Sifflets, tensions: un conseil national LR mouvementé

Sifflets, tensions: un conseil national LR mouvementé

Ce devait être le conseil national de « la fin des guerres de chapelles » qu’abhorre Laurent Wauquiez. Mais le président de LR aura beau avoir cité Simone Veil et Philippe Seguin, le rassemblement de plusieurs sensibilités de la droite au sein du parti a encore du chemin à faire, comme en témoignent les nombreux sifflets à l’encontre de Valérie Pécresse.
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Les remous ont commencé dès le matin avec la composition du nouveau bureau politique désigné pour deux ans et demi (50 parlementaires, 20 non-parlementaires et 10 représentants des fédérations). Chez LR aussi on veut oublier le vieux monde et se projeter vers le nouveau. Benoist Apparu, Rachida Dati, ou encore Michèle Tabarot en sont écartés. Quant à Jean-François Copé, ancien président de l’UMP, il n’est plus  membre du Conseil national d’investiture (CNI).

Le nouveau bureau politique fait des malheureux

Mais c’est le sénateur de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier qui exprime le plus ouvertement sa colère sur Twitter. « Je découvre au Conseil national que je ne suis plus membre du bureau politique, comme (le maire d'Aulnay) Bruno Beschizza » s’emporte-il avant d’annoncer qu’il claque la porte de la Fédération de son département en ponctuant son tweet d’un : « il y a des moments où trop, c’est trop ».

Les anciens concurrents de Laurent Wauquiez à la présidence du parti ne sont pas non plus à la fête. Maël de Calan s’est plaint de ne pas pouvoir s’exprimer lors de la composition du bureau. Florence Portelli n’est, elle, même pas venue.

Premiers sifflets pour Valérie Pécresse

Conseil national LR: Valérie Pécresse arrive sous les huées de la salle
01:49

L’après-midi a démarré par le discours du nouveau président du Conseil national, Jean Leonetti. Issu de la droite humaniste, l’ancien député tient un discours rassembleur. « Je crois à la diversité de ce mouvement (…) Mes combats sont les votes, c’est une famille politique (…) Dans une famille, de temps en temps, on ne s’entend pas complètement, c’est assez classique et c’est assez normal ». Il ne croit pas si bien dire, car au bout de quelques minutes, c’est lui qu’on n’entend plus. Des sifflets et des huées remontent de la salle. Valérie Pécresse vient d’arriver à la maison de la mutualité.  « Mes chers amis, Valérie Pécresse fait partie de notre mouvement. Cependant, je souhaiterais qu’elle arrive dans la discrétion qui s’impose dans une situation pareille » tente de calmer Jean Leonetti. Laurent Wauquiez doit le rejoindre à la tribune pour lui prêter main-forte. « Mes chers amis. Je vous demande d’accueillir très chaleureusement avec des applaudissements nourris, Valérie Pécresse » enjoint-il avant que la salle ne s’exécute. Interrogée par Public Sénat, la première vice-présidente du parti, Virginie Calmels a sa propre analyse de cet évènement. « C’est parce qu’elle est arrivée en retard » veut-elle croire.

17h55 : des sifflets « anecdotiques » pour Jacob
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« Pardon les amis, mais les sifflets, on a déjà beaucoup donné cette année »

Conseil national: Valérie Pécresse veut réconcilier « les deux droites »
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Pourtant, le brouhaha ne va pas tarder à revenir.  Car la présidente de la région Ile-de-France, doit présenter à la tribune,  la « candidature » de son mouvement « Libres! » comme « mouvement associé des Républicains ».  Et son discours avait, au moins au début, de quoi conquérir la salle. Valérie Pécresse  pointe  « le déni d’Emmanuel Macron » sur « l’islam radical » ou encore son « centrisme technocratique qui l’amène à mettre sous tutelle les collectivités locales ». Et puis un changement d’ambiance s’opère lorsque l'oratrice explique que son mouvement a pour objectif de réconcilier les droites.  « Et nous ne regagnerons que si ces deux droites savent s’écouter, se parler et se comprendre » assure-t-elle en récoltant de nouveaux sifflets. « Pardon les amis, mais les sifflets, on a déjà beaucoup donné cette année, ça nous a menés nulle part et je pense qu’il faudrait qu’on arrête » répond-t-elle. Après une nouvelle intervention de Laurent Wauquiez, le conseil national adopte « Libres ! » comme mouvement associé à LR ».

« Il faut réapprendre à se respecter les uns les autres » demande Valérie Pécresse

LR: "Les choses sont extrêmement tendues" juge Valérie Pécresse
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Au micro de Public Sénat, la présidente de région est plus précise sur son sentiment. « Les choses sont extrêmement tendues ». « Il faut réapprendre à se respecter les uns les autres, à se parler, à s’entendre, à se considérer tout simplement ». Maël de Calan est plus sévère encore. « C’est le témoignage d’un parti qui est en train de se refermer (…) quand vous avez à la tête du parti des gens qui chauffent à blanc, qui qualifient de traîtres tous ceux qui ne pensent pas exactement comme eux, il ne faut pas s’étonner ensuite de ce type de réactions. C’est extrêmement préjudiciable. »

Les cailloux dans la chaussure de Gérard Larcher

Figure d’une droite qui a gagné en 2017, le président du Sénat, Gérard Larcher est chargé de chauffer la salle avant Laurent Wauquiez. Il insiste sur les deux cailloux qu’il a dans sa chaussure. « Le premier caillou, c’est le sentiment qu’il y a une France à côté ». « Mon second caillou, c’est l’état de défiance qui s’est installé entre le pouvoir et les citoyens ». Il en profite pour rappeler ses « réserves » sur la révision constitutionnelle.  « Si c’est une révision pour mieux faire la loi, la faire mieux comprendre à nos concitoyens. Une révision pour renouer ce lien citoyens élus. Une révision pour mieux contrôler le gouvernement, mieux faire fonctionner certaines institutions, alors, oui, par-delà les clivages partisans, nous pourrions en être ». 

« Le temps des écuries est révolu »

Conseil National LR: Gérard Larcher évoque "la France d'à côté"
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À la tribune, Laurent Wauquiez a livré la synthèse fastidieuse qu’il souhaite voir opérer au sein du parti. « Le temps des écuries est révolu ». « « Je veillerai à ce vous ayez la parole et pas seulement pour réagir mais pour proposer.  Ce débat se fera dans le respect de chacune des sensibilités. Je veux que Virginie Calmels, Guillaume Peltier, Damien Abad, Valérie Pécresse, Éric Ciotti puissent exprimer leurs idées en toute liberté. Mais en revanche, je ne laisserai plus les petites chapelles et les querelles d’égos affaiblir notre famille politique ».

Pour sa part, le président de LR promet qu’il ne « changerait pas » et n’a « aucune intention de changer ». « Je pense tout ce que je dis et je suis convaincu que si on veut redresser le pays, la droite doit aller au bout de ses idées ». Après une heure de discours, il a accompli, au moins par les mots, cette promesse, en réclamant la sortie des 35h, l’uniformisation des régimes de retraite ou une France souveraine dans une Europe qui change, en dénonçant une immigration trop massive et une insécurité chronique (voir notre article). Et bien sûr, en attaquant le chef de l’État, qu’il s’attache à appeler M. Macron, comme Nicolas Sarkozy appelait naguère François Hollande, M. Hollande.

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