Violences à Sainte-Soline : « Il y a une responsabilité du pouvoir politique », dénonce Sandrine Rousseau

Violences à Sainte-Soline : « Il y a une responsabilité du pouvoir politique », dénonce Sandrine Rousseau

Après la manifestation contre la construction d’une méga bassine à Sainte-Soline, émaillée de vifs affrontements avec les forces de police, la députée EELV a dénoncé sur Public Sénat la doctrine de maintien de l’ordre. Sandrine Rousseau accuse l’exécutif de déployer contre ses opposants « une politique de l’intimidation », et cible « la volonté d’aller chercher l’incident ».
Romain David

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Au moins trois manifestants ont été grièvement blessés samedi dans les Deux-Sèvres, après de violents affrontements à Sainte-Soline, où la construction d’une retenue d’eau à des fins agricoles cristallise toutes les tensions. Le pronostic vital d’un homme de 30 ans, plongé le coma après un traumatisme crânien, était encore engagé dimanche. « Je condamne toutes les violences, mais là il y a une responsabilité du pouvoir politique dans le maintien de l’ordre de cette manifestation », a réagi ce lundi au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, la députée EELV Sandrine Rousseau, qui était présente à ce rassemblement.

« Il y avait des individus violents, c’est indéniable, mais qui étaient là pour défendre l’appropriation d’un bien commun », explique l’élue. « Mais ce qu’il s’est passé du côté des forces de l’ordre est inadmissible. C’est une débauche de moyens, une politique de l’intimidation… Je me demande dans quelle mesure il n’y a pas, de la part de Gérald Darmanin [le ministre de l’Intérieur, ndlr] et Emmanuel Macron, la volonté d’aller chercher l’incident », accuse notre invitée. « D’ailleurs, il est en train d’avoir lieu puisqu’il y a aujourd’hui un homme de 30 ans entre la vie et la mort pour avoir défendu de l’eau. »

« La violence des répressions n’éteint aucune révolution »

Plus largement, Sandrine Rousseau dénonce « une modification de la politique de maintien de l’ordre dans les manifestations ». Elle cible notamment le recours à la Brav-M, une brigade de répression motorisée, qui a fait son apparition début 2019, en marge de la crise des Gilets Jaunes. « Cette brigade est appelée à augmenter pendant les Jeux olympiques. Nous demandons sa dissolution, elle est une honte à notre démocratie », martèle notre invitée. « Il n’est pas normal que des policiers se satisfassent de faire ça. » Elle ajoute, en référence à la mobilisation prévue mardi 28 mars, contre la réforme des retraites cette fois : « Je serai présente, nous serons présents en masse demain dans les rues. La violence des répressions n’éteint aucune révolution. »

« S’ils installent une ZAD à Sainte-Soline, j’irai sans doute dormir là-bas »

InvitéE dimanche du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, a taclé les élus qui se sont rendus à Sainte-Soline ce week-end pour participer à un rassemblement qui avait été interdit par la préfecture. « Cela me gêne que des élus bravent la loi, l’enfreignent et se mettent en contradiction avec le mandat qui est le leur », a-t-elle commenté. « Au nom de quoi Yaël Braun-Pivet nous dit où sont les bonnes ou les mauvaises luttes ? J’ai déjà été à des manifestations interdites et j’y retournerai autant que de besoin ! », martèle Sandrine Rousseau. « Là, en l’occurrence, c’est une priorité numéro un : comment maintenir le partage de l’eau alors qu’elle se raréfie en France ? Ces rassemblements sont d’utilité publique », assure-t-elle.

» Lire aussi : un rapport sénatorial plaide pour la construction de nouvelles bassines et fait de « la sobriété une priorité »

Interrogée sur un enkystement de la situation à Sainte-Soline et l’installation éventuelle d’une ZAD, la députée de Paris répond : « Ils n’attendent pas l’avis de Sandrine Rousseau pour le faire ou ne pas le faire, mais s’ils installent une ZAD, j’irai sans doute dormir là-bas parce que je pense que l’eau est un bien suffisamment précieux pour que nous luttions pied à pied sur place »

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