Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a dénoncé vendredi "le cynisme glacial" de François Fillon sur la Syrie, et lui a reproché de méconnaître la réalité du dossier.
"M. Fillon a dit que l'indignation n'avait jamais sauvé une vie. Je suis désolé. C'est l'indifférence qui tue", a lancé M. Ayrault sur RTL, alors que la ville d'Alep a été quasiment reconquise par le régime syrien après un mois d'une offensive meurtrière et dévastatrice.
"Je ne comprends pas François Fillon. Il montre un cynisme glacial alors qu'aujourd' hui il faut un peu de générosité", a poursuivi le ministre.
François Fillon, qui a dénoncé jeudi "l'échec de la diplomatie occidentale en Syrie", a réclamé une initiative européenne pour réunir autour de la table des négociations tous les protagonistes, "y compris ceux qui commettent des crimes".
Francois Fillon quitte une cérémonie d'hommage le 11 décembre 2016 à Sablé-sur-Sarthe
AFP/Archives
"M. Fillon découvre la réalité du dossier ou quoi ?", a rétorqué M. Ayrault. "Je ne comprends pas ce qu'il dit", a-t-il ajouté, rappelant que les diplomaties occidentales discutaient avec les alliés russes et iranien du régime de Damas , et qu'elles avaient tenté de faire négocier les belligérants, opposition et représentants du régime de Bachar al-Assad.
Des négociations intersyriennes ont eu lieu à Genève en 2014 et 2016, mais elles ont toutes échoué.
"Quand on veut faire la paix, on négocie avec les belligérants", a répété M. Ayrault, appelant encore une fois à une reprise des négociations. Mais, a-t-il ajouté, "si vous imaginez qu'à la fin (du processus politique) c'est Bachar al-Assad qui continuera à diriger la Syrie, vous faites fausse route".
François Fillon, qui professe son "grand respect pour la Russie" et entretient de bonnes relations avec Vladimir Poutine, n'a de cesse de réclamer un dialogue avec Moscou, et a estimé jeudi à Bruxelles que l'Europe doit avoir une stratégie de long terme avec la Russie et pas seulement agir avec des émotions et des réactions".
L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.
59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.
Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.
Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.