Guillaume Martin est-il un philosophe qui fait du cyclisme ou un cycliste qui fait de la philosophie ? « Je suis un coureur cycliste avec un master de philosophie, c’est une discipline qui me passionne. A 60 ans, je ne serai plus cycliste professionnel et on verra de quoi l’avenir sera fait » … philosophe-t-il.
Alors faut-il mettre l’esprit d’un côté, le corps de l’autre ou les deux peuvent-ils communier pour permettre à l’individu de s’accomplir ? Guillaume Martin en est persuadé : on peut mener les deux de front. « Le fait de faire du vélo, ajoute-t-il, m’a aidé à être meilleur dans mes études et à l’inverse la philosophie me permet de ne pas avoir une pression excessive dans ma carrière sportive, un équilibre pour moi ».
« Concilier sport et philosophie pour aller à la rencontre de soi-même »
Grand sportif lui aussi, Etienne Klein pratique le trail, course à pied sur de longues distances sur tous types de terrains, dans lequel « on ne doit jamais être dans le rouge, ne jamais aller au bout de ses capacités », explique-t-il.
« Quand on ne vise pas la victoire, ce qui est mon cas, c’est comme une balade fraternelle et une rencontre avec soi-même ». Un sport aussi bien collectif qu’individuel pour le philosophe, auteur de « L’Esprit du corps » chez Robert Laffont - INSEP.
« Concourir au bien collectif sans s’oublier soi-même »
Le peloton du Tour de France pourrait apparaître comme l’inverse d’une bataille fraternelle, mais pour Guillaume Martin la réalité est plus complexe qu’elle n’y paraît. « Quand la course s’enclenche, les autres coureurs redeviennent des adversaires… C’est très paradoxal, le cyclisme est un sport individuel pratiqué en équipe ».
Vu de loin, explique le champion, une course cycliste apparaît d’abord comme un sport individuel. « 180 coureurs sur une ligne de départ et un vainqueur à l’arrivée ». A y regarder de plus près, on découvre que « ce n’est pas seulement un sport de bourrins, de machines seulement bonnes à appuyer sur les pédales, toute la course cache des stratégies d’équipes ».
Un rapport fort au collectif, « savoir profiter de la force des autres, se protéger mutuellement du vent, des adversaires… », une expérimentation de l’humanité collective que Guillaume Martin expose dans son ouvrage.
S’aider les uns les autres dans un peloton pour arriver seul en tête à l’arrivée, c’est donc une question de philosophie pour Guillaume Martin auteur de « La société du peloton » (Ed. Grasset), mais également un problème de science physique comme le souligne Etienne Klein : « Dans le cyclisme, il y a une tension entre LE physique et LA physique. A cause des effets aérodynamiques, celui qui est en tête du peloton va plus vite que s’il était seul car il est comme poussé par ceux qui le suivent ».
Un hymne au sport individuel fondu dans une force collective. Toute une philosophie sur le plateau de Livres & vous.
Retrouvez l’intégralité de l’émission « Livres & vous » ici.
« La société du peloton – Philosophie de l’individu dans le groupe » de Guillaume Martin - Ed. Grasset
« L’Esprit du corps » d’Etienne Klein – Ed. Robert Laffont - INSEP