ses ambitions à la baisse pour les sénatoriales, face à la grogne des élus locaux. Le groupe LREM pourrait gagner de 10 à 30 sénateurs. Edouard Philippe rencontre demain toutes les têtes de liste, où l’équilibre gauche/droite est respecté.
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Les sénatoriales du 24 septembre ne seront pas une vague électorale pour La République En Marche. Si les députés estampillés LREM ont raflé la mise lors des législatives, les ambitions du parti présidentiel sont pour le moins mesurées pour le renouvellement de la moitié des 348 sièges de la Haute assemblée. Elles sont même revues à la baisse. Une vraie peau de chagrin diront les mauvaises langues.

« Une dizaine de gains possibles »

Fin août, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, avait prévenu : il n’y aura pas de « raz-de-marée » En Marche. Il a confirmé ce matin sur France Inter : « François Patriat, qui est le président du groupe La République En Marche au Sénat, parle d’une dizaine de gains possibles de postes.  (…) Je ne pense pas qu’il y ait de révolution de palais au Palais du Luxembourg ».Regardez (à 4’05 dans la vidéo) :

Christophe Castaner répond aux questions de Nicolas Demorand
08:33

Une prudence qu’exprimait déjà la semaine dernière François Patriat : « Nous n’avons pas d’élus En Marche. On part d’une page blanche » expliquait le sénateur de Côte-d’Or à publicsenat.fr. Il estimait qu’il y avait « une quinzaine de parlementaires à gagner » sur les 29 que compte aujourd’hui le groupe. Soit arriver à 45. Au mieux, 50 serait un bon chiffre.

« Même si au pire, on faisait un seul siège, ça ne peut pas être une défaite pour LREM car on part de 0 »

Avant l’été, en officialisant la création du groupe LREM du Sénat, François Patriat fixait pourtant un objectif plus élevé : devenir « le deuxième groupe du Sénat ». Actuellement, le groupe LR compte 142 membres et le groupe PS, qui devrait logiquement en perdre, 86. Fin juillet, François Patriat imaginait pouvoir doubler le nombre, soit arriver autour de 60 sénateurs.

Aujourd’hui, au sein du groupe LREM, si l’on se méfie des pronostics, la fourchette basse est fixée autour d’un gain de 10 sièges, la fourchette haute à un gain de 30 sièges. « Un groupe de 60 sénateurs, ça peut être un très bel objectif » dit-on, avant d’ajouter : « On part de zéro. Tous les sénateurs qu’on prendra, ce sera des victoires ». La prudence est telle qu’on semble déjà anticiper les éléments de langage qui seront donnés au soir de scrutin : « Même si au pire, on faisait un seul siège, ça ne peut pas être une défaite pour LREM car on part de zéro » insiste un marcheur qui suit de près le Sénat. La République En Marche ne pourra espérer un jour être majoritaire au Sénat qu’en remportant de nombreuses mairies lors des prochaines municipales.

L’exécutif a pris plusieurs décisions repoussoirs aux yeux des élus locaux 

Les causes de ces ambitions modestes sont simples : le corps électoral des grands électeurs, composé à 96% de conseillers municipaux, a été en grande partie renouvelé lors des municipales de 2014, remportées par la droite. Sur le papier, Gérard Larcher devrait donc renforcer sa majorité. Mais avant l’été, dans la foulée et l’enthousiasme de la présidentielle, certains imaginaient que la fusée Macron allait attirer des élus ruraux non encartés vers les candidats LREM.

Entre temps, l’exécutif a pris plusieurs décisions repoussoirs aux yeux des élus locaux : 13 milliards d’euros d’économie sur 5 ans pour les collectivités. Même si les dotations ne baisseront pas en 2018, l’annonce cet été de 300 millions d’euros de crédits gelés dès 2017 est restée au travers de la gorge des élus. S’ajoute la réduction du nombre de contrats aidés, dont bénéficient les mairies, la suppression de la réserve parlementaire, dont le fonds de remplacement reste flou. La disparition de la taxe d’habitation, même remplacée à l’euro près, est aussi source d’inquiétude. En réalité, Emmanuel Macron aurait voulu réduire ses chances aux sénatoriales, il ne s’y serait pas pris autrement. De là à penser qu’il a mis une croix sur le scrutin…

Du côté du groupe, on pointe une part de « fantasme » et la nécessité de faire de la pédagogie. On mise sur une campagne courte, qui « n’a pas encore commencé » veut-on croire, pour créer la dynamique.

Rencontre entre Edouard Philippe et les candidats au siège

Demain, le premier ministre Edouard Philippe rencontrera toutes les têtes de liste LREM à 13h30, au siège du parti, à Paris, avec François Patriat, selon nos informations. Une rencontre qui se fera à huis clos. Les investitures n’ont pas forcément été simples cet été pour LREM. Elles ont parfois traîné.

Alors que le dépôt officiel des listes se fait cette semaine dans la limite de vendredi, 18 heures, la tête de liste en Loire-Atlantique vient même de changer au dernier moment. Bernard Morilleau, un agriculteur qui avait été désigné, avait commencé à faire campagne.

Equilibre droite/gauche dans les têtes de liste

L’équilibre gauche/droite a été respecté dans la nomination des têtes de listes, alors que les 29 sénateurs du groupe sont actuellement essentiellement issus du PS. D’après nos informations, on compte 14 têtes de liste PS ou ex-PS (certains sont toujours au PS mais ont l’investiture), 4 divers gauche et un ex-EELV (le sortant André Gattolin). Soit un total de 19 têtes de liste de gauche, en comptant les listes à la proportionnelle et celles au scrutin majoritaire.

À droite, 4 listes sont menées par des LR ou ex-LR. Les centristes sont bien représentés avec 7 UDI (ou ex-UDI) ainsi qu’un membre du Parti radical valoisien. 6 divers droite s’ajoutent, soit un total de 18 pour la droite.

4 têtes de listes sont Modem. Soulignons que selon les stratèges d’En Marche, la seconde place de la liste parisienne, réservée à une élue Modem, devrait être éligible.

Enfin, 9 têtes de listes sont confiées à des « sans étiquette », dont des membres de la société civile, comme Bernard Guirkinger, ancien PDG de la Lyonnaise des eaux et aujourd’hui dans l’économie sociale et solidaire, candidat en Moselle. Pour les Français de l’étranger, Philippe Grangeon, ancien directeur de la communication de Capgemini, sera candidat.

LREM a de bons espoirs de faire élire deux voire, pourquoi pas trois sénateurs à Paris (liste menée par l’adjoint aux finances d’Anne Hidalgo, Julien Bargeton). La Nièvre pourrait aussi envoyer deux sénateurs LREM. Le Nord et le Pas-de-Calais pourraient chacun envoyer au moins un sénateur. Un sénateur gagnable également en Essonne, en Seine-et-Marne, dans le Val-d’Oise, avec le sortant ex-PS Alain Richard ou en Guadeloupe. Dans les Hauts-de-Seine, l’ex-EELV André Gattolin espère être réélu sous ses nouvelles couleurs. On saura le 24 septembre si elles joueront dans les autres départements un rôle attractif… ou pas.

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