La gravité de la crise en Ukraine met la campagne électorale en suspens. Fait exceptionnel en temps de campagne électorale, tous les candidats ou presque se sont retrouvés à Matignon, lors d’une réunion autour de Jean Castex sur la guerre en Ukraine, ce lundi. Une rencontre de deux heures, « dans un esprit de gestion démocratique et républicaine de la crise », a expliqué à la sortie le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, afin de « partager les informations dont nous disposons », avec les candidats.
« Préparer l’après, pour établir un plan de sécurité en Europe »
Valérie Pécresse a apprécié « une information très complète donnée par le premier ministre et le gouvernement ». La candidate LR « salue la fermeté et la solidarité dont l’Europe a fait preuve. Je souhaite qu’elle s’ancre dans la durée, car nous devons viser un cessez-le-feu. Pour cela, il faut que le rapport de force avec Poutine se maintienne. […] Les sanctions ne feront effet que dans la durée » (voir la première vidéo). « Cette épreuve met au défi de penser la sécurité européenne différemment », ajoute Valérie Pécresse.
Eric Zemmour a salué aussi « une longue information très utile, très intéressante ». Alors que Marine Le Pen n’a pas parlé à la sortie, pour le candidat d’extrême droite, il faut « surtout, au-delà des sanctions, de la nécessaire fermeté, préparer l’après, pour établir un plan de sécurité en Europe. Et que la France soit à l’initiative ». Valérie Pécresse à quelques mètres de lui, il se dit au passage « heureux de voir qu’une autre candidate ait repris (sa) proposition d’envoyer M. Sarkozy ou Védrine, si possible, comme émissaires de la France ».
« Nous avons pu parler des réfugiés »
Nicolas Dupont-Aignan a quant à lui qualifié la réunion « d’utile » et d’« un peu inquiétante ». « Après ces premières sanctions, il y a quoi derrière ? » interroge le candidat, qui pense que « la France doit proposer un plan de paix, avec un vrai statut pour l’Ukraine, en échange d’un retrait des troupes russes ». Pour ce qui est de la campagne, « le premier ministre a donné sa bonne volonté, mais s’il n’y a pas de campagne, l’élection sera volée aux Français ».
A gauche, Anne Hidalgo a elle aussi apprécié « une réunion utile, importante ». Elle « soutient très fortement les initiatives européennes de sanctions pour peser sur les décisions de Poutine » et « bien sûr, je soutiens les initiatives de la France renforçant à la fois les mesures de sanctions économiques mais aussi les efforts de soutien aux Ukrainiens ». Enfin, « nous avons pu parler des réfugiés, de la coordination nécessaire avec les collectivités territoriales ».
« Il faut de l’unité nationale, il faut de l’unité européenne »
Le candidat PCF, Fabien Roussel, souligne que « si la situation est grave, l’ensemble des mesures qui ont été prises par la France et l’Union européenne permettront d’ouvrir des espaces de dialogue, nous l’espérons, pour obtenir un cessez-le-feu ». Jean-Luc Mélenchon, lui, n’a pas répondu à l’invitation.
« Il faut de l’unité nationale, il faut de l’unité européenne, si on veut la plus grande fermeté pour combattre Vladimir Poutine », a réagi pour sa part Yannick Jadot. Le candidat écologiste souligne l’importance « de repenser très vite la souveraineté énergétique européenne, notamment en s’affranchissant de notre dépendance au gaz », que la Russie fournit en grande part.
Le candidat EELV appelle à reprendre réellement la campagne. « Les Français méritent ce grand débat. Est-ce qu’on a besoin de l’Union européenne ou pas ? Les positions sont divergentes. Comment on impose les valeurs de la République dans notre politique étrangère ? Comment on répond au défi du climat et du pouvoir d’achat ? » demande Yannick Jadot. Autant de sujets qui restent pour l’heure de côté, du fait de la crise.