Tractations dans la confusion entre sénateurs PS pour la présidence du groupe au Sénat

Tractations dans la confusion entre sénateurs PS pour la présidence du groupe au Sénat

Alors que Laurence Rossignol défend l’idée d’une coprésidence à la tête du groupe PS du Sénat, Jean-Marc Todeschini a écrit à ses collègues pour leur proposer que le rassemblement se fasse derrière lui. Refus de Patrick Kanner qui maintient sa candidature.
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Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Si le congrès du PS se joue dans les semaines à venir, une autre élection se joue dans les prochaines heures au groupe PS du Sénat. La démission surprise de Didier Guillaume, la semaine dernière, de la présidence du groupe, a ouvert une campagne expresse au Palais du Luxembourg. Les téléphones ont chauffé ces dernières heures. Et les rencontres se multiplient. « Il y a beaucoup de discussions. Et beaucoup de gens parlent » résume un sénateur. Comme publicsenat.fr l’écrivait la semaine dernière, plusieurs sénateurs, tous anciens ministres ou secrétaire d’Etat, pourraient être sur les rangs : Patrick Kanner, Laurence Rossignol, Jean-Marc Todeschini et Jean-Pierre Sueur. Le sénateur des Alpes-Maritimes, Marc Daunis, a jeté l’éponge.

Invitée ce matin de Territoires d’Infos, sur Public Sénat, Laurence Rossignol a confirmé son envie d’y aller, avec une proposition : « Une coprésidence paritaire », proposée au candidat arrivé en second (voir la vidéo). Mais la solution n’a pas que des adeptes. « A 15, c’est jouable mais à 78… Vous avez un climat d’instabilité » pense un socialiste. D’autant qu’une coprésidence n’est pas si simple à organiser. Dans les faits, le règlement du Sénat ne permet pas une double présidence. Il ne peut n’y avoir formellement qu’un président. A intervalle régulier, il faudrait changer de président, comme a fait Europe Ecologie-Les Verts à l’Assemblée ou au Sénat.

Laurence Rossignol annonce sa candidature à la tête du groupe PS du Sénat
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Patrick Kanner mène de son côté une campagne active et méticuleuse. Il contacte chacun de ses collègues, un à un. Alors qu’il a affiché son soutien à Stéphane Le Foll, hollandais comme lui, en vue du congrès du PS, Patrick Kanner cherche à donner des gages à ses collègues. Il devait écrire dans l’après-midi à tous les sénateurs PS pour leur assurer qu’il se mettait en retrait de l’élection du premier secrétaire. Il ne veut pas importer les débats du congrès au sein du groupe.

Une primaire interne ?

Pour d’autres, c’est tout vu : « Patrick Kanner, c’est le candidat de Didier Guillaume ». Ce qui, dans leur bouche, n’est pas forcément un compliment. Ce serait le changement dans la continuité. Mais l’ancien ministre des Sports veut voir au contraire sans sa position un atout. Patrick Kanner pense pouvoir compter sur un certain nombre d’appuis au sein du groupe. Il entend défendre la ligne arrêtée en octobre par les sénateurs PS : en opposition à la majorité sénatoriale et pas dans la majorité présidentielle. Ce qui n’interdit pas de soutenir certaines propositions d’Emmanuel Macron quand elles sont jugées bonnes. Une position un peu alambiquée qui correspond à un groupe marqué par la diversité. On y retrouve autant des constructifs à l’égard du Président, que de francs opposants.

En matière d’élection, les socialistes ne manquent pas d’inventivité. Devant l’inflation de candidatures, plus ou moins proche sur le fond, le sénateur de Dordogne, Claude Bérit-Débat, souffle une idée à ses camarades. Celle d’organiser une primaire interne, mardi matin, avant la réunion de groupe. Un « vote indicatif », comme préfère l’appeler un sénateur, « pour éviter que ceux qui sont sur une ligne centrale se retrouvent à plusieurs candidats ». Sauf que ce vote exclurait Laurence Rossignol… qui a pourtant été membre du gouvernement avant de soutenir Manuel Valls à la primaire. Cette primaire à « géométrie variable » ne passe pas pour certains, dont Jean-Marc Todeschini. « Pourquoi certaines personnes seraient invitées à la primaire et pas d’autres ? » s’interroge un autre sénateur socialiste. Patrick Kanner est en revanche favorable à cette mini-primaire.

Jean-Marc Todeschini propose un poste à chacun et la présidence pour lui

Pour simplifier – ou compliquer, c’est selon – la situation, Jean-Marc Todeschini y va aussi de sa proposition. L’ancien secrétaire d’Etat aux anciens combattants a envoyé un mail dimanche à ses collègues sénateurs dans lequel il propose un dispositif qui rassemblerait tous les impétrants, mais derrière lui. « Il s’est autoproclamé sans concourir et a distribué les postes. Sans passer par une case vote, c’est un peu léger » pointe un sénateur du groupe.

Selon ce mail, intitulé « le rassemblement est possible », et dont publicsenat.fr a eu copie, Jean-Marc Todeschini veut faire du groupe PS un « pôle de stabilité » face à la « multiplication des candidatures » pour le Congrès. Il entend rassembler « l’addition de nos talents, de nos énergies, et de nos compétences ». Il propose à chacun une place dans le dispositif :

« C’est pourquoi j’ai envisagé ma candidature dans ce souci prégnant de notre rassemblement. N’étant pas favorable à une coprésidence, j’ai proposé à Laurence Rossignol de prendre une vice-présidence et de partager le porte-parolat du groupe. Après avoir consulté, elle a accepté, dans le souci du rassemblement, de renoncer à la co-présidence qui reste pour elle un objectif politique. J’ai alors proposé à Patrick Kanner d’être aussi vice-président et porte-parole et à Jean-Pierre Sueur d’être aussi vice-président et notre porte-parole sur les débats constitutionnels à venir ».

La formule proposée par le sénateur de Moselle, qui a longtemps été estampillé hollandais, ne fait pas l’unanimité. Patrick Kanner l’a refusé et il compte bien se présenter. Jean-Pierre Sueur réfléchit toujours de son côté à l’éventualité d'y aller. Et entre temps, Laurence Rossignol a officialisé sa candidature sur l’idée d’une coprésidence.

« Peut-être que d’ici demain, nous aurons trouvé une solution de rassemblement »

Mais l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, ne ferme pas la porte aux discussions. C’est ce qu’elle a fait comprendre, ce matin sur notre antenne : « Nous ne sommes pas encore mardi matin et dans ces affaires, il se passe beaucoup de choses. Les gens discutent et je ne suis pas la seule à chercher le rassemblement. J’observe qu’il n’y a pas de candidat naturel ou consensuel. Il y a des candidats qui cherchent le rassemblement. Je suis disponible et je discute avec les candidats qui voudraient eux aussi s’inscrire dans un schéma de rassemblement » a-t-elle souligné, autrement dit Jean-Marc Todeschini. Elle ajoute : « A l’instant où je vous parle, je suis candidate, porteuse d’une coprésidence. Mais peut-être que d’ici demain, nous aurons trouvé une solution de rassemblement et je vous dirai qu’en fin de compte, les objectifs sont atteints par une autre formule ».

On comprend que Laurence Rossignol ne fait pas forcément de sa candidature un préalable. Jointe ce lundi après-midi, l’ex-ministre continue les échanges avec ses camarades. « On utilise tout le temps donné pour trouver une solution de rassemblement. Et quand Jean-Marc Todeschini parle de rassemblement, il fait des propositions pour l’incarner » souligne Laurence Rossignol. Les candidats ont jusqu’à mardi, à l’ouverture de la réunion de groupe, à 11 heures, pour déposer leur candidature. Ou pas. Les socialistes ont encore le temps pour réserver quelques surprises.

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