Carrefour : devant le Sénat, un dirigeant reconnaît « une erreur stratégique » sur les ex-magasins Dia

Carrefour : devant le Sénat, un dirigeant reconnaît « une erreur stratégique » sur les ex-magasins Dia

Suppression d’emplois, stratégie, négociations avec les fournisseurs, une semaine après l’annonce d’un « plan de transformation », le secrétaire général du groupe Carrefour était auditionné par les sénateurs.
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2400 emplois supprimés au siège, et 2100 emplois menacés dans les ex-magasins Dia. Une semaine après l’annonce du plan de transformation du groupe Carrefour,  le secrétaire général, Laurent Vallée était auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. « Carrefour est un groupe qui compte plus de 100 000 personnes en France (…) les frais de siège et le fonctionnement du siège en termes de complexité, de lourdeur et d’organisation est arrivé à un point (…) difficilement soutenable » a justifié Laurent Vallée devant les parlementaires. Pour cette raison, et comme l’a confirmé, la semaine dernière,  Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, ce  plan de suppression de 2400 emplois « concerne le siège  et est exclusivement un plan de départs volontaires. Il n’y aura aucuns départs contraints » a assuré Laurent Vallée.

2400 emplois supprimés chez Carrefour : "que des départs volontaires" confirme la direction
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« Le physique et le digital ne s’opposent pas mais doivent aujourd’hui se combiner »

Grâce notamment à un partenariat avec la Poste et sa filiale Stuart, LaurentVallée a également affirmé l’ambition  de Carrefour d’être un « leader de la transition alimentaire ». «  Il est nécessaire pour Carrefour de refondre son offre à l’égard des produits frais, du bio, du local (…) La conviction qu’a Carrefour, c’est que le physique et le digital ne s’opposent pas mais doivent aujourd’hui se combiner. Pour une première raison très simple, c’est que le client veut tout cela » a-t-il doctement expliqué.

« Il est difficile d’accepter  l’argument des difficultés financières du groupe »

La sénatrice Michelle Gréaume interroge un dirigeant de Carrefour
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Mais ce plan de transformation aussi ambitieux soit-il, n’a pas fait oublier le nombre d’emplois menacés. La sénatrice communiste, Michelle Gréaume s’est interrogée sur la situation des salariés des ex-magasins Dia, rachetés par Carrefour en 2014. « Quelles sont les justifications économiques et financières légitimes de ce plan ? Il est difficile d’accepter  l’argument des difficultés financières du groupe. Carrefour a réalisé 1 milliard de bénéfices au niveau mondial l’an passé, distribué 400 millions de dividendes aux actionnaires. Il y a une réserve de 8 milliards de bénéfices accumulés » a-t-elle observé. Laurent Vallée a reconnu « une erreur stratégique » sur les magasins Dia. « On ne sait pas faire ces magasins. Carrefour renonce à les faire ». En ce qui concerne les 2100 emplois menacés par un plan de sauvegarde pour l’emploi (PSE), le secrétaire général a affirmé que la priorité était « de trouver des repreneurs aux 273 magasins en cause ». « Par ailleurs, seront privilégiées des solutions de reclassement individualisé pour l’ensemble de ces salariés ».

Un projet de loi pour apaiser les relations entre la grande distribution  et les fournisseurs

Hasard du calendrier, c’est ce mercredi qu’un  projet de loi destinée à apaiser les relations commerciales entre agriculteurs, industriels et distributeurs, était présenté en Conseil des ministres (voir notre article). Parmi les premières mesures, inspirées directement des travaux des états généraux de l’alimentation, une revalorisation de 10 % le seuil de revente à perte, ou encore un encadrement des promotions dans les limites de 34% en valeur et de 25% en volume. L’exécutif souhaite mettre fin au mécanisme qui permet aux distributeurs d’écraser leurs marges sur certains produits comme la pâte à tartiner par exemple. Désormais, les groupes comme Carrefour  pourront, au minimum,  revendre un produit  au prix où ils l’ont acheté majoré de 10%, pour couvrir la logistique et le transport. Ces nouvelles règles dans les négociations devraient s’appliquer à l’automne prochain.

Les pratiques de la grande distribution « ne sont pas spécialement correctes »

En commission des affaires économiques, le sénateur LR, Laurent Duplomb  a estimé que cette « législation était intervenue, car les pratiques de la grande distribution, n’étaient pas spécialement correctes ». « Aujourd’hui, il faut le savoir, les négociations sont à mon sens totalement irrespectueuses du fournisseur (…) Vous recevez les gens en rang d’oignons, vous les faites patienter pendant des heures avant de les recevoir » (voir l’intervention)

Le sénateur, Laurent Duplomb interroge un dirigeant de Carrefour
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« Je crois que quand la grande distribution se comporte mal, elle est sanctionnée » lui a répondu le dirigeant de Carrefour. « Je crois aussi que les distributeurs ont fait des efforts et je crois aussi que  le groupe Carrefour a reçu un prix, l’année dernière,  s’agissant de son comportement dans les négociations responsables. Je ne pourrai pas vous dire exactement comment ça se qualifie ».

Toutefois, en novembre 2016, le groupe Carrefour a été assigné devant le tribunal de commerce de Paris,  «pour des pratiques commerciales abusives» dans le cadre des négociations annuelles avec ses fournisseurs.    

 

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