Tuerie à la préfecture: Castaner dans la tourmente, Philippe dit sa « confiance »
"Incompétence", "dissimulation", voire "scandale d'Etat": la droite et l'extrême droite réclament une enquête parlementaire sur...

Tuerie à la préfecture: Castaner dans la tourmente, Philippe dit sa « confiance »

"Incompétence", "dissimulation", voire "scandale d'Etat": la droite et l'extrême droite réclament une enquête parlementaire sur...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"Incompétence", "dissimulation", voire "scandale d'Etat": la droite et l'extrême droite réclament une enquête parlementaire sur la tuerie de la préfecture de police et la tête du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui conserve la "confiance" du Premier ministre.

Déjà mis sous pression à plusieurs reprises depuis son arrivée à Beauvau à l'automne 2018 pour sa gestion de la crise des "gilets jaunes" ou après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes, le ministre est la cible principalement des Républicains et du Rassemblement national.

Il se fait étriller pour avoir déclaré jeudi, après la tuerie au couteau, que l'assaillant, en poste à la préfecture de police depuis 2003, "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales" ni "le moindre signe d'alerte".

Depuis les propos de M. Castaner, qui interviendra dimanche au journal de 13H00 de TF1, le parquet national antiterroriste (PNAT) s'est saisi de l'enquête. Et le procureur antiterroriste a révélé samedi que l'employé de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), "aurait adhéré à une vision radicale de l'islam".

Dans une interview au Journal du Dimanche, dont des extraits ont été publiés samedi en ligne, le Premier ministre Edouard Philippe dit avoir "toute confiance en Christophe Castaner, qui a fait état de ce qu'il savait au moment où il s'est exprimé". Il a également annoncé le lancement de deux missions d'évaluation des agents de la lutte antiterroriste. Car "pour tous les services de renseignement, la détection des menaces internes est une priorité absolue".

De son côté, l'opposition crie aux failles du système. Dans la matinée, le chef de file des députés LR Christian Jacob a annoncé à l'AFP qu'il allait demander mardi la création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire "très grave".

Même demande de la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen pour établir "l'ensemble des responsabilités, dans ce qui apparaît déjà comme un scandale d'État". Pour elle, Christophe Castaner doit démissionner, n'ayant "plus aucune confiance" des Français en dépit du soutien affiché d'Edouard Philippe.

Ce que plusieurs députés LR réclament aussi, fustigeant des "dysfonctionnements", à l'instar de Julien Aubert ou Guillaume Larrivé. Ou encore d'Eric Ciotti qui juge la crédibilité du ministre désormais "totalement nulle pour assurer la sécurité des Français".

- "Derrière les radars" -

En visite samedi à Provins (Seine-et-Marne), l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, a affirmé pour sa part au sujet de la tuerie qu'il "faudra comprendre pourquoi et comment une telle chose est possible".

Pour le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, le gouvernement "a parlé trop vite en banalisant ces terribles meurtres". M. Castaner "va devoir s'expliquer devant la représentation nationale", a-t-il dit sur BFMTV.

La délégation parlementaire au renseignement du Sénat présidée par Christian Cambon (LR) a d'ailleurs réclamé dans la soirée de pouvoir auditionner le ministre, le député Philippe Gosselin (LR), plaidant aussi pour qu'il soit entendu "dès ce début de semaine" en commission des Lois à l'Assemblée.

"Comment un type comme (l'auteur de la tuerie) a pu passer derrière les écrans radars?", s'est aussi interrogé Eric Diard, co-auteur d'un récent rapport sur la radicalisation dans les services publics, qui évoquait une trentaine de cas soupçonnés mais pas avérés dans les rangs des 130.000 gendarmes et 150.000 policiers.

A gauche, le patron du PS Olivier Faure s'est refusé à tout "esprit polémique". Il a jugé "impératif de tirer toutes les leçons de ce nouveau drame", d'autres responsables du parti considérant une commission d'enquête "indispensable".

"Ceux qui réclament la démission de @CCastaner sont de mauvaise foi! La Préfecture de Police est un État dans l’Etat depuis Napoléon!", a jugé pour sa part Jean-Christophe Lagarde (UDI), plaidant toutefois sur Twitter pour des "changements nécessaires".

Dans les rares voix entendues au sein de la majorité, le député LREM Dominique Da Silva, regrettant comme d'autres une "récupération politique", a jugé sur LCI "un peu facile de demander la démission" du ministre. "Il y a une faille, c'est certain", a-t-il néanmoins admis, se montrant favorable à une commission d'enquête.

Une cérémonie en hommage aux victimes de l'attaque se tiendra mardi à 11H00 à la préfecture de police de Paris en présence d'Emmanuel Macron, a annoncé samedi l'Elysée.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Accord du Mercosur : aubaine ou menace ?

Le 18 décembre, lors du Conseil européen à Bruxelles, les 27 devraient donner leur feu vert à l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Prise en étau entre les droits de douanes américains et la Chine, l’Union européenne cherche de nouveaux débouchés pour son industrie et son agriculture. Mais certains pays, comme la France, craignent un dumping sur les prix et les normes environnementales. Alors l’accord avec le Mercosur est-il un bon deal pour l’UE ? « Ici l’Europe » ouvre le débat, avec les eurodéputés Saskia Bricmont (Les Verts/ALE, Belgique) et Charles Goerens (Renew, Luxembourg).

Le

Tuerie à la préfecture: Castaner dans la tourmente, Philippe dit sa « confiance »
4min

Politique

« Il faut qu’autour des écoles, on n’ait pas de MacDo et de kebabs », déclare la sénatrice des Bouches-du-Rhône Brigitte Devésa

Le surpoids semble être la nouvelle épidémie du XXIè siècle. En France, près de la moitié de la population est concernée, constituant un véritable enjeu de santé publique. De quoi alerter le législateur qui entend renforcer les mesures de prévention et d’accompagnement sur le sujet. Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Brigitte Devésa et le nutritionniste créateur du nutri-score Serge Hercberg pour en débattre dans l’émission Et la santé ça va ?.

Le

Tuerie à la préfecture: Castaner dans la tourmente, Philippe dit sa « confiance »
5min

Politique

Budget de l’agriculture : le Sénat adopte des crédits en baisse, la gauche dénonce les coupes dans la transition écologique

Dans la nuit de vendredi à samedi, le Sénat a adopté les crédits de la mission agriculture du budget 2026. En prenant en compte les crédits européens, les dépenses fiscales et sociales, l’enveloppe allouée à l’agriculture s’élève à 25 milliards. Toutefois les crédits sont en baisse par rapport au dernier exercice effectivement exécuté en 2024. A gauche, les sénateurs ont dénoncé les fortes coupes dans la transition écologique.

Le

Tuerie à la préfecture: Castaner dans la tourmente, Philippe dit sa « confiance »
2min

Politique

Dermatose des bovins : « Nous ne laisserons aucun éleveur seul », promet Annie Genevard

Alors que le Sénat examine les crédits de la mission agriculture du budget 2026, la ministre, Annie Genevard a assuré que l’Etat serait aux côtés des éleveurs de bovins touchés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a réaffirmé la politique d’abattage de toutes les bêtes des foyers affectés et d’une vaccination élargie.

Le