Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
Trahison en politique : passion ou opportunisme ?
Par Caroline Lebrun
Publié le
La stratégie acerbe de Darmanin
"Je me sens assez cohérent ave mon choix personnel, si vous voulez savoir le sens de ma confirmation politique". Avec son style "provocateur" à l’Assemblée Nationale, Gérald Darmanin fait régulièrement entendre sa voix. Sans cesse en train de justifier ses choix politiques face à ses anciens collègues des Républicains, il manifeste ainsi son appartenance à la majorité du gouvernement.
Christian Deplorte, expert en communication politique le souligne, « c’est une formidable occasion de se démarquer de ce qu’est la droite aujourd’hui. La droite pour lui, c’est uniquement Wauquiez. Il montre la cohérence de son parcours, souligne qu'il a toujours été cohérent ».
Une perte « assumée » pour Bruno Le Maire
Si Gérald Darmanin justifie son départ des Républicains par la cohérence de son engagement poltitique, Bruno Le Maire adopte un autre argumentaire. Il accuse en effet son ancien parti de ne pas avoir donné de consigne de vote, refusant ainsi de soutenir le candidat Macron face à Marine Le Pen. Une « tache indélébile » pour le ministre de l'économie, qui décide donc de se présenter aux législatives sous la bannière d’En Marche.
Aujourd’hui ministre, il s’en explique devant les caméras. Pour Sophie Cadalen, psychanalyste, ce choix de défense est « très intéressant ». Elle souligne que son argumentaire montre une « perte assumée, transformée en un projet » en ayant rejoint « l’homme qui a gagné », avec qui finalement il partageait un certain nombre d’idées.
La « psychologie » de ces trahisons
Selon le communicant, Michel Bettan, il y a un « côté psychologique » à prendre en compte pour analyser les choix de ces politiques qui assument d’avoir changé de camp. Durant la campagne, ils auraient en effet tous conseillé au candidat François Fillion de se retirer suite aux polémiques sur les emplois fictifs, ce qu’il n’a pas fait. Ils ont « vu le mur arriver » plus vite que les autres, « ils ont klaxonné comme des fous » souligne le communicant, sans obtenir le résultat escompté créant ainsi une fracture au sein du parti.
Pour Michel Bettan, il y a désormais « deux droites : celle de Laurent Wauquiez, et la droite de ceux qui ont accepté la main tendue d’Emmanuel Macron ».
Dans la crise politique actuelle, le positionnement des membres du gouvernement reste donc délicat… À surveiller de près.
Retrouvez « Déshabillons-les : Philippe, Le Maire, Darmanin… traîtres ou pionniers ? » Samedi 18 novembre à 15h sur Public Sénat.