Taubira parle avec les équipes de Jadot… et détaille son programme en matière d’écologie

Taubira parle avec les équipes de Jadot… et détaille son programme en matière d’écologie

Christiane Taubira assume de continuer de parler aux « autres candidats » de gauche. Alors qu’une « réunion informelle » a eu lieu entre ses équipes et celles de l’écologiste Yannick Jadot, son entourage minimise et assure qu’« il n’y a pas de négociation ». La candidate a présenté ses nombreuses mesures sur « la transition écologique et solidaire ».
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On croyait la possibilité d’une union à gauche enterrée. Elle semble vivoter encore. Les équipes de Christiane Taubira et de Yannick Jadot se sont vues dimanche soir, lors d’une rencontre organisée par le maire de Romainville, comme l’ont révélé Politico et Le Monde. Selon le quotidien, l’équipe du candidat écologiste n’est pas venue les mains vides. Si un retrait de Yannick Jadot est exclu, elle propose à Christiane Taubira le poste de présidente d’une assemblée constituante ou celui de présidente de l’Assemblée nationale.

« Oui, effectivement, il y a des rencontres »

C’est avec cette nouvelle que s’est tenue, ce mardi midi, une conférence de presse de l’ancienne ministre de la Justice consacrée à la suite de sa campagne et à ses mesures sur… « la transition écologique et solidaire ». Mais Christiane Taubira n’a pas échappé à la question. Elle confirme bien cette « réunion informelle », mais en minimise la portée. « Oui, effectivement, il y a des rencontres. Je ne l’ai jamais caché. J’ai dit que j’allais prendre contact avec les autres candidats », « je parle à tout le monde, je vais continuer à parler » (voir la première vidéo, images de Gaspard Flamand). Et si les partis disent non, « le rassemblement à gauche est très fortement demandé par les militants ». Or « c’est la condition d’accès au second tour », dit-elle. « Ma présence rend possible le fait de se parler. Je crée et je continuerai à créer les conditions pour que nous puissions nous parler », pense-t-elle, avant de lancer :

Je dis à Anne Hidalgo, à Yannick Jadot, à Fabien Roussel, retrouvons-nous, parlons-nous, sans condition.

Et Jean-Luc Mélenchon, qu’elle ne cite pas ? « Je peux l’appeler aussi », mais « il a redit très clairement que c’était hors de question pour lui de réfléchir au moindre rassemblement », que Christiane Taubira veut « sans tabou, sans condition, sans réserve ». Mais si le leader de LFI veut la voir, il sera reçu « cordialement, et amitié même ».

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Mais serait-elle prête à retirer sa candidature pour l’union ? Là, Christiane Taubira se fait moins claire. Si elle « vien (t) sans condition », répète-t-elle, sa « candidature est le fruit d’un rassemblement démocratique », qui lui donne « une légitimité ». Et les autres candidatures n’ont pas ce « socle démocratique ». Elle ajoute : « Ce mandat de rassemblement, je continue à le faire vivre ».

« Elle n’a pas évoqué l’idée de se retirer »

Dans son entourage, on assure qu’« il n’y a pas de négociation. Ce sont des discussions », dit Christian Paul, ancien député PS, pour qui « la gauche, c’est une grande tribu où les membres se croisent depuis longtemps ». Il l’assure : « Elle n’a pas évoqué l’idée de se retirer. Elle dit qu’avec son parcours, elle a la capacité à s’adresser à tout le monde ».

« On se parle. Moi je parle à Olivier Faure (premier secrétaire du PS, ndlr) régulièrement, comme j’ai parlé à Anne Hidalgo il y a peu. Ce n’est pas un événement », temporise aussi Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche (PRG), soutien de la candidate. « On n’avait pas de mandat de négociation. Ça n’a jamais été évoqué comme tel », confirme par ailleurs le patron du PRG, qui était présent à la réunion secrète. Qui, pour le coup, ne l’est pas restée longtemps. D’après le responsable du PRG, ce sont les équipes du candidat écolo qui ont fait fuiter l’information. Quand les équipes Jadot ont avancé l’idée d’un retrait de Christiane Taubira, « on a souri », se contente Guillaume Lacroix. Poliment ? « Les discussions qui commencent par « notre candidat ne se retirera pas », dont acte. Ils appellent ça une réunion de négociation… » raille le patron du Parti radical de gauche, qui constate néanmoins que « les Verts ont très envie de Christiane Taubira ».

Rénovation thermique obligatoire, chèque alimentaire de 150 euros

Une Christiane Taubira qui, ça tombe bien, a déroulé ses mesures pour l’écologie ce mardi. Après avoir rappelé le constat du réchauffement climatique et son impact, en premier lieu, pour les plus défavorisés – « ces bouleversements marquent des lignes d’inégalités très fortes » – la candidate a présenté une série de mesures. Une longue liste à la Prévert où elle n’est pas forcément la plus à son aise. « Ce fut long, ce n’est pas très excitant comme exercice », reconnaît elle-même la candidate, plus adepte des grandes diatribes. Mais c’est un passage obligé.

Christiane Taubira entend créer « un million d’emplois » liés à la transition écologique (voir la vidéo ci-dessus), rendre « obligatoire la rénovation thermique », avec des mesures d’« accompagnement pour les plus modestes » via une contribution publique de 80 % et des prêts à taux zéro pour les 20 % restants. Elle prévoit un « chèque alimentaire » de 150 euros pour aider les plus pauvres à mieux manger, une « TVA à taux zéro sur les produits bio », même si « le sujet est européen ».

Taxe sur les SUV, interdiction progressive de l’élevage industriel

Autres mesures : un fonds vélo de 150 millions d’euros par an, la relance du TER, une hausse des taxes sur les voitures les plus polluantes comme les SUV, l’interdiction des véhicules thermiques « d’ici 2030 », une « taxation progressive » sur la consommation d’eau, de gaz et d’électricité, pour éviter le gaspillage, une « taxe sur les produits azotés », l’inscription dans le Code pénal du crime d’écocide, l’interdiction de la chasse à courre et « l’interdiction progressive de l’élevage industriel ».

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Vous en voulez encore ? En matière d’économie, elle veut le conditionnement des aides du CICE, un « Etat stratège » qui relocalise, une taxe de 4 % sur les dividendes des entreprises au-delà de 10 millions d’euros ou une taxe sur les transactions financières de 0,1 %, qui rapporterait « 50 milliards d’euros » par an à l’Union européenne et « 10 milliards », rien qu’à la France.

Après le catalogue de mesures, la candidate reprend ses accents de tribun et son verbe fort

Un catalogue de mesures, dans lequel un certain Yannick Jadot pourrait se retrouver. L’union, on y revient. Une union d’autant plus nécessaire, souligne Christiane Taubira, « pour les 4 millions de personnes qui ont basculé dans la pauvreté ». Elle ne compte pas sur le « Président, qui parle de pognon de dingue, quand il s’agit de lutter contre la pauvreté », pour changer les choses (voir la première vidéo). La candidate reprend alors ses accents de tribun et son verbe fort. Elle respire.

Ce registre lui est familier. Moins les détails programmatiques. Elle l’a pourtant appris, à ses dépens, la semaine dernière, faisant preuve d’un certain flou devant la Fondation Abbé Pierre.

Interrogée sur la définition d’un élevage industriel, qu’elle veut interdire, elle s’énerve. Elle n’a pas de seuil de « têtes » de bétail à donner. « Je suis candidate à l’élection présidentielle » et non pour être « secrétaire d’Etat ou chef de service »… « A (son) niveau de responsabilité », elle ne répond pas à « ce niveau de détail ». Et de rappeler qu’elle a « exercé le pouvoir » et connaît « l’appareil d’Etat ». Manière de répondre au procès qui pourrait lui être fait sur son impréparation. Mais l’ensemble de propositions présenté ce jour vise justement à répondre aux attaques sur l’absence de programme. Il ne faudra pas non plus s’attendre à « un catalogue de 500 mesures », précise son équipe. Juste ce qu’il faut pour ne pas se limiter aux grandes envolées.

Campagne menée « avec de la joie » et « un peu magique »

Reste un petit détail : les 500 parrainages, nécessaires pour se présenter. « Est-ce que mon sourire vous rassure ? » lance Christiane Taubira en guise de réponse. Guillaume Lacroix pourra apporter sans sa corbeille un certain nombre de paraphes. « J’ai une remontée de 170 parrainages sur 282 possibles », assure le président du PRG, qui peut compter sur un certain nombre d’élus locaux. « Ça demande beaucoup de travail, mais il n’y a pas d’inquiétudes sur les parrainages », assure Christian Paul.

Pour l’heure, Christiane Taubira continue sa campagne, avec une réunion publique par semaine en février, puis deux en mars, assumant de segmenter l’électorat, comme font aujourd’hui les candidats, avec des « cibles privilégiées » : « Les jeunes », « les femmes », les « territoires ruraux et populaires », qui subissent « la désertification des services publics », et « les abstentionnistes ». Une campagne menée « avec de la joie » et « un peu magique ». Une baguette de magicienne ne serait en effet pas de trop pour assurer l’union de la gauche.

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