Un milliard d’euros aides à l’Ukraine : « L’urgence consiste à soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister », insiste Emmanuel Macron

Un milliard d’euros aides à l’Ukraine : « L’urgence consiste à soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister », insiste Emmanuel Macron

La nouvelle conférence internationale, qui se tient à Paris ce 13 décembre, pour résoudre les difficultés de l’Ukraine cet hiver, se traduit par un milliard d’euros d’engagements en fonds et matériels. Un mécanisme de coordination pour acheminer cette aide a également été annoncé.
Guillaume Jacquot

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La communauté internationale reste au chevet de l’Ukraine. Réunis au ministère des Affaires étrangères à Paris ce 13 décembre pour une conférence intitulée « Solidaires du peuple ukrainien », les représentants de près d’une cinquantaine d’États et d’une vingtaine d’organisations internationales ont affiché leur soutien à Kiev, alors que le pays fait face à une vague de bombardements intenses russes depuis novembre. Après de précédentes conférences à Lugano, Varsovie ou encore Berlin, ce rassemblement, préparé sous l’impulsion de l’Ukraine et de la France, vise à apporter une assistance financière et matérielle concrète pour assurer une remise en état des infrastructures essentielles, notamment énergétiques, qui ont été détruites par les tirs de missiles. Concrètement, il s’agit d’aider la population ukrainienne à passer l’hiver.

« Les générateurs sont devenus aussi nécessaires en Ukraine que les véhicules blindés », affirme Volodymyr Zelensky

« Les générateurs et les alimentations sans interruption sont devenus aussi nécessaires en Ukraine que les véhicules blindés et les gilets pare-balles », a résumé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, s’exprimant en visioconférence. Les besoins sont immenses. Selon son Premier ministre Denys Chmyhal, présent physiquement ce mardi à Paris, les frappes russes ont endommagé 50 % du système énergétique russe. Environ douze millions d’Ukrainiens sont actuellement déconnectés de l’approvisionnement électrique. Olena Zelenska, l’épouse du chef de l’État ukrainien a pris à témoin ses interlocuteurs dans la salle : « Pouvez-vous imaginer la moitié de la France privée d’électricité pendant trente heures ? »

Dénonçant la « terreur énergétique » mise en place par Moscou à la suite de ses revers sur le champ de bataille, Volodymyr Zelensky a estimé les besoins pour la restauration « rapide » des infrastructures détruites à « au moins 1,5 milliard d’euros ». Le président ukrainien a demandé un soutien à hauteur de 800 millions d’euros pour ses besoins énergétiques. « Le prix est moindre que le coût de ce black-out », a-t-il mis en perspective.

Un peu plus d’un milliard d’euros d’engagements à ce stade

Cette demande est en voie d’être satisfaite. Un peu plus d’un milliard d’euros d’engagements, dons ou de contributions en nature, a été promis par l’ensemble des participants au cours de cette conférence, selon un décompte provisoire du ministère des Affaires étrangères, avec l’objectif de les engager « avant la mi-mars ». Catherine Colonna, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a précisé que ces dons seraient « mobilisables tout de suite ». Près de la moitié des fonds est destinée à l’aide d’urgence pour les infrastructures tels que l’énergie, l’eau ou encore les transports. Le Premier ministre ukrainien a salué un « signal puissant ».

De son côté, la France compte mettre 76,5 millions supplémentaires sur la table notamment pour aider l’Ukraine sur le front énergétique, a annoncé Emmanuel Macron, pour qui « l’urgence consiste à soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister ». Cette aide vient en complément des 200 millions déjà engagés par la France depuis le début de l’année. L’équivalent de 125 millions d’euros doit être envoyé d’ici la fin mars. L’aide servira notamment à acheminer 63 nouveaux générateurs électriques, qui s’ajouteront 100 générateurs livrés en novembre. La France s’engage aussi à livrer cinq millions d’ampoules LED, soit un dixième des besoins exprimés par le président ukrainien pour économiser un gigawatt de puissance électrique (l’équivalent d’un réacteur nucléaire).

Pour déployer le matériel et les investissements, la conférence du jour met également en place un mécanisme de coordination internationale. Ce « mécanisme de Paris » s’appuiera sur le mécanisme de protection civile de l’Union européenne. « En coordonnant nos efforts et notre soutien, nous pourrons aider celles et ceux qui en ont le plus besoin », a insisté le Premier tchèque Petr Fiala, dont le pays assure encore pour quelques jours la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne. « Au-delà des conférences où l’on annonce des montants, il nous faut une coordination très étroite, avec des points de contact dans tous les pays pour que l’aide arrive en temps réel sur le terrain », a encouragé Emmanuel Macron.

Présence de pays asiatiques

Cette instance a vocation à s’étendre au-delà des seuls États membres de l’Union européenne. La matinée a par exemple été marquée par l’intervention du Premier ministre du Cambodge, Hun Sen. L’ambassadeur de l’Inde ou celui de l’Indonésie étaient également présents ce mardi, tout comme des pays du Golfe. « Nous avons cherché lors de cette conférence à élargir le cercle des amis de l’Ukraine », a insisté Catherine Colonna. Une absence a toutefois été remarquée au cours de cette journée : celle de la Chine.

La veille, le G7 avait donné son accord pour la création d’une plateforme chargée de coordonner l’aide financière, entre les différents États et les institutions financières. Ce mardi, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne a également rappelé l’engagement des Européens de financer l’Ukraine en 2023 à hauteur de 18 milliards d’euros (soit 1,5 chaque mois), sous forme de prêts. Ces crédits visent à préparer la reconstruction, mais aussi à soutenir l’Ukraine, sur la voie de son adhésion à l’Union européenne.

La conférence s’est poursuivie dans l’après-midi au ministère de l’Economie, sous forme d’une « bilatérale pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine ». Il s’agit de mobiliser les entreprises françaises pour la reconstruction. Environ 700 sociétés sont conviées selon l’Élysée.

100 millions d’euros de contrats avec des entreprises françaises

Emmanuel Macron a annoncé la signature de contrats pour près de 100 millions d’euros, pour la fourniture de rails, de ponts ou encore de semences. « Nous le savons, ce ne sont pas seulement le soutien politique et financier et des États et des institutions internationales, aussi massif soit-il, qui vont permettre de reconstruire l’Ukraine. Ce sont les entreprises qui vont mettre en œuvre dans chacun des secteurs clés, leurs réalisations techniques, leurs solutions, pour aider au redressement économique de l’Ukraine », a souligné Emmanuel Macron.

Le président de la République a également annoncé un accord franco-ukrainien pour des villes durables dans la perspective de la reconstruction. L’exécutif ukrainien a insisté sur la nécessité d’agir dès maintenant, une vision partagée par la France. « Notre réponse à la destruction de Poutine, c’est la reconstruction européenne et la reconstruction française », a appuyé Bruno Le Maire, parlant d’un « vrai combat de valeurs ». Outre le chantier de reconstruction, le gouvernement français entend également soutenir les secteurs d’avenir, avec la création d’un fonds start-ups franco-ukrainien par exemple.

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