Ukraine : « Nous sommes prêts à faire face à une augmentation des demandes d’asile », affirme le directeur de l’OFPRA

Ukraine : « Nous sommes prêts à faire face à une augmentation des demandes d’asile », affirme le directeur de l’OFPRA

Julien Boucher, directeur de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) a été auditionné ce mardi soir au Sénat à propos de l’accueil des réfugiés ukrainiens. D’après lui le régime « protection temporaire » mis en place par l’Union européenne permettra à la France de traiter les demandes d’asile dans les temps.
Louis Mollier-Sabet

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À l’OFPRA, on connaît « malheureusement » la chanson : « L’ampleur des déplacements de populations que nous constatons n’est pas totalement inédite malheureusement. Je pense aux quelque 7 millions de Syriens ou 3 millions d’Afghans réfugiés hors de leur pays d’origine. […] Le système d’accueil des réfugiés est, par définition, soumis à des crises imprévisibles », explique le directeur général de cette institution chargée de traiter les demandes d’asile. En l’occurrence, ce qui « frappe » Julien Boucher aujourd’hui, c’est « la rapidité de l’afflux de personnes aux frontières de l’Ukraine », avec quelque 2 millions de personnes ayant fui l’Ukraine en une quinzaine de jours. Un grand nombre de ces personnes qui ont « trouvé refuge dans des pays limitrophes » de l’Ukraine, « devraient vraisemblablement y rester, avec l’espoir de retourner rapidement dans leur pays », d’après Julien Boucher.

Le directeur général de l’OFPRA explique ainsi que la présence d’une diaspora ukrainienne importante est un élément très fort dans les choix d’installation de personnes « recherchant légitimement à rejoindre des proches. » La proportion de personnes qui décidera finalement d’aller jusqu’en France est par définition « difficile à anticiper », mais Julien Boucher se veut confiant sur la capacité de l’Etat à traiter dans des délais raisonnables la situation administrative des personnes qui ont fui la guerre en Ukraine. Gérald Darmanin, auditionné quelques minutes avant lui, a précisé devant le Sénat que la diaspora ukrainienne étant assez faible en France, seuls 5000 Ukrainiens étaient arrivés en France depuis le début du conflit.

« Avec la protection temporaire, l’impact sur l’asile devrait donc être plus progressif »

D’après le directeur général de l’OFPRA, le régime de « protection temporaire » activé par le Conseil de l’Union européenne le 4 mars dernier – contrairement à la crise migratoire de 2015 – permettra aux Etats membres de l’UE de faire face à l’afflux massif de personnes lié0000000 à la guerre en Ukraine. La « protection temporaire » est un mécanisme d’urgence qui vise à fournir une protection immédiate et collective à des personnes déplacées, qui ne seraient pas en mesure de retourner dans leur pays d’origine. Ce régime peut être activé pendant 2 ans au maximum, puis prolongé d’un an par une nouvelle décision du Conseil de l’Union européenne. En clair, le but est d’accorder temporairement une protection similaire à celle accordée par le statut de réfugié afin d’alléger la pression sur les systèmes de demande d’asile nationaux. « La priorité est la mise en œuvre concrète et rapide de ce dispositif, qui permet aux préfectures de constater le nombre de personnes répondant aux critères et de délivrer les autorisations temporaires de séjour », détaille ainsi Julien Boucher.

Par conséquent, l’OFPRA ne devrait pas être submergée de demandes d’asile : « L’impact sur l’asile devrait donc être plus progressif. La protection temporaire est un régime très large, peu de personnes ne devraient pas rentrer dans le champ d’application », précise Julien Boucher. À plus long terme, « l’asile aura vocation à prendre le relais de la protection temporaire », si le conflit dure en Ukraine et que certains des protégés temporaires résidants en France décident de demander l’asile. De même, la « légère » augmentation des demandes d’asile que l’on constate actuellement devrait se résorber « quand l’accès à la protection temporaire sera effectif. » Plus généralement, Julien Boucher se montre confiant sur la capacité de l’OFPRA à « faire face à une augmentation des demandes d’asile, sans conséquences néfastes sur les délais de traitement », enfin « dans une certaine mesure », selon l’évolution du conflit.

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