Syndicats, patronat, gouvernement : revivez les débats au Sénat

Syndicats, patronat, gouvernement : revivez les débats au Sénat

Discours d’Édouard Philippe, table ronde entre les principaux responsables syndicaux et le patronat : Public Sénat vous a fait vivre le colloque « le modèle social français, la grande bascule ? » organisé pour les 50 ans de l’Ajis, l’Association des journalistes de l’information sociale.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

12 min

Publié le

Mis à jour le

Public Sénat vous a fait vivre le colloque « le modèle social français, la grande bascule ? » organisé au Palais du Luxembourg pour les 50 ans de l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). Retrouvez les meilleurs moments, notamment le débat avec François Asselin (CPME) Laurent Berger (CFDT), Pierre Gattaz (président du Medef), François Hommeril (CFE- CGC) Philippe Louis (CFTC), Alain Griset (U2P), Philippe Martinez (CGT) et Pascal Pavageau (FO).

Pascal Pavageau (FO) raille « le  pin’s » de Pierre Gattaz...

Pascal Pavageau, secrétaire confédéral de Force Ouvrière et probable successeur de Jean-Claude Mailly l’année prochaine, n’a pas oublié le coup du Pin’s de Pierre Gattaz, lorsque le président du Medef avait promis que le CICE, voté sous François Hollande, permettrait la création d’un million d’euros. Il lui a rappelé, entrainant un échange pour le moins drôle.

Pascal Pavageau (FO) raille « le pin’s » de Pierre Gattaz
01:26

« Il y a 100 milliards d’aides publiques aux entreprises chaque année, 67 milliards de CICE distribués depuis 2013, avec un problème : pour le coup, les entreprises sont doublement "gagnant-gagnant" puisqu’il y a l’aide et il n’y a pas de conditionnalité. Résultat des courses, on a des dividendes records. Par contre, pour les salariés, toujours autant de modération salariale et moins de droits. Pas d’investissement ou très peu d’investissement. Et en matière d’emplois… rien, à l’exception d’un pin’s ! Strictement rien » lance Pascal Pavageau, déclenchant l’hilarité de la salle et des autres représentants syndicaux et de Pierre Gattaz lui-même. « Il l’a enlevé » glisse Philippe Martinez, leader de la CGT.

Le président du Medef intervient : « 700.000 emplois créés depuis 2013, 300.000 emplois créés depuis 12 mois ». Le responsable de FO : « D’habitude, ce sont les syndicats qui coupent le patron… Là, j’ai déjà pas beaucoup de temps de parole… alors hein ! » Gattaz, avec le sourire : « Je corrige juste les incorrections, si vous permettez ! » Pascal Pavageau : « Vous noterez tous que le Medef a coupé FO ». « Moi je vois que les partenaires sociaux, c’est une joyeuse bande » s’amuse Olivier Samain, journaliste d’Europe 1 qui anime le débat. « Ouais, ça se discute aussi » réplique le responsable de FO, décidemment en forme.

François Asselin évoque l’importance de « la quête de sens » de l’entreprise

François Asselin évoque l’importance de « la quête de sens » de l’entreprise
01:31

« Bien souvent, l’image qu’on a du syndicalisme, c’est une image de rapport de forces. Il existe. Il peut exister. Mais au sein de l’entreprise, ce n’est pas que ça » a constaté François Asselin, président de la CPME. François Asselin a ensuite insisté sur « l’importance de la quête de sens » comme moteur principal des jeunes, selon lui, lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail. « Quand ils frappent à la porte des entreprises, (ce qui compte) ce n’est pas tellement de savoir s’ils vont bosser 35 ou 39 heures, ce n’est pas tellement de savoir combien de jours de vacances ils vont avoir, c’est : quel est le projet professionnel que je peux porter au sein de cette organisation ? » a-t-il résumé.

Laurent Berger ne croit pas au « donnant-donnant » et veut « des négociations à égalité »

Le secrétaire général de la CFDT a critiqué les accords « donnant-donnant » et « gagnant-gagnant » : « Je crois, non pas au donnant-donnant, ni au gagnant-gagnant, mais à des vraies négociations à égalité et à des compromis qui font progresser chacun. »

Laurent Berger ne croit pas au « donnant-donnant » et veut « des négociations à égalité »
01:47

Laurent Berger réclame un « dialogue à égalité » dans les entreprises et des « pouvoirs » pour les représentants des salariés dans les instances de décisions. Pour lui, les ordonnances auraient dû réorganiser « le partage des pouvoirs » au sein des entreprises :

« Il y a une occasion manquée sur le partage du pouvoir dans l’entreprise […] Je crois que si on ne redéfinit pas comme l’on fait certains pays – même les Américains, qui ne sont pas des affreux socialistes ou communistes – ce qu’est la finalité de l’entreprise, comment s’exercent les relations au sein de l’entreprise et comment on rééquilibre et partage des pouvoirs, je pense qu’on va avoir pendant longtemps des discours un peu convenus. »

Philippe Martinez : « Si quelqu’un pouvait m’envoyer une photo parce que je crois que c’est collector... »

Philippe Martinez sur la même estrade que le patron du Medef, Pierre Gattaz, mais aussi Laurent Berger (CFDT), Pascal Pavageau (FO), Philippe Louis (CFTC), François Asselin (CPME), François Hommeril (CFE- CGC) et Alain Griset (U2P), bref, l’ensemble des syndicats et des organisations patronales du pays. L’image est pour le moins rare. Pour ne pas dire exceptionnelle. Un tableau qui amuse Philippe Martinez : « J’ai vu que vous avez pris pleins de photos, si quelqu’un pouvait m’en envoyer une, parce que je crois que c’est collector... »

Philippe Martinez : « Si quelqu’un pouvait m’envoyer une photo parce que je crois que c’est collector... »
01:18

Le leader de la CGT a rappelé sa ferme opposition aux ordonnances. « Il faut respecter une hiérarchie (des normes). Car si on inverse cette hiérarchie, la loi ne sert plus à rien car chacun, notamment les patrons des grands groupes multinationaux, peuvent adapter non pas leurs salariés à des besoins économiques, mais à la concurrence internationale, qui en matière de règles est quand même très très minime. (..) C’est pour ça qu’on est attaché à la loi, qui garantit un minimum de droits à tous les salariés, quelle que soit l’entreprise où il travaille » explique Philippe Martinez.

Ordonnances : « Une  bonne première étape » selon Pierre Gattaz

Ordonnances : « Une bonne première étape » selon Pierre Gattaz
01:54

Pierre Gattaz a qualifié les ordonnances réformant le code du travail de « bonne première étape » même si selon lui : « il y a plein de choses qui ne vont pas ». Toutefois dans sa première allocution, le président du MEDEF a livré ses espérances en matière de dialogue social pour les années à venir. « Il faut qu’on partage beaucoup plus les grandes mutations du monde » a-t-il enjoint évoquant le numérique et l’intelligence artificielle. « La formation me paraît un axe fondamental de discussion entre partenaires sociaux » (…) Les métiers, la formation et bien sûr derrière la protection sociale parce que tout cela va bouger » a-t-il estimé. 

Muriel Pénicaud n’est pas inquiète par les manifestations contre les ordonnances

Ordonnances sur le Code du Travail : "les Français ont demandé une rénovation de notre modèle social" Muriel Pénicaud
01:01

« Je ne crains jamais le débat, je pense que le débat est utile à la démocratie et que les expressions parfois convergentes, parfois divergentes font partie de notre progression collective  », a déclaré la ministre du Travail. « Ce qui est important, c’est de bien mettre les ordonnances dans le contexte d’une rénovation du modèle social qui a été demandée par les Français à travers la présidentielle », selon Muriel Pénicaud.

Réforme du code du travail: Martinez fustige « la rengaine » de l’exécutif

réforme du code du travail: "c'est faux de dire qu'on avait tout annoncé durant la campagne" (Philippe Martinez)
01:14

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez a « bien écouté le discours » d’Édouard Philippe. Pour lui, l’un des principaux arguments de l’exécutif qui consiste à rappeler que la réforme du Code du travail était annoncée dans le programme d’Emmanuel Macron est « une rengaine ».

« On n’avait pas tout annoncé avant les élections. Beaucoup de choses sont entrées dans les ordonnances dont on avait parlé nulle part, même pas en concertation d’ailleurs. Je pense aux ruptures (du contrat de travail) collectives  » conteste-il.

« C’est faux de dire aussi que ceux qui se sont exprimés aux élections, d’ailleurs il ne parle jamais de ceux qui ne se sont pas exprimés, ont adhéré à 100% à un programme présidentiel ou à ceux des candidats aux législatives » ajoute-il.

48 heures après la première manifestation contre les ordonnances réformant le Code du travail, Philippe Martinez confirme qu’il ne se rendra pas à la mobilisation organisée par La France insoumise du 23 septembre. « C’est une manifestation organisée par un mouvement politique et vous savez comme la CGT tient à son indépendance. Les citoyens, évidemment font ce qu’ils voudront, mais en tant qu’organisation syndicale nous ne serons pas présents ».Une nouvelle mobilisation se tiendra le 21 septembre à l’appel de la CGT.

Laurent Berger (CFDT) juge la réforme du Code du travail « beaucoup trop classique »

Laurent Berger (CFDT) juge la réforme du Code du travail « trop classique »
02:04

Interrogé sur Public Sénat peu avant le début de la table ronde entre les partenaires sociaux, le secrétaire général de la CFDT a livré son opinion sur la philosophie de la réforme du travail engagée dans les ordonnances. Il juge la réforme « trop classique » et plaide pour une rénovation « profonde » du modèle social dans l’entreprise :

« Moi je crois que le modèle social, les relations sociales méritent d’être profondément rénovées, je pense qu’il  faut reconsidérer ce qu’est l’entreprise aujourd’hui dans notre pays et le fait que ce soit une forme de propriété sociale et que ça ne soit pas que l’appartenance du chef d’entreprise.
Ce n’est pas parti de là : c’est ça ce que je regrette aujourd’hui. Au contraire, je trouve cette réforme très – trop même – beaucoup trop classique. »

Laurent Berger est aussi revenu sur les propos polémiques d’Emmanuel Macron, qui avait beaucoup critiqué « toutes celles et ceux qui pensent qu'on ne doit pas bouger en Europe et en France » :

« Dire que rien n’a bougé depuis 30 ans, c’est un peu insultant pour toute une génération d’acteurs qu’ils soient patronaux, politique, syndicaux, mais c’est en plus totalement faux. »

Édouard Philippe : « J’entends tout le monde »

Edouard Philippe : « J’entends tout le monde »
03:31

Edouard Philippe a répondu après son discours au micro de Public Sénat. « J’entends tout le monde. Le premier ministre a vocation à écouter, entendre, expliquer et assumer des décisions », « c’est ce que nous avons fait dans ce débat important sur les ordonnances » affirme le premier ministre. « Déterminé à agir », il affirme, en s’adressant à Jean-Luc Mélenchon, que « la démocratie parlementaire c’est aussi le fait d’accepter la majorité parlementaire ».

Édouard Philippe vise « une adoption définitive à l’été » de la réforme de l’assurance chômage

Edouard Philippe ouvre les chantiers de l’assurance chômage
01:38

En ouverture de l'événement, Édouard Philippe a fait le service après-vente des ordonnances réformant le Code du travail, deux jours après une journée de manifestations partout dans le pays. Il a aussi fixé les prochains objectifs. Comme si la contestation contre la nouvelle loi travail n’existait pas. Avec les ordonnances, il s’agit d’« arrêter ce qui ne marche plus du tout en conservant le noyau dur de notre modèle social », explique-t-il, « transformer pour libérer. Je dis bien libérer, je ne dis pas libéraliser, ce qui pourrait paraître comme un gros mot en France ».

« Une deuxième phase de transformation va maintenant s’ouvrir »

Alors que de nouvelles manifestations sont prévues, Édouard Philippe semble vouloir déjà tourner la page. Il affirme qu’« une deuxième phase de transformation va maintenant s’ouvrir » avec la réforme de l’assurance chômage et celle de la formation. Pour la réforme de l’assurance chômage, il s’agit « d’étendre le bénéfice de l’assurance chômage aux indépendants et aux salariés démissionnaires une fois tous les 5 ans » a rappelé le premier ministre. Une promesse du candidat Macron. « Nous aurons certainement à discuter avec les partenaires sociaux de la gouvernance de l’assurance chômage » ajoute Édouard Philippe. Il a rappelé le calendrier : « Nous avons fixé un délai de 6 mois pour penser, discuter avec les organisations » puis « présenter au printemps un projet de loi aux parlementaires, en vu d’une adoption définitive à l’été ».

L’autre réforme importante que veut mener l’exécutif concerne la formation. « Nous allons travailler à la refonte en profondeur de notre système de formation professionnelle », « nous allons le faire avec les régions, les professionnels de l’enseignement, les entreprises » explique-t-il. « L’autre chantier est celui de l’apprentissage », ajoute Édouard Philippe, « une voie royale pour l’insertion (…) dont nous avons perdu le chemin ».

Le gouvernement veut multiplier et enchaîner les chantiers puisqu’une réforme des retraites, notamment des régimes spéciaux, se profile aussi. « Il faut faire en sorte qu’un euro cotisé ouvre des droits identiques pour tous. On ne démarre pas d’une page blanche. Il y a une histoire, elle a sa légitimité (…) mais ça ne nous empêche pas de construire l’avenir », « dans un sens qui va vers une plus grande équité ».

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le