Attaque terroriste à Trèbes : le suspect a été tué

Attaque terroriste à Trèbes : le suspect a été tué

Au moins trois personnes sont mortes vendredi matin lors d'une prise d'otages menée par un homme se réclamant du groupe jihadiste État islamique dans un supermarché de Trèbes (Aude), près de Carcassonne. Le preneur d'otage a été tué.
Public Sénat

Par AFP

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Un Marocain suivi pour radicalisation est soupçonné d'être le preneur d'otages, selon une source proche de l'enquête. Il a été tué par les forces de l'ordre. Le gendarme qui était retenu en otage, avant que l'assaut ne soit donné, a été blessé par balle.

Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a qualifié la situation de « sérieuse », a estimé que tout laissait « penser qu'il s'agirait d'un acte terroriste », alors que la France est sous forte menace jihadiste depuis 2015.

Prise d'otages à Trèbes: sans doute un "acte terroriste" (Edouard Philippe)
00:38

Selon une source proche du dossier, trois personnes sont mortes dans cette prise d'otages, survenue quelques minutes après qu'un CRS a été blessé par balle à Carcassonne, à moins de dix km de là.

A Trèbes, « une grande partie des employés et des clients du Super U ont réussi à prendre la fuite. Un officier de gendarmerie en service est actuellement au contact du preneur d'otages », a ajouté la même source, qui n'était pas en mesure de dire combien de personnes se trouvaient encore dans le supermarché à la mi-journée.

Selon les premiers éléments de l'enquête, un homme « a pénétré vers 11H15 dans ce supermarché Super U et des coups de feu ont été entendus », a précisé une source. D'après le parquet de Carcassonne, le preneur d'otages se revendique de l'EI.

La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie et le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb se rend sur place. La dernière attaque meurtrière en France s'était produite le 1er octobre à Marseille (deux mortes).

Un témoin a déclaré que l'auteur des coups de feu, qui serait armé de couteaux, d'une arme de poing et de grenades, avait crié « Allah Akbar » en rentrant dans le supermarché, a-t-on indiqué de source proche du dossier.

« Un homme a crié et a tiré des coups de feu à plusieurs reprises », a raconté une cliente du supermarché sur Franceinfo. "J'ai vu une porte de frigo, j'ai demandé aux gens de venir se mettre à l'abri. Nous étions dix et nous sommes restés une heure. Il y a eu encore des coups de feu et on est sorti par la porte de secours derrière".

Tous les accès à la commune de Trèbes étaient bloqués dès la sortie de l'autoroute, où étaient postés des membres des forces de l'ordre fortement armés, a constaté un journaliste de l'AFP. Un hélicoptère de la gendarmerie survolait le secteur.

Super U Trèbes
Capture d'écran Google Street View du supermarché Super U de Trèbes (Aude).

Un CRS blessé 

Quelques minutes avant que ne survienne cette prise d'otages, un CRS rentrant d'un footing avec plusieurs collègues a été légèrement blessé par balle à l'épaule à Carcassonne par un homme armé qui a pris la fuite, selon des sources proches du dossier. Le Premier ministre a indiqué que le pronostic vital du CRS n'"était pas engagé".

La voiture de l'homme qui a tiré sur des CRS a été retrouvée sur le parking du supermarché de Trèbes, a-t-on appris de source proche du dossier.

La préfecture de l'Aude a annoncé sur Twitter que le secteur de Trèbes « était interdit » et a demandé à la population de « faciliter l'accès aux forces de l'ordre ».

Selon le rectorat de Montpellier, les quatre écoles et collèges de Trèbes ont été confinés.

L'antenne du GIGN de Toulouse est arrivée sur place, soutenue par les policiers d'élite du Raid et de la BRI. Pour la Sécurité civile, 80 pompiers et membres d'équipes médicales étaient sur les lieux, avec deux hélicoptères, selon l'Intérieur.

Ces attaques interviennent alors que la France vit sous une constante menace terroriste depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent, parfois de masse, qui ont fait 241 morts depuis 2015.

Le groupe jihadiste État islamique (EI) a revendiqué la prise d'otages, par le biais de son agence de propagande Amaq.

« L'homme qui a mené l'attaque de Trèbes dans le sud de la France est un soldat de l'Etat islamique, qui a agi en réponse à l'appel » de l'organisation « à viser les pays membres de la coalition » internationale anti-EI, selon un communiqué partagé sur l'application Telegram.

La France fait partie de la coalition militaire internationale intervenant en Syrie et Irak contre l'EI, qui perd peu à peu tous ses bastions.

Aujourd'hui, « on ne peut pas parler de risque terroriste moins important. On fait notamment face à une menace endogène, c'est un risque qui va durer, plus difficile à déceler », a relevé en début de semaine un haut responsable de la lutte antiterroriste, dans un entretien à l'AFP.

La prise d'otages est une stratégie utilisée par les jihadistes: le 9 janvier 2015, deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo, Amédy Coulibaly avait retenu les clients et le personnel de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. La prise d'otages avait fait quatre morts. Amédy Coulibaly avait été abattu par les forces de l'ordre.

La dernière attaque meurtrière en France date du 1er octobre 2017 lorsque, sur le parvis de la gare Saint-Charles à Marseille, un Tunisien de 29 ans avait tué au couteau deux cousines, avant d'être abattu par la police. L'EI a revendiqué ces assassinats, mais les enquêteurs français n'ont pas, pour l'heure, trouvé d'élément reliant l'assaillant à l'organisation jihadiste.

 

Dans la même thématique

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le

Attaque terroriste à Trèbes : le suspect a été tué
4min

Société

« J’ai toujours été frappé par le degré de bienveillance dont je bénéficie », François Molins

Entre 2012 et 2018, une série d’attentats touche la France. Dans la tourmente, une voix rassurante émerge, celle de François Molins, procureur de la République. Pédagogie et sang-froid ont toujours été de mise dans ses prises de parole. Tant et si bien qu’un lien fort s’est construit entre les Français et lui. Comment a-t-il traversé ces moments de terreur ? Comment explique-t-il la sympathie des Français à son égard ? Cette semaine, François Molins est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le