Un an après sa gaffe lyonnaise, Wauquiez toujours à la reconquête de l’opinion

Un an après sa gaffe lyonnaise, Wauquiez toujours à la reconquête de l’opinion

Un an après ses propos polémiques devant des étudiants lyonnais, Laurent Wauquiez s'est lancé dans une délicate "opération de...
Public Sénat

Par Baptiste PACE

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Un an après ses propos polémiques devant des étudiants lyonnais, Laurent Wauquiez s'est lancé dans une délicate "opération de reconquête de l'opinion", selon les mots d'un de ses proches, pour notamment faire taire les critiques sur son "insincérité".

Le président des Républicains (LR) a achevé dimanche un "tour de France" - une dizaine de départements visités- en quête d'un "vrai dialogue avec les Français", opposé à "l'opération de communication" d'Emmanuel Macron. Mais cette séquence comportait en réalité "deux enjeux: la reconstruction du parti et la reconquête d'opinion de notre leader", complète un dirigeant du parti.

Élu en décembre 2017, M. Wauquiez, 43 ans, enregistre une progression sondagière depuis le début de l'année (+5 points dans le tableau de bord de l'Ifop). Mais il reste derrière de nombreux responsables de droite ou ex-LR, de Nicolas Sarkozy à Xavier Bertrand en passant par François Baroin, Valérie Pécresse et Gérard Larcher.

La cause ? Si "Laurent Wauquiez n'est pas responsable de tout" et que son "problème principal" est de composer dans un "espace rétréci pour la droite" dont une partie est acquise à Emmanuel Macron, il pâtit également d'un "doute sur sa sincérité", renforcé par le fameux épisode de l'EM Lyon, selon le directeur général adjoint de l'Ifop Frédéric Dabi.

Le 16 février 2018, TMC diffusait des extraits sonores d'un cours donné par M. Wauquiez devant des étudiants lyonnais. Auxquels le leader de la droite promettait d'épargner son assistance du "bullshit" servi aux "plateaux médiatiques" avant de passer une grande partie de la classe politique au lance-flamme. Jusqu'à insinuer que Nicolas Sarkozy faisait "pomper tous les mails" et "tous les textos" de ses ministres. Polémique assurée et plates excuses adressées à l'ancien locataire de l'Élysée.

"Il a installé un soupçon permanent d'insincérité", constate l'un de ses soutiens qui se désole de chaque épisode. Comme cette critique d'Emmanuel Macron prêtée à Angela Merkel mais inexistante. Ou encore ce gilet jaune que M. Wauquiez a affirmé n'avoir "jamais" revêtu avant d'être démenti par une photographie prise en Haute-Loire.

"Wauquiez s'est vraiment ridiculisé. L'EM Lyon, le gilet jaune, c'est quand même un festival", résume l'un de ses détracteurs. Étiquette persistante reprise par Édouard Philippe lors d'un débat télévisé, reprochant au patron de LR "un problème avec la vérité".

-"Si la lame ne plie pas"-

Cette accusation exaspère M. Wauquiez. "Le Premier ministre actuel a rejoint Emmanuel Macron caché avec une couverture sur la tête, à l'arrière d'une voiture conduite par Benalla. Et c'est à moi qu'on fait un procès en insincérité ?", s'est-il défendu sur Europe 1.

Mais le président d'Auvergne-Rhône-Alpes a lui-même reconnu, dans son message de vœux, avoir "parfois donné prise aux caricatures médiatiques si promptes à résumer le débat d'idées à quelques anecdotes et petites phrases", et promettant "d'y répondre" en 2019.

Invité par la plupart de ses soutiens à être "plus présent", M. Wauquiez multiplie les déplacements. Mais ce n'est pas un changement de stratégie, explique son entourage, la première année de son mandat ayant été principalement consacrée à remodeler les instances du parti.

"Il est dans la pré-construction d'une machine de guerre électorale entièrement tournée à son service". Mais "son problème d'empathie persiste. Un grand responsable politique, un présidentiable doit susciter de l'empathie, voire de la sympathie", résume un ancien hiérarque.

Avec le choix du conservateur François-Xavier Bellamy comme tête de liste aux élections européennes, M. Wauquiez se sait attendu au tournant. En cas de mauvais résultats, ses soutiens s'attendent à "tanguer", même si sa présidence ne leur paraît pas menacée.

Tous espèrent que le laborieux travail d'opposition finira par payer. "On a les bons diagnostics, mais on n'en profite pas", se lamente un soutien qui cite les thèmes ciblés dès 2017 par son leader: le sort des retraités, la "France des territoires" dont Emmanuel Macron serait coupé, et la fiscalité, point de départ de la crise des "gilets jaunes".

Mais "Wauquiez est têtu: si la lame ne plie pas, ce sera de l'acier trempé", pronostique un dirigeant LR.

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