Après la fermeture de la maternité de sa commune, elle accouche dans le salon

Après la fermeture de la maternité de sa commune, elle accouche dans le salon

En 2018, la maternité de la commune du Blanc dans l'Indre fermait ses portes. Un coup dur pour les habitants, qui mènent depuis une lutte de long terme...Entre nécessité de sécurité des patientes accueillies à la maternité, et éloignement des services publics, retour sur un cas d'école.
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Par Yanis Darras et Samia Dechir

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C’est une petite ville comme il en existe des dizaines en France. La commune du Blanc, située dans l’Indre, a vu disparaître en octobre 2018, sa maternité. Un drame pour la commune et pour les futures mamans. C’est le cas pour Justine qui a mis au monde, le 19 mars dernier, son nouveau-né. Cette dernière devait accoucher à Poitiers, à 60 kilomètres du Blanc. Arrivée à l’hôpital, le travail s’annonce encore long. L’équipe médicale préfère alors la renvoyer chez elle. Justine accouchera quelques heures plus tard, à son domicile : « Vers 23 h 30, je prends un bain pour essayer de calmer les contractions et finalement, à la sortie du bain les choses s’accélèrent puisqu’en quelques minutes naît Anatole, dans notre salon. »

« Vers 23 h 30, je prends un bain pour essayer de calmer les contractions et finalement, à la sortie du bain les choses s’accélèrent puisqu’en quelques minutes naît Anatole, dans notre salon. » Justine, jeune maman

Peu d’élus ont défendu le projet de fermeture de la maternité du Blanc. Sauf Frédérique Gerbaud, sénatrice LR de l’Indre qui a soutenu cette décision, face aux difficultés que la maternité rencontrait pour recruter du personnel : « Pour faire fonctionner une maternité, il faut 5 lignes de garde : pédiatre, gynécologue, chirurgien, une sage-femme et une infirmière anesthésiste. Il s’est trouvé qu’au mois de juillet 2018, les 5 lignes de garde nécessaires pour faire fonctionner la maternité, n’étaient pas remplies » explique la sénatrice. Pour Frédérique Gerbaud, il était impensable de laisser l’infrastructure ouverte, pour préserver la santé des patientes : « Tout le monde sait qu’au cours d’un accouchement, des complications peuvent arriver et que, si on n’avait pas toutes les équipes présentes, on aurait pu avoir un drame. »

Frédérique Gerbaud, sénatrice LR de l'Indre : « Pour faire fonctionner une maternité, il faut 5 lignes de garde : pédiatre, gynécologue, chirurgien, une sage-femme et une infirmière anesthésiste. Il s’est trouvé qu’au mois de juillet 2018, les 5 lignes de garde nécessaires pour faire fonctionner la maternité, n’étaient pas remplies »

Des administrés engagés pour préserver l’avenir de la maternité

Depuis octobre 2018, les habitants du Blanc se battent pour que la maternité de la ville, réouvre au public, récemment ils ont même enregistré un clip. Le collectif « Ce n’est pas demain la veille » regroupe quelques administrés qui souhaitent assurer l’avenir de la maternité. Pour eux, la fermeture de cette dernière était programmée dès l’officialisation de la fusion, avec l’hôpital de Châteauroux.

« La mairie à l’été 2018, suite à l’annonce de fermeture provisoire de la maternité, a fait ce travail de recrutement que l’hôpital n’arrivait soi-disant pas à faire et elle a trouvé des personnes. Quatre gynécos obstétriciens étaient d’accord pour venir et remplir des tableaux de garde. La preuve était que c’était possible de le faire mais quand on n’a pas la volonté de remplir ces tableaux de garde, c’est là que ça pose problème. » souligne Laure Courgeau, membre du collectif.

L’association a porté l’affaire en justice, espérant pouvoir rouvrir à terme, la maternité et ralentir ainsi la mort des services publics dans cette petite ville de l’Indre.

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