Yves Cochet, désespérément écolo

Yves Cochet, désespérément écolo

De la lecture de nombreux rapports "chiants comme la pluie que personne ne lit", l'ancien ministre écologiste Yves Cochet a tiré une certitude:...
Public Sénat

Par Hélène DUVIGNEAU

Temps de lecture :

4 min

Publié le

De la lecture de nombreux rapports "chiants comme la pluie que personne ne lit", l'ancien ministre écologiste Yves Cochet a tiré une certitude: l'effondrement global de notre civilisation est le scénario le plus probable d'ici 2030. Et il s'y prépare.

Quoi de plus déconcertant de voir un ancien ministre de l'Environnement, qui a consacré plus de trente ans à la politique, faire visiter la maison dans laquelle il compte "survivre à l'effondrement global" de notre société, "probable" selon lui en 2025, "certain" vers 2030" ?

Comme dans "Ravage" de René Barjavel, les besoins de base (eau, nourriture) ne seront plus assurés, selon le mathématicien de 73 ans, et la moitié des humains n'y survivra pas. Cette vision apocalyptique médiatisée par Brut dans une vidéo vue trois millions de fois fait aujourd'hui l'objet d'un livre, "Devant l'effondrement", en librairie le 26 septembre.

"Yves Cochet a toujours été un personnage un peu hors du commun, à la pensée radicale chez les Verts, dont il est l'un des fondateurs", confie à l'AFP Noël Mamère.

Yves Cochet photographié le 13 septembre 2019 en Ille-et-Villaine
Yves Cochet photographié le 13 septembre 2019 en Ille-et-Villaine
AFP

Veston marron et marinière, l'élégant Breton au regard bleu cyan, réputé séducteur, vit depuis deux ans près de Rennes, aux côtés de sa fille et de ses deux petits-enfants, dans une ancienne ferme choisie "sur des critères de résilience".

"Nous avons plusieurs sources d'eau, du bois pour le chauffage, des panneaux photovoltaïques et de la place pour un jardin en permaculture", résume ce "millénariste laïc" à l'humour légendaire. Sans oublier ses chevaux et hippomobiles, "transport de l'avenir" quand les énergies fossiles et l'électricité auront disparu.

Yves Cochet serait-il déjà mort à ce monde? "Je ne suis ni décliniste ni désespéré mais rationaliste", se défend le scientifique, qui juge tout à fait plausibles les phénomènes de basculement irréversibles, notamment climatiques. Tout juste concède-t-il un "pessimisme actif, possiblement plus efficace pour agir collectivement que l'écologie féliciste des partis traditionnels".

- "Moine écolo" -

"Brillant, généreux, extrêmement soucieux de l'avenir de la planète" selon son entourage, Yves Cochet est décrit par son ex-compagne et comparse politique Dominique Voynet comme "féministe", "pas dans les intrigues politiques" et "fidèle à ses convictions".

"Il a ce côté prêcheur qui vous assène des choses décourageantes et n'incite pas à l'action", confie-t-elle. La mort prématurée de son père ou de sa femme l'auront marqué à vie. Il s'en sortira par la lecture et l'écriture.

Yves Cochet et son cheval
Yves Cochet et son cheval "Viking", le 13 septembre 2019 chez lui en Ille-et-Villaine
AFP

"Il a toujours été dans son monde des idées et aurait sans doute fait une grande carrière de mathématicien", assure Mme Voynet.

Déjà en 2005, Yves Cochet prévoyait la fin du pétrole bon marché, mais n'avait pas imaginé l'arrivée des hydrocarbures de schiste.

"Il n'y a pas de crise énergétique mais une crise climatique, Yves Cochet nous éloigne des vrais enjeux", critique le sénateur EELV Ronan Dantec.

"Parfois, il se trompe un peu comme lorsqu'il avait prédit que les JO de Londres n'auraient pas lieu", se souvient David Cormand, secrétaire national des Verts, qui le juge "lucide" mais regrette "son approche individualiste, un peu morbide".

Pour Barbara Pompili, son ex-assistante parlementaire, Yves Cochet a "abandonné le combat politique parce qu'il ne croit plus à sa capacité de faire face aux enjeux".

A ces critiques, Yves Cochet invoque René Dumont, premier candidat écologiste à la présidentielle dont le programme s'intitulait "L'écologie ou la mort".

"Il est courageux d'avoir défriché depuis si longtemps ce thème de l'effondrement", assure la journaliste Agnès Sinaï, qui n'est toutefois "pas d'accord avec le fait de donner des dates précises".

"J'ai l'impression qu'il adopte la méthode de l'exagération pour réveiller les consciences, quitte à passer pour fou. Il y a un côté un peu sacrificiel dans sa posture", ajoute-t-elle.

"Ses prédictions sont provocatrices, mais il a un côté mathématicien joueur et il voit la crise arriver beaucoup plus vite qu'en 2100", témoigne son ami Dominique Bernard, le comparant à un "moine écolo" qui a refusé, par conviction, d'avoir un deuxième enfant.

En attendant l'effondrement, Yves Cochet mange végétal et local, ne prend plus l'avion, et appelle de ses voeux des "listes effondristes" aux municipales de mars prochain.

Dans la même thématique

Formulaire de demande de RSA (Revenu de solidarite active), allocation assurant aux personnes sans ressources un revenu minimum variable selon la composition du foyer
7min

Politique

Assurance-chômage : Quand le candidat Macron promettait une « assurance-chômage pour tous » en 2017

« Oui, il y aura une réforme de l’assurance-chômage cette année », a annoncé le Premier ministre, ce mercredi 27 mars, chez nos confrères de TF1. Troisième réforme en la matière depuis l’élection du Président de la République, ses conditions ont largement été durcies en sept ans… loin de la promesse du candidat Macron qui proposait de faire de l’assurance-chômage, un droit « universel ».

Le

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le