Le Parisien révèle les secrets d’un contrat à plus de 600 millions d’euros. L’attaquant français Kylian Mbappé, qui a prolongé son contrat avec le PSG en mai dernier, toucherait désormais 72 millions d’euros bruts par an, soit 6 millions d’euros brut par mois (2,7 millions net après impôts). Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Ce sont des montants qui peuvent évidemment paraître disproportionnés. Mais il y a deux gagnants : Kylian Mbappé et l’Etat, qui va récupérer près de la moitié de ces sommes en impôts, à hauteur de prélèvements à 49 %. Nous sommes dans la démesure, mais il faut prendre en compte le talent du joueur et les retombées économiques pour le club du PSG, entre les ventes de maillots, les partenariats et l’augmentation de la vente de billets. Pour un joueur comme Mbappé, le public n’hésite pas à se déplacer !
NDLR : Lundi après-midi, le PSG a démenti les informations du Parisien. « Suite à l’article sensationnaliste publié […] au sujet du club et l’un de ses joueurs, le Paris Saint-Germain s’inscrit en faux contre le récit et les détails allégués », peut-on lire dans un communiqué du PSG.
Est-ce que le salaire d’un Kylian Mbappé vous choque davantage que le salaire d’un Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines ?
Cela me choque beaucoup plus car un chef d’entreprise doit, lui, faire tourner une entreprise avec des centaines et des milliers de salariés, mener une stratégie intelligente et faire face à une concurrence internationale. Il faut avoir beaucoup de qualités, et bien savoir s’entourer. Un joueur de football n’a pas toutes ces contraintes. J’aimerais aussi savoir combien touchent les agents de joueurs, dont personne ne parle, mais dont les commissions se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Kylian Mbappé bat le record de Lionel Messi, qui avait signé un contrat avec le FC Barcelone (2017-2021) pour un montant s’élevant à 555 millions d’euros sur quatre ans. Il y a aussi une inflation dans l’économie du sport ?
Il y a surtout une inflation du côté des clubs dirigés par des pays comme le Qatar, où il n’y a aucune limite financière. Les clubs concurrents ne peuvent pas s’aligner sur de telles sommes, car ils doivent respecter certaines règles d’équilibre budgétaire. C’est ce qui me gêne le plus dans cette histoire : un club comme le PSG fait signer un contrat de 600 millions d’euros à un joueur, et affiche en même temps un déficit de 350 millions d’euros (pour la saison 2021-2022). Comment peut-on dépenser autant d’argent avec un tel déficit ? Au moment de la prolongation de Kylian Mbappé, on nous expliquait que l’aspect sportif du projet PSG avait été déterminant dans sa décision de ne pas partir au Réal Madrid. Manifestement, l’aspect financier est aussi entré en ligne de compte.
C’est un contrat qui représente un quart du budget du club parisien. Est-ce que ce genre de contrat risque de déséquilibrer l’ensemble du foot français ?
Ce type de contrat risque de déséquilibrer l’ensemble du football international. Il faut éviter que la bulle financière n’explose. Pour cela, nous devons mieux réguler le football. Je milite pour l’instauration d’un salary cap. Concrètement, il s’agit de définir une masse salariale autorisée par club. Si un club veut offrir un très gros salaire à un joueur, aucun problème, mais il devra payer beaucoup moins les autres éléments de son équipe. Par exemple, avec un salary cap à 8 millions d’euros par mois, le PSG pourrait payer Mbappé, mais il devrait revoir considérablement ses propositions à la baisse pour ses autres joueurs.
Néanmoins, un salary cap limité au football français ne rimerait pas à grand-chose, car à juste titre les clubs se plaindraient de voir leurs meilleurs joueurs partir à l’étranger. Il faut un salary cap au niveau européen. L’UEFA doit bouger sur ce sujet, autrement nous irons vers une inflation toujours plus incontrôlée des prix.
