Un remaniement ministériel « sans grande ligne directrice » confirmant une « équipe de réformateurs et de réparateurs », explique Bruno Cautrès
Invité de l’émission spéciale sur Public Sénat, consacrée à l’analyse du remaniement ministériel ce 4 juillet, Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF analyse ces nominations comme une recomposition traduisant un repli de la « macronie » « sur son réduit historique. »

Un remaniement ministériel « sans grande ligne directrice » confirmant une « équipe de réformateurs et de réparateurs », explique Bruno Cautrès

Invité de l’émission spéciale sur Public Sénat, consacrée à l’analyse du remaniement ministériel ce 4 juillet, Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF analyse ces nominations comme une recomposition traduisant un repli de la « macronie » « sur son réduit historique. »
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Présenté ce lundi 4 juillet, le nouveau gouvernement Borne s’inscrirait dans la continuité des précédents. Pour Arnaud Benedetti, professeur associé à l’université Paris Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire, cette recomposition gouvernementale traduirait un repli de la « macronie » « sur son réduit historique. » Un constat partagé par Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), la macronie « fonctionne sur ses ressources de départ. » Gérald Darmanin ou encore Bruno Le Maire sont en poste depuis 2017, une longévité record à des postes ministériels. La moitié du gouvernement est composée de ministres qui étaient déjà membres du premier gouvernement Borne, le 20 mai. Certaines personnalités du premier quinquennat, comme Marlène Schiappa, Geneviève Darrieussecq ou Sarah El Haïry font leur retour au sein de l’équipe gouvernementale, un mois et demi après leur éviction. « Toute l’architecture du gouvernement demeure », précise Nathalie Mauret, journaliste pour le groupe EBRA. Selon elle, ce remaniement a récompensé les « alliés politiques » d’Emmanuel Macron. Cette nouvelle équipe gouvernementale finalement sans surprise, ne profite pas de nouvelles prises de guerre ou d’un « élargissement politique. »

Un réajustement gouvernemental, « sans grande ligne directrice »

Cette réorganisation ministérielle s’appuie également sur « les bons élèves de la majorité. » L’ex président de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale sous la précédente législature, le député Roland Lescure, est nommé ministre délégué de l’Industrie, tandis que Bérangère Couillard, députée réélue dans la 7ème circonscription de Gironde, récupère le portefeuille de secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie. Ces ajustements affirment la « dimension technique », précise Bruno Cautrès. « Au fond, il n’y a pas vraiment de ligne directrice, ni idéologique, ni politique. On ne voit pas très bien comment tout ceci peut constituer un point de départ pour une recomposition, au cours du mandat d’Emmanuel Macron », souligne-t-il. La ligne choisie par le chef de l’Etat consacrerait la formation « d’une équipe de réformateurs et de réparateurs. » La reprise des travaux parlementaires constituera pour les nouveaux membres du gouvernement une épreuve du feu décisive. « Il faudra les voir à l’œuvre et ce que vont donner à l'automne, les premiers « crash-tests », les premiers textes en délibération et en vote. »

Franck Riester ministre chargé des relations avec le Parlement, « une nouvelle perception de la carte parlementaire »

Le remplacement d’Olivier Véran par Franck Riester, ex-député LR et président d’Agir, au poste de ministre chargé des relations avec le Parlement « confirme qu’Emmanuel Macron est totalement conscient que c’est sur sa droite qu’il aura une marge de manœuvre » à l’Assemblée nationale. Poste ministériel stratégique du fait de la composition actuelle de l’Assemblée nationale, le profil de Franck Riester semblerait adapté à la tâche qui l’attend. L’ancien ministre délégué chargé de l’Attractivité et du commerce extérieur a « beaucoup plus d’expérience » que l’ex ministre de la Santé. « Il a une forte expérience parlementaire. Issu des rangs du centre droit, c’est plutôt un atout » pour le gouvernement. « Il sera une pièce importante » pour trouver « des voix à droite à l’Assemblée nationale et peut-être au Sénat », souligne le chercheur à Sciences Po Paris. Cette nomination obéirait « à une nouvelle perception de la carte parlementaire »,  où le gouvernement devra composer avec la droite pour faire passer les projets de loi. « Si Emmanuel Macron veut donner une forme de stabilité et souhaite éviter le chaos et le cas par cas, il sera obligé d’aller chercher les voix vers le centre droit », prévient Bruno Cautrès.

Partager cet article

Dans la même thématique

Un remaniement ministériel « sans grande ligne directrice » confirmant une « équipe de réformateurs et de réparateurs », explique Bruno Cautrès
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Un remaniement ministériel « sans grande ligne directrice » confirmant une « équipe de réformateurs et de réparateurs », explique Bruno Cautrès
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le