Une “faucheuse de chaises” d’Attac relaxée à Carpentras

Une “faucheuse de chaises” d’Attac relaxée à Carpentras

Une militante d'Attac, Nicole Briend, a été relaxée jeudi soir par le tribunal correctionnel de Carpentras (Vaucluse) pour le vol...
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Une militante d'Attac, Nicole Briend, a été relaxée jeudi soir par le tribunal correctionnel de Carpentras (Vaucluse) pour le vol de trois chaises dans une agence BNP-Paribas au cours d'une action militante en 2016, a annoncé l'association altermondialiste dans un communiqué.

"Le tribunal de Carpentras reconnaît que Nicole Briend a mené une action de désobéissance civile, sans intention délinquante, +qui ne saurait être caractérisée comme du vol+", s'est félicité Attac.

Pour Raphaël Pradeau, porte-parole d'Attac, "Après le jugement du TGI de Paris en février 2018, affirmant que les actions d’Attac dans les magasins d’Apple relèvent de l’intérêt général, cette nouvelle décision judiciaire favorable nous encourage à continuer et amplifier les actions de désobéissance civile contre les banques et les multinationales qui organisent l'évasion fiscale".

Refusant de faire "le procès de l'évasion fiscale", le procureur Emmanuel Garcia avait requis une amende de 300 euros avec sursis contre Nicole Briend.

S'il a demandé au tribunal de relaxer la militante pour refus de prélèvement d'ADN, rappelant que la France avait été récemment condamnée par la Cour européenne des droits de l'Homme pour une utilisation abusive de ces prélèvements, il a en revanche réclamé que Mme Briend soit condamnée pour vol en réunion.

L'avocate de la prévenue, Me Zehor Durand, avait plaidé pour que sa cliente bénéficie du statut protecteur de lanceur d'alerte.

En mars 2016, la militante d'Attac, proviseure à la retraite, avait participé au vol de trois chaises dans une agence BNP-Paribas de Carpentras, une action non-violente visant à dénoncer les activités de la banque dans les paradis fiscaux. L'initiative faisait suite au scandale des "Swissleaks", une série de révélations sur l'évasion fiscale.

L'"emprunt" de chaises s'est fait "sans aucune intention délinquante, sans aucune dégradation, ni violence", a insisté Me Durand. Des circonstances corroborées par le témoignage à la barre de l'ex-employée de la BNP au guichet ce jour-là: "Ils m'ont expliqué l'évasion fiscale et leur action, et je les ai laissé faire". "Je ne suis pas une voleuse et je n'ai pas agi dans mon intérêt personnel", a déclaré Nicole Briend, 71 ans.

Avant le procès, plus de 200 personnes étaient venues la soutenir. Au nom du NPA, Philippe Poutou, présent à Carpentras, a mis en avant "l'importance d'être solidaires contre une répression qui se généralise, contre une militante d'Amnesty à Nice, les Zadistes à Notre-Dame-Des-Landes ou encore à Bure".

Des actions similaires menées dans d'autres agences en France avaient aussi entraîné des plaintes de la BNP-Paribas. La banque a depuis renoncé à se constituer partie civile dans ces dossiers et donc à demander un dédommagement. "Elle ne demande pas réparation, mais elle n'a pas retiré sa plainte", a toutefois souligné auprès de la presse Raphaël Pradeau, porte-parole d'Attac.

Dans le cadre de sa campagne contre l'évasion fiscale, Attac a fait état de 240 chaises emportées par des militants dans agences bancaires. Un militant jugé pour le même type d'action, Jon Palais, a été relaxé en janvier 2017 à Dax, tandis que le militant Florent Compain a été condamné à une amende de 500 euros à Bar-le-Duc, une peine dont il a fait appel.

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