Laurent Wauquiez a tenté une démonstration de force à droite à l’occasion de sa rentrée politique dimanche au Mont-Mézenc, avec comme point d...
Wauquiez: démonstration de force à droite
Laurent Wauquiez a tenté une démonstration de force à droite à l’occasion de sa rentrée politique dimanche au Mont-Mézenc, avec comme point d...
Par Baptiste PACE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Laurent Wauquiez a tenté une démonstration de force à droite à l’occasion de sa rentrée politique dimanche au Mont-Mézenc, avec comme point d'appui une critique virulente de l’immigration et des annonces budgétaires d’Edouard Philippe.
Près de 1.500 personnes étaient rassemblées pour la traditionnelle ascension du Mézenc, aux confins de la Haute-Loire et de l’Ardèche, que M. Wauquiez gravit chaque année depuis 2012. Bien plus que les quelque 300 personnes présentes à Brive-la-Gaillarde vendredi pour la rentrée de Valérie Pécresse.
"Je n’ai pas changé d’avis, très tôt j’ai mis en garde contre les illusions du macronisme", a insisté M. Wauquiez. Et son entourage d’ironiser sur le "micro parti" de la "duchesse de Corrèze".
Une cinquantaine de parlementaires, selon les organisateurs, ont fait le déplacement, ainsi que la direction du parti, à l’exception de Guillaume Peltier et Julien Aubert.
Dans un discours d’environ une demi-heure, M. Wauquiez a développé deux axes principaux: fermeté face aux migrants et critiques de la politique économique "injuste" du gouvernement.
"Comment ne pas comprendre que nous sommes au bout de nos capacités d’intégration et que cette immigration de masse est aujourd’hui une menace culturelle pour la civilisation européenne ?", a-t-il lancé, jugeant, fortement applaudi, que "les Français refusent de devenir étrangers dans leur propre pays" et qu’il faut "faire en sorte qu’il reste quelque chose de la civilisation".
"Nous ne devons plus laisser ces bateaux (humanitaires) rentrer dans les ports européens", a prôné M. Wauquiez, dont le parti entend mettre la question migratoire au centre de la campagne des européennes de 2019.
- "Populistes" contre "leçons de morale" -
Le major de l’ENA a dénoncé une "volonté populaire confisquée par un petit milieu qui lui admoneste des leçons de morale. Ils ont même inventé ce mot de populisme pour justifier la censure et faire taire tous eux qui ne pensent pas comme eux. Quel mot extraordinaire pour qui écouter les Français, c’est être populiste !"
Laurent Wauquiez à Les Etables en Haute-Loire le 26 août 2018.
AFP
Il a, comme de coutume, sévèrement éreinté le chef de l’Etat, jugeant que la rentrée sonnait "la fin du mirage du macronisme". "Il n’y a pas de résultats, cette première année est un échec", a-t-il jugé.
"Il faut rendre l’argent aux Français", a de nouveau lancé le président d’Auvergne/Rhône-Alpes, qui demande au chef de l’Etat de "renoncer aux augmentations d’impôts prévues, notamment celle sur le carburant".
"Au lieu d’assumer enfin des économies courageuses sur le train de vie de l’Etat, on vient de nous annoncer que c’est à nouveau dans la poche des classes moyennes que l’on va chercher des efforts. Les retraites et la politique familiale ne seront plus revalorisées en fonction de l’inflation. C’est injuste", a ajouté le président de LR, après les annonces d’Edouard Philippe dans le Journal du dimanche.
Le gouvernement "aura-t-il le courage de supprimer tous les régimes spéciaux et d’aligner les retraites du public et du privé ? De remplacer le RSA et tous les revenus d’assistanat par une allocation unique qui incite enfin à reprendre un emploi (...) ? Est-il prêt à augmenter le temps de travail dans la fonction publique (...) ? Arrêtera-t-il enfin l’aide médicale d’Etat qui permet l’accès gratuit à notre assurance maladie à des étrangers qui n’ont même jamais cotisé en France ?", a-t-il énuméré.
Jugé discret, y compris par ses soutiens, depuis son élection à la tête du parti en décembre, M. Wauquiez devrait multiplier passages médias et déplacements dans les fédérations LR, qui renouvelleront leurs instances mi-octobre.
Sur son bureau également: la désignation de la liste pour les européennes. Circule notamment le nom du centriste Jean Leonetti, devenu n°2 du parti après le limogeage de Virginie Calmels.
Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.
Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.
Alors que se tiendra demain le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, la poursuite de la procédure législative semble incertaine. L’option du dernier mot, que le gouvernement pourrait choisir d’accorder aux députés, ne fait pas l’unanimité au sein des constitutionnalistes.
Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.