Le Sénat a adopté à l’unanimité, ce jeudi, en seconde lecture, la proposition de loi de la sénatrice centriste Valérie Létard « créant une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales ».
Violences conjugales : la proposition de loi instaurant une aide financière pour les victimes, adoptée à l’unanimité au Sénat
Le Sénat a adopté à l’unanimité, ce jeudi, en seconde lecture, la proposition de loi de la sénatrice centriste Valérie Létard « créant une aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales ».
Comme en première lecture en octobre dernier, la proposition de loi de la sénatrice centriste, Valérie Létard, créant une aide financière d’urgence aux victimes de violences conjugales a été adoptée à l’unanimité au Sénat ce jeudi. Le texte arrivait en seconde lecture à la chambre haute, après une adoption des députés à l’unanimité le mois dernier.
Le texte avait été réécrit lors de la navette parlementaire, notamment à la faveur de l’adoption d’un amendement déposé par le gouvernement.
A l’origine, le texte prévoyait que cette aide prenne la forme d’un prêt à taux zéro de la Caisse d’allocations familiales (CAF) soit débloqué sous 48h et versé pendant trois mois à toute victime ayant déposé une plainte ou fait une demande d’ordonnance de protection. Dans sa version définitive, l’aide universelle peut prendre la forme d’un prêt ou d’une prestation non remboursable. Elle serait accordée par les caisses d’allocations familiales ou les caisses de la mutualité sociale agricole et versée dans un délai de principe de trois jours ouvrés.
« Nous tenons entre nos mains un objet particulier qui dès qu’il sera en place changera immédiatement des vies », a indiqué la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome en ouverture des débats.
La ministre a jugé « tout simplement impensable que la victime se retrouve dans la position de débiteur face à qui que ce soit du fait des actions qu’elle entreprend pour se protéger ». « Cette aide sera financée par l’Etat et prendra la forme d’un don ou d’un prêt qui, le cas échéant, devra être remboursé par l’auteur condamné », a-t-elle précisé.
Le montant et les modalités devront être à la hauteur des besoins »
Ce soutien financier sera conditionné à une ordonnance de protection, un dépôt de plainte ou un signalement adressé au procureur de la République.
Valérie Létard, auteure de la proposition de loi, a souligné « la grande responsabilité » de la ministre dans la rédaction du décret d’application. Le montant et les modalités (de cette aide financière) devront être à la hauteur des besoins ». « Il n’y a pas de classes, pas de milieux, pas de générations, pas de situations socioprofessionnelles qui soient épargnés par cette triste réalité de violences au sein du couple. L’universalité était donc essentielle à mes yeux », a-t-elle rappelé.
La sénatrice socialiste, Laurence Rossignol a quant à elle listé « les chantiers » restant de la lutte contre les violences faites aux femmes, comme « l’exclusion de la résidence principale de l’enfant chez l’auteur de violences, la dissimulation de l’adresse de résidence et de l’école des enfants à l’ex conjoint violent, le signalement à la victime de la remise en liberté de son agresseur présumé, ou encore la création d’une juridiction spécialisée en matière de violences intrafamiliales, conjugales et sexuelles ».
« Je maintiendrais toujours que ces violences ne sont pas des infractions comme les autres »
Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti a déjà exprimé de fortes réserves sur les bénéfices d’une telle juridiction. Isabelle Rome a, pour sa part, estimé que « cette notion de justice spécialisée est fondamentale ». « Je maintiendrais toujours que ces violences ne sont pas des infractions comme les autres et qu’elles nécessitent un traitement et une prise en charge spécifique ».
La proposition de loi a été adoptée dans les mêmes termes par le Sénat et l’Assemblée Nationale, elle peut désormais être promulguée sauf saisine du Conseil Constitutionnel.
A l’issue du vote, Isabelle Rome s’est dite « émue » de l’adoption du texte à l’unanimité. En promettant « de s’attaquer très vite à l’élaboration du décret pour que cette loi soit mise en œuvre ».
Les sénateurs PS défendent une proposition de loi constitutionnelle qui limite strictement toute modification de la loi de 1958 au seul article 89 de la Constitution. Une réaction à un texte du RN sur l’immigration, qui reviendrait à transformer la France en « régime autoritaire, avec des mesures illibérales », selon le sénateur PS Eric Kerrouche.
Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».
Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.
Reçu ce matin par le Premier ministre pour un point d’étape sur la première partie de la discussion budgétaire à l’Assemblée nationale, François Patriat considère que Sébastien Lecornu a choisi « une voie différente qui permettrait d’aboutir » à un accord sur le PLF, sans recours au 49-3.