Transfert d’argent à l’étranger : « On s’en serait bien passé », déplorent les soutiens d’Arnaud Montebourg au Sénat

Transfert d’argent à l’étranger : « On s’en serait bien passé », déplorent les soutiens d’Arnaud Montebourg au Sénat

Après l’émoi provoqué par sa proposition visant à bloquer les transferts d’argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants, Arnaud Montebourg a rétropédalé. Au Sénat, ses proches s’en félicitent et lui réaffirment leur soutien.
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« Il s’est fait refourguer une mesure techno qui n’est politiquement pas acceptable ni applicable ». C’est l’explication de Mickaël Vallet, sénateur de Charente-Maritime et porte-parole d’Arnaud Montebourg.

Dimanche le candidat à l’élection présidentielle a suscité une levée de boucliers à gauche et les applaudissements ironiques d’Éric Zemmour en annonçant dans le grand jury LCI/RTL/Le Figaro, vouloir bloquer les transferts d’argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une mesure d’expulsion du territoire français.

« Je lui ai fait part de mon émotion tout de suite après l’émission »

Le lendemain, l’ancien ministre rétropédale. « Je me suis fait engueuler par des gens que j’aime. Parce que moi aussi j’ai des origines dans l’immigration comme beaucoup de Français et j’ai compris que je m’étais mal exprimé », a-t-il reconnu dans l’émission Audition publique (sur Public Sénat, LCP-Assemblée nationale et Le Figaro Live).

Si l’on ne connaît pas l’identité de la personne qui lui a « refourgué » cette idée, on sait en revanche qui l’a « engueulé » pour l’avoir reprise. Au palais du Luxembourg, ils sont une petite dizaine à soutenir sa candidature. « Je lui ai fait part de mon émotion tout de suite après l’émission dans laquelle il a d’abord tenu un discours extrêmement positif sur l’intégration. Il a ensuite fait le bilan de l’exécution des mesures d’expulsion du territoire français qui bloquent à cause des pays d’origine. Il avait raison de dire qu’il fallait taper au portefeuille mais pas celui des familles qui sont dans la misère. Il s’est inspiré d’une mesure qui vient des Etats-Unis alors que la bonne méthode c’est de geler les avoirs des dirigeants. Il est clair qu’il faut un rapport de force diplomatique. Son objectif est légitime. Maintenant l’affaire est close. Basta. Ça n’enlève rien au soutien qu’on lui apporte », assure la sénatrice, membre du groupe CRCE, Marie-Noëlle Lienemann.

Arnaud Montebourg a effectivement changé de braquet lundi soir et évoquant « un panel de menaces » pour les Etats qui refuseraient le retour de leurs ressortissants.

« Je peux vous dire qu’il regrette »

« Je n’adhère absolument pas à cette idée. On s’en serait bien passé. Arnaud Montebourg a posé le problème. Il s’est trompé. Il l’a reconnu. Point barre. C’est une mauvaise mesure. On passe à autre chose », complète le sénateur PS, Jérôme Durain.

Sur les chaînes parlementaires lundi soir, Arnaud Montebourg a quelque peu louvoyé sur le sort qu’il entendait réserver à cette proposition. Plusieurs fois pressé d’indiquer si oui ou non il la retirait, le candidat à la présidentielle répond : « Je n’ai pas à la retirer puisqu’elle est dans le débat. Ce que je sais, c’est qu’elle est inefficace. Elle ne passe pas donc elle est incomprise ».

« Je peux vous dire qu’il regrette d’avoir annoncé cette mesure », nous confirme Mickaël Vallet qui ne s’était pas privé de faire part de sa désapprobation sur Twitter. « Quand il dit quelque chose qui ne nous convient pas, on lui en parle. On ne peut pas défendre la VIe République et la collégialité du pouvoir et ne pas l’appliquer à nous-même. L’immigration est un sujet qui est rendu sulfureux par ceux qui y ont un intérêt électoral. Même si c’est un sujet glissant, pourquoi la gauche républicaine ne pourrait-elle pas l’aborder ? Arnaud Montebourg a voulu apporter une réponse rationnelle à un sujet passionnel, mais la mesure était mal calibrée et inopportune », rappelle le porte-parole d’Arnaud Montebourg.

« C’est facile de monter au rideau »

La gauche n’a pas manqué d’égratigner le défenseur du « made in France ». Jean-Luc Mélenchon a brocardé une « mesure d’une cruauté totale », tandis que le patron du Parti socialiste, Olivier Faure a reproché à son ancien camarade de « reprendre cette vieille proposition de l’extrême droite ».

« C’est facile de monter au rideau. Les mêmes ne le faisaient pas dans d’autres circonstances », tacle Marie-Noëlle Lienemann qui se rappelle qu’en 2016, des députés socialistes ont voté l’extension de la déchéance de nationalité.

Dernier soubresaut de cette affaire, Les Jeunes pour Montebourg ont publié un communiqué expliquant leur retrait de sa campagne : cette proposition, « injuste et inhumaine », « heurte fondamentalement nos valeurs et les raisons de notre engagement », ont-il expliqué.

« Ils étaient déjà en partance pour des raisons qui n’ont rien à voir avec cette proposition », assure Marie-Noëlle Lienemann. « Franchement, vous les connaissiez avant ? », balaye Mickaël Vallet.

 

 

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