SNCF: Philippe reprend la main, les syndicats restent sur leur faim

SNCF: Philippe reprend la main, les syndicats restent sur leur faim

Pas d'annonce susceptible de stopper immédiatement la mobilisation : Édouard Philippe a repris la main lundi dans le conflit à la SNCF en...
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Par Jérémy MAROT, Elisabeth ROLLAND

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Pas d'annonce susceptible de stopper immédiatement la mobilisation : Édouard Philippe a repris la main lundi dans le conflit à la SNCF en recevant les syndicats de cheminots, qui sont pour la plupart ressortis de Matignon frustrés et déterminés à poursuivre la grève.

Pour la première fois depuis le début du conflit, le Premier ministre a reçu tour à tour des délégations Unsa, CGT, CFDT, SUD-Solidaires et FO, accompagnées de leurs responsables confédéraux.

S'exprimant devant la presse à l'issue de ces réunions, M. Philippe a prévenu que la réforme ferroviaire "ne changera pas fondamentalement", mais concédé que ce texte "peut être encore finalisé". Il souhaite revoir les syndicats les "24 ou 25 mai", avant l'examen de la réforme au Sénat en séance publique.

Pour la CGT-Cheminots, 1er syndicat de la SNCF, "la grève continue", a lancé Laurent Brun. "On ressort motivés pour continuer, puisque le Premier ministre n'a pas dit autre chose que ce qu'il avait dit avant qu'on rentre", a résumé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

"Toutes les réponses qui nous sont soumises ne sont pas de nature à arrêter la grève", a renchéri le porte-parole de SUD-Rail (3e), Erik Meyer, tenté de croire que "le gouvernement joue le pourrissement" du conflit. Pascal Pavageau (FO) a accusé de son côté le gouvernement de "déprotéger les cheminots".

Pour Roger Dillenseger, de l'Unsa ferroviaire (2e), "les 15 jours à venir vont être primordiaux". Il a ajouté que l'intersyndicale, qui se réunit mercredi, "prendra une décision collectivement" concernant la suite de la mobilisation.

Quant à la CFDT (4e), elle va poursuivre la grève, mais a vu un Premier ministre "prêt à ouvrir des discussions", notamment sur le nouveau cadre social des cheminots.

L'intersyndicale décidera "si on maintient" la journée "sans cheminots", le 14 mai ou plus tard, a dit Didier Aubert. La CGT, par la voix de son secrétaire général Philippe Martinez, a fait part de son intention de maintenir cette journée.

Les syndicats doivent aussi décider s'ils se rendent à l'invitation de la ministre des Transports Elisabeth Borne, qui recevra vendredi "les organisations syndicales qui le souhaitent". Laurent Brun (CGT cheminots) a dénoncé sur franceinfo "une tentative assez médiocre de briser l'unité syndicale" et indiqué que son syndicats n'irait que si "c'est le Premier ministre qui pilote cette rencontre".

"Il y a une main tendue, et elle a été partiellement saisie", s'est réjoui le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, interrogé par l'AFP, citant l'Unsa et la CFDT et estimant que "le dialogue peut reprendre".

- Davantage d'investissements -

Lundi, le Premier ministre a également déclaré qu'il fallait "aller plus loin sur l'investissement" pour rénover le réseau ferré national et notamment améliorer "la qualité de service et la régularité des trains".

Sur la dette de la SNCF, il a réaffirmé que l'Etat la reprendrait "progressivement à partir de 2020" et a fixé comme objectif que le groupe public soit "à l'équilibre économique" en 2022. Cette reprise de dette sera "clairement identifiée dans les comptes publics" et soumise au vote du Parlement. Et la future SNCF réformée aura "des règles strictes" en matière d'endettement, "une +règle d'or+" lui interdisant "un endettement excessif".

Lundi, M. Philippe et Mme Borne ont aussi reçu le patronat du rail (UTP), dont le président Thierry Mallet s'est engagé à "relancer la mécanique" pour négocier la future convention collective du secteur ferroviaire. Ils ont également rencontré les représentants du secteur du fret (AUTF) et ceux des usagers (Fnaut), qui ont fait part de leur soutien à la réforme, ainsi que le président de l'association des régions de France, Hervé Morin, qui a "rappelé l'attachement" des régions à l'ouverture à la concurrence dès 2019.

Parallèlement, la huitième séquence de grève à la SNCF a débuté lundi à 20H00. La direction prévoit pour mardi trois TGV sur cinq, trois Intercités sur dix, un TER sur deux et sept Transilien sur dix.

- Action des cheminots dans des gares -

Des employés de la SNCF rassemblés devant l'Ecole
Des employés de la SNCF rassemblés devant l'Ecole" militaire à Paris, le 3 mai 2018, à l'appel des syndicats de cheminots
AFP/Archives

À l'appel de SUD-Rail, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées lundi matin à proximité de Matignon avant de faire irruption dans plusieurs gares de la capitale et d'en être repoussés par des CRS.

Le conflit semble donc pour l'heure dans une impasse, comme celui à Air France, confrontée lundi à sa quatorzième journée de grève pour les salaires depuis février, avant une quinzième mardi.

Si le trafic d'Air France s'améliore, avec près de 85% des vols maintenus lundi et environ 80% prévus mardi, l'avenir reste incertain.

La direction appelle à suspendre la grève, soulignant qu'aucune négociation ne peut s'"engager" alors qu'elle s'active pour trouver un successeur à Jean-Marc Janaillac, le président d'Air France démissionnaire depuis vendredi, après le rejet par les salariés de son projet de sortie de crise.

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