Un premier “gilet jaune” à Matignon avant la rencontre de vendredi

Un premier “gilet jaune” à Matignon avant la rencontre de vendredi

Edouard Philippe a discrètement reçu un premier "gilet jaune" jeudi à la veille de son rendez-vous avec une délégation de ce mouvement social...
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Par Marc PRÉEL

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Edouard Philippe a discrètement reçu un premier "gilet jaune" jeudi à la veille de son rendez-vous avec une délégation de ce mouvement social disparate, mais de plus en plus populaire.

A deux jours d'une nouvelle manifestation annoncée à Paris, le gouvernement a indiqué que les Champs-Elysées, théâtre d'échauffourées le 24 novembre, seraient uniquement ouverts aux piétons samedi.

Jeudi après-midi, à l'abri des caméras, le Premier ministre a, selon son entourage, reçu Patrick de Perglas, "gilet jaune" qui était parti à pied de Chalon-sur-Saône le 21 novembre pour porter ses revendications à Paris.

Ce premier contact précède la rencontre prévue vendredi à 14h00 à Matignon, point d'orgue de deux jours de rencontres commencées jeudi matin à Matignon pour dessiner la "grande concertation" locale de trois mois voulue par Emmanuel Macron.

Deux des huit représentants désignés mais contestés au sein du mouvement, Priscillia Ludosky et Éric Drouet, ont déjà été reçus mardi par le ministre de la Transition écologique, François de Rugy.

L'un d'entre eux, M. Drouet, un chauffeur routier de Seine-et-Marne, a déjà signifié son refus de se rendre à Matignon, car "aucune délégation n'a encore le rôle de représenter les +gilets jaunes+", a-t-il écrit sur Facebook.

- Acte 3 samedi -

De nombreux députés ont reçu un courriel jeudi issu d'une adresse "giletsjaunes1", contenant une liste assez large de revendications incluant entre autres, le SMIC à 1.300 euros nets, un plan d'isolation des logements, la fin de la hausse des taxes sur le carburant, la retraite à 1.200 euros minimum.

Des
Des "gilets jaunes" bloquent une route à Caen le 18 novembre 2018
AFP

Sur le terrain, les "gilets jaunes" se donnent rendez-vous samedi, notamment sur les Champs-Élysées, pour l'acte 3 de leur mobilisation contre les taxes sur le carburant et pour la hausse pouvoir d'achat.

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé que la grande artère parisienne serait fermée à la circulation mais ouverte "aux piétons", avec "des contrôles d'identité systématiques", au moyen d'un "dispositif très resserré, très hermétique".

Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, avait dit souhaiter que soit autorisée une manifestation sur les Champs-Elysées, ou bien qu'à défaut l'avenue soit fermée pour éviter les violences du samedi 24 novembre. À l'inverse, le député de Paris LREM Stanislas Guerini "ne veut pas revivre (...) cette image de quasi guerre civile" sur les Champs-Élysées.

De source policière, un peu plus de 3.500 "gilets jaunes" ont participé jeudi matin à plus de 280 "actions de voie publique", notamment des blocages de plateformes logistiques et de dépôts de carburant. Symbole du ras-le-bol fiscal, les accès à quelques perceptions ont été bloqués. À Montargis (Loiret), onze "gilets jaunes" sont en garde à vue pour avoir commencé à murer le centre des impôts.

Sur internet, une pétition "pour une baisse des prix du carburant à la pompe", lancée par l'une des figures du mouvement, a dépassé jeudi le million de signatures.

A Matignon le 29 novembre 2018, Edouard Philippe démarre, avec les élus locaux, un marathon d'entretiens avec les membres du Conseil national de la transition énergétique (CNTE)
A Matignon le 29 novembre 2018, Edouard Philippe démarre, avec les élus locaux, un marathon d'entretiens avec les membres du Conseil national de la transition énergétique (CNTE)
AFP

A La Réunion, paralysée depuis treize jours par le mouvement, la ministre de l'Outre-mer Annick Girardin a annoncé la création de 1.000 emplois aidés supplémentaires avant la fin de l'année.

À Matignon, Édouard Philippe a commencé, avec des élus locaux, un marathon d'entretiens avec les membres du Conseil national de la transition énergétique (CNTE), un organe consultatif qui réunit 50 membres de divers horizons (patronat, syndicats, ONG environnementales, société civile, élus locaux et parlementaires).

- "moment décisif pour le quinquennat" -

La quasi-totalité des élus locaux reçus ont réclamé un nouveau "geste" de l'exécutif, afin que la concertation de trois mois dans les départements souhaitée par Emmanuel Macron puisse avoir lieu de façon "sereine".

Certains ont réclamé un moratoire sur la hausse de la taxe carbone prévue au 1er janvier. D'autres ont laissé le gouvernement décider de la nature de ce geste mais réclamé qu'il intervienne avant Noël ou avant le début des débats locaux.

L'idée d'un moratoire fait débat dans la majorité macroniste. La présidente (LREM) de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée, Brigitte Bourguignon, est pour un "moratoire d'un trimestre" sur les hausses de taxes sur les carburants. Le chef de file des députés LREM, Gilles Le Gendre, y est opposé.

L'ancienne ministre (PS) Ségolène Royal a de son côté exhorté la majorité à prendre "ses responsabilités" en confirmant l'annulation de la hausse du 1er janvier votée lundi par le Sénat à majorité de droite.

A droite, Laurent Wauquiez (Les Républicains) veut que les mesures fiscales écologiques soient soumises à un referendum. Marine Le Pen a elle évoqué l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée.

Dans la journée, les membres du patronat reçus à Matignon ont mis en garde contre l'impact économique des "gilets jaunes". Dans un communiqué, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) affirme de son côté qu'un troisième week-end de "blocage des magasins et des entrepôts" serait "catastrophique" pour le commerce.

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