Emmanuel Macron et Angela Merkel ont tenu des discours volontaristes sur la lutte contre le réchauffement climatique. La première Conférence des Nations unies depuis l’élection de Donald Trump se déroule dans un climat de tensions. La COP23 est marquée par les rapports alarmants publiés par les scientifiques, les multiples catastrophes climatiques de cette année et la réticence des États-Unis à lutter pour le climat. La représentation officielle des États-Unis a fait face à une délégation américaine fermement engagée sur la lutte contre le réchauffement climatique.
« L’accord de Paris signé il y a presque deux ans (…) est un point de départ auquel nous tenons et sur lequel nous ne lâcherons rien » a affirmé Emmanuel Macron à la tribune de la COP23. Le chef de l’État critique en sous texte la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris. Emmanuel Macron a également fustigé « la décision des États-Unis de ne pas garantir le financement » du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le président de la République « souhaite donc que l’Europe se substitue aux Américains » dans le financement du GIEC.
« Si nous continuions comme nous faisons aujourd’hui (…) ça veut dire que nous acceptons tacitement que nombre de peuples qui sont là représentés disparaîtront » s’alarme Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a souligné l’un des principaux objectifs de la COP23 à savoir « la mise en œuvre effective des accords de Paris. » Fort d’un rapport publié en amont de la COP23, le patron de l’ONU Environnement alertait sur le fait que « les engagements pris à Paris couvrent seulement un tiers des mesures nécessaires pour éviter les conséquences les plus dramatiques des changements climatiques. » Le président de la République a par ailleurs annoncé sa volonté de voir la mise en place d’un « prix plancher du CO2 en Europe » de l’ordre « de 30 euros la tonne. » Emmanuel Macron s’est félicité des engagements français en matière d’environnement et notamment de la loi hydrocarbure portée par Nicolas Hulot. Le report du délai pour ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % avait pourtant déclenché la colère des écologistes.
La double représentation américaine
Washington a réaffirmé son choix de se retirer de l’accord de Paris et de soutenir les énergies fossiles. Mais la délégation américaine côtoie une coalition américaine rangée sous le slogan We are still in (nous sommes toujours dans l’accord de Paris). 2.500 représentants d’États, d’entreprises et d’ONG constituent cette autre délégation. Parmi ces membres, l’ancien maire de New York, Mike Bloomberg et le gouverneur de Californie, Jerry Brown, ont eux lancé l’initiative America’s Plegde pour réunir les acteurs du changement climatique. Lors de son discours Angela Merkel se réjouit « de cette initiative parce qu’elle souligne l’importance accordée à l’environnement dans la société américaine peu importe la décision du président Trump de quitter l’accord de Paris. »
Mike Bloomberg dit ne pas prêter attention à ce que Washington dira pendant la COP23. Preuve de la tension ambiante, en marge de la conférence de la Maison Blanche sur les énergies fossiles, la gouverneure de l’Oregon a déclaré que « peu importe à quel point Donald Trump tweete, il peut s’y arracher les doigts, il ne nous arrêtera pas. Aux États-Unis, ce sont les États qui dirigent. » Les États américains contre l’État américain ? C’est bien le bras de fer qui se profile. L’America’s Pledge regroupe quinze États qui représentent 40 % de l’économie étasunienne. À noter que les États-Unis –deuxième pollueur mondial - sont les seuls à ne pas avoir signé l’accord de Paris. Emmanuel Macron espère, lui, que « les villes et le secteur privé américain sauront compenser la totalité de l’engagement américain. »