[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Marine Le Pen ?

[Série] Présidentielle 2022 : Et si c’était… Marine Le Pen ?

Cette semaine publicsenat.fr vous propose un peu de politique-fiction, en imaginant un scénario qui amènerait un candidat, déclaré ou non, à l’Elysée au printemps prochain. Philippe Olivier, député européen et conseiller spécial de Marine Le Pen, nous décrit comment la candidate RN pourrait remporter le match retour en 2022.
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« En 1974, Giscard est élu car il représentait la jeunesse et la modernité. En 1981, Mitterrand est élu, parce que les Français n’avaient pas envie de tomber dans une spirale ultralibérale. Ça ne vous rappelle rien ? » Pour Philippe Olivier proche parmi les proches de la famille Le Pen, l’histoire est en passe de se répéter. Le duel est d’emblée annoncé pour le second tour de la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron contre Marine Le Pen, soit le camp « des mondialistes contre celui des nationaux ».

« L’élection de 1981 était beaucoup plus idéologique que 1974, comme le sera celle de 2022 par rapport à 2017, car un combat idéologique ne se tranche pas en une seule fois », soutient le député RN.

Éric Zemmour « rattrapé par le vote utile »

On tente une question sur un possible retour du clivage droite/gauche, comme lors des dernières élections régionales. « Est-ce que vous croyez que le 57 % de Carole Delga en Occitanie préfigure le score que fera, dans cette région, le candidat socialiste à l’élection présidentielle ? Ce sont les clientèles qui ont été votées. Se baser sur une élection locale avec 70 % d’abstention n’est pas un élément fiable d’appréciation », balaye le conseiller spécial de Marine Le Pen.

Parlons tout de suite du sujet qui fâche et qui inquiète le RN : la candidature d’Éric Zemmour. « Ça peut à la fois être un problème et un atout. Il peut prendre des voix et nous empêcher de creuser l’écart et de devancer Macron. Il peut avoir aussi un avantage. Le caractère un peu radical de ses analyses et de ses propositions aura le mérite de nous recentrer. Ça ne nous inquiète pas. On fera avec. Quel que soit le niveau où il sera, en fin de campagne, il sera rattrapé par le vote utile. Il y aura du vote utile contre Zemmour », pressent-il.

« Dans un débat idéologique, tous les rassemblements sont possibles »

Philippe Olivier en est certain, le vote utile jouera à plein chez les LR dans l’entre-deux tour. « Les cadres des Républicains sont eux-mêmes partagés entre « les mondialistes et les nationaux comme Morano, Wauquiez ou Retailleau », cite-t-il. « Ces derniers seront obligés de se déterminer. Ils ne pourront pas s’enfuir ou alors ils préconiseront l’abstention et disparaîtront de la vie politique ».

Et à gauche ? On se souvient qu’à l’entre-deux tours de la présidentielle de 2017, Marine Le Pen avait lancé un appel aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon. « Dans un débat idéologique, tous les rassemblements sont possibles. Je pense qu’on est majoritaire sur l’immigration, la laïcité ou sur la conservation de notre modèle social », avance l’eurodéputé.

Cet antagonisme, nationaux/ mondialistes est aussi, selon lui, encouragé par le scrutin majoritaire à deux tours de l’élection présidentielle qui « va obliger les partis politiques qui ne se sont pas qualifiés au second tour à se positionner. Vous êtes sur la rive d’un fleuve ou sur un autre, pas au milieu ».

Et à l’écouter, on comprend que les « nationaux » auront un intérêt à se positionner. Une place au gouvernement est en jeu. « Le Premier ministre ne fera pas parti du RN, on est partis sur un gouvernement d’union nationale. Une logique de partage du pouvoir avec un maximum de forces politiques et de personnalités »

Axes de campagne

Attendue sur le thème de l’immigration, Marine Le Pen a déjà annoncé qu’un référendum sera soumis aux Français dès les premiers mois de son quinquennat, avec des « questions simples » : « Oui ou non pour le droit du sol ? Oui ou non pour le regroupement familial ? Oui ou non pour la maîtrise de nos frontières ? »

En quatre ans et demi, la candidate RN a appris de ses erreurs. Pas question de réitérer les imprécisions de 2017 sur la sortie de la monnaie unique. « On a affiché un certain nombre de positions qui pouvaient être anxiogènes et qui n’étaient pas forcément comprises par notre électorat », reconnaît aisément Philippe Olivier, d’autant que cette idée était soufflée par Florian Philippot, qui, depuis, a quitté le parti à la flamme.

A l’inverse, le conseiller de Marine Le Pen estime que le RN est en avance sur de nombreux sujets. « Quand on écoute les discours des officiels, on entend : circuit court, souveraineté économique. On a critiqué l’abandon du nucléaire, et il y a des personnalités qui sont venues se joindre à nous ».

Philippe Olivier promet aussi « de refaire fonctionner la représentation nationale » par le retour de la proportionnelle aux législatives.

« 50,01 %, ça me va »

Dans cette perspective, on l’interroge sur les potentielles erreurs de casting, les propos et tweets racistes, misogynes et LGBTphobes des candidats, qui plombent à chaque élection la stratégie de dédiabolisation du parti. Emmanuel Macron lui-même a vu sa majorité fondre au fil du quinquennat en allant chercher des non-professionnels de la vie politique. « L’honneur du RN, c’est de prendre des citoyens et d’en faire des acteurs politiques. Alors, bien sûr, il peut y avoir des bévues et des erreurs de communication », relativise-t-il, avant de reconnaître à Emmanuel Macron le mérite « d’avoir écarté plein de vieilles badernes de la vie politique en voulant faire émerger une nouvelle élite. Mais c’était plus des startupers. La vie politique n’a pas été tellement régénérée. Nous, on souhaite faire émerger une nouvelle élite populaire ».

On arrive à la fin de l’entretien. Il est temps de se mouiller un peu. Un petit pronostic sur le score de Marine Le Pen ? « On s’en fiche, je ne fais pas de pronostic. On part pour gagner. 50,01 %, ça me va. Pourquoi ? Parce que le président de la République est la clé de voûte des institutions. Si le président de la République est mondialiste, il y a un travail de déconstruction qui continuera à se faire, jusqu’à ce que le pays n’existe plus ».

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