Sondage : pas d’état de grâce pour Emmanuel Macron et son gouvernement, bien moins populaires qu’en 2017

Sondage : pas d’état de grâce pour Emmanuel Macron et son gouvernement, bien moins populaires qu’en 2017

Le nouvel exécutif ne bénéficie pas d’une cote d’adhésion très élevée, selon le dernier pointage du baromètre politique Odoxa, Mascaret pour Public Sénat, LCP et la presse régionale. La cote de popularité d’Emmanuel Macron accuse un recul de 14 points par rapport à son niveau de 2017, à la même période.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Serait-ce la conséquence d’une campagne présidentielle éclair ? L’alchimie entre Emmanuel Macron et la majorité des Français est en berne, et le chef de l’Etat, fraîchement réélu, ne semble pas devoir bénéficier de l’effet d’entraînement qui suit généralement une victoire à l’élection présidentielle. Sa cote de popularité se situe bien en dessous des 50 %, avec seulement 44 % des Français interrogés qui estiment qu’il est un bon président de la République, selon le baromètre politique réalisé par Odoxa, Mascaret* pour Public Sénat, LCP et la presse régionale. À titre de comparaison, Emmanuel Macron enregistrait à son entrée à l’Elysée en 2017, 58 % d’opinions positives.

Sans surprise, l’immense majorité des soutiens du chef de l’Etat se trouvent chez les électeurs de Renaissance (ex-LREM) - 95 % pensent qu’il est un bon président -, mais aussi, dans une moindre mesure, du côté des sympathisants socialistes (55 %) et LR (52 %). Inversement, aux deux extrêmes de l’échiquier politique, le président de la République enregistre des records d’impopularité ; 87 % des électeurs du Rassemblement national et 90 % des électeurs de Reconquête !, le parti d’Éric Zemmour, pensent qu’il n’est pas un bon président. Ils sont 70 % à partager cette opinion au sein de La France insoumise.

popularite_macron.jpg
popularite_macron_selon_les_partis_pol.jpg

L’engouement autour de la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon n’est guère plus prononcé. Seuls 43 % des Français considèrent qu’elle est une bonne Première ministre. Certes, elle gagne 8 points par rapport à Jean Castex dans le dernier baromètre, mais sa cote de popularité reste tout de même bien en deçà de celle d’Edouard Philippe à la même période il y a cinq ans (55 %). Ancienne collaboratrice de Lionel Jospin, Élisabeth Borne paye peut-être auprès des sympathisants de gauche son bilan aux Transports et au Travail, où elle a piloté deux des réformes les plus dures du précédent quinquennat, celle de la SNCF et celle de l’Assurance chômage. Ainsi, seuls 48 % des sympathisants socialistes la considèrent comme une bonne ministre, quand ils sont 52 % chez Les Républicains.

popularite_borne.jpg
popularite_borne_selon_les_partis.jpg

» Lire notre article - Sondage : les Français indifférents à la nomination d’Élisabeth Borne

Damien Abad, ministre le moins populaire

Au sein du gouvernement, seule une petite poignée de ministres reconduits se classent dans le top 10 des personnalités politiques qui suscitent le plus de sympathie chez les Français : Olivier Véran (33 % d’opinions favorables) qui est passé de la Santé aux Relations avec le Parlement ; Bruno Le Maire (32 %) qui a conservé son siège à Bercy ; et enfin Gabriel Attal, ancien porte-parole promu ministre délégué au Budget (27 %). « Cruel constat pour Emmanuel Macron, ses deux anciens Premiers ministres sont les personnalités politiques les plus populaires dans notre première cote d’adhésion depuis l’élection présidentielle », note Emile Leclerc, directeur d’étude chez Odoxa, dans le communiqué qui accompagne ce baromètre. Edouard Philippe et Jean Castex enregistrent respectivement 47 et 40 % d’adhésion.

Dans les profondeurs du classement : le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, à la 27e et dernière place. Accusé de viols, le transfuge LR enregistre seulement 8 % d’adhésion pour 39 % de rejet.

palmares_adhesion.jpg

Malgré un net recul, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen restent les deux principaux leaders d’opposition

Symptôme de la polarisation de la vie politique française en direction des extrêmes, Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, et Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de La France insoumise, sont les deux personnalités d’opposition qui se haussent le plus haut dans la liste des politiques qui apparaissent comme les plus sympathiques aux yeux des Français : 40 % d’adhésion pour la fille de Jean-Marie Le Pen (2e place) contre 29 % pour l’ancien sénateur de l’Essonne (6e place).

Mais Jean-Luc Mélenchon perd six points par rapport au précédent pointage. Ce recul est également perceptible chez les électeurs de gauche et d’extrême gauche (60 %). Il fait aussi partie des personnalités les plus rejetées (47 % d’opinions défavorables, 4e place), juste devant… Marine Le Pen (45 %). L’ancienne présidente du RN marque également le pas : sa cote d’adhésion recule de 5 points (75 %) chez les sympathisants de droite et d’extrême droite.

Éric Zemmour caracole en tête des personnalités les plus rejetées (62 %). Il est suivi par Anne Hidalgo (50 %) et Valérie Pécresse (49 %).

palmares_rejet.jpg

Vers une abstention record aux législatives ?

À un peu moins de deux semaines du premier tour des législatives, ce sondage montre également le peu d’intérêt des Français pour ce scrutin, parfois présenté comme le « troisième tour » de l’élection présidentielle. Ils ne sont que 61 % à se dire certains d’aller voter le dimanche 12 juin, soit 11 % de moins qu’en 2017. 58 % des Français inscrits sur les listes électorales n’excluent pas de s’abstenir. Sur la base de ces déclarations, Odoxa estime que la participation pourrait ne pas dépasser les 47 %, un plus bas historique pour des législatives sous la Ve République, mais qui s’inscrit également dans la lente érosion de la participation à ce scrutin depuis 1993.

evolution_de_labstention_aux_legislatives.jpg

Parmi les catégories les plus abstentionnistes : les jeunes de 18 à 34 ans et les foyers les plus modestes. Il s’agit d'« un handicap pour Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui surperforment dans ces électorats », relève Emile Leclerc. Néanmoins, « l’alliance de la gauche sous la bannière NUPES semble mobiliser un peu plus que ce que nous constations en termes de mobilisation à gauche en amont de la présidentielle et surtout en amont des législatives de 2017 : un électeur de gauche sur deux, compte participer à ces élections législatives ».

*Méthodologie : Enquête réalisée par Internet les 24 et 25 mai 2022, auprès d’un échantillon de 1 005 Français représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.

Chaque sondage présente une incertitude statistique que l’on appelle marge d’erreur. Cette marge d’erreur signifie que le résultat d’un sondage se situe, avec un niveau de confiance de 95 %, de part et d’autre de la valeur observée. La marge d’erreur dépend de la taille de l’échantillon ainsi que du pourcentage observé. Ainsi, dans un échantillon de 1 000 personnes, la marge d’erreur se situe, selon le score, entre 1,4 et 3,1 points.

 

Dans la même thématique

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le

Sondage : pas d’état de grâce pour Emmanuel Macron et son gouvernement, bien moins populaires qu’en 2017
2min

Politique

Départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel : « Dans un monde normal, celle qui aurait dû partir, c’est l’élève », dénonce Bruno Retailleau

Menacé de mort après une altercation avec une élève à qui il avait demandé de retirer son voile, le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel a quitté ses fonctions. Une situation inacceptable pour le président des Républicains au Sénat, qui demande à la ministre de l’Éducation nationale d’« appliquer la loi jusqu’au bout ».

Le