Covid-19 : pour Elisabeth Doineau « la Mayenne est montrée du doigt mais a réagi en premier »

Covid-19 : pour Elisabeth Doineau « la Mayenne est montrée du doigt mais a réagi en premier »

Alors que le Premier ministre Jean Castex était ce matin à Lille pour soutenir les villes qui décident de rendre obligatoire le port du masque dans la rue, la sénatrice Elisabeth Doineau estime que la Mayenne, où de nombreux clusters ont été décelés, est injustement montrée du doigt. La décision de la Belgique de placer le département sur une liste rouge est « une catatstrophe » pour l'économie locale.
Public Sénat

Par Hugo Lemonier

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Chute des réservations, mise à l’index par la Belgique… La sénatrice centriste, Elisabeth Doineau, se dit « catastrophée » par la situation dans son département. La Mayenne a mis en place très tôt une politique de dépistage systématique face à la recrudescence de l’épidémie. Pourtant, le département est « montré du doigt ». Entretien.

Le Premier ministre était ce matin à Lille, où le masque est désormais obligatoire dans les lieux publics ouverts, comme dans d'autres villes du pays. La Mayenne a été l'un des premiers départements à mettre en place cette mesure...

Oui, c'est une mesure qui a été prise fin de semaine dernière par le préfet, au regard de la situation sanitaire. Et depuis ce lundi 3 août, le port du masque est obligatoire dans 69 communes de Mayenne. Il faut absolument maintenir cette obligation afin que le nombre de cas diminue.

Il y a eu un relâchement au lendemain du déconfinement, et c’est normal, car on est heureux de se retrouver. Mais les rassemblements familiaux peuvent devenir rapidement des foyers de contamination.

Nous avons eu une légère avance mais le virus circule partout

Les contaminations semblent intervenir principalement lors de réunions amicales ou familiales, et en milieu clos. De ce point de vue, le port du masque dans la rue est-il pertinent ?

Ces réunions sont certes les situations les plus dangereuses. Mais dans les rues les plus fréquentées, on rencontre forcément des connaissances et le réflexe naturel est de se rapprocher. Or, il faut justement éviter cela et garder ses distances. C’est contraire à nos mœurs, mais il faut rappeler les gestes barrières. Cela explique la décision du préfet, en accord avec les maires.

Il faut par ailleurs éviter les rencontres intergénérationnelles car, si les jeunes sont asymptomatiques, ils peuvent contaminer leurs aînés, qui ont parfois des comorbidités et peuvent avoir des formes beaucoup plus sévères de la maladie.

Votre collègue Guillaume Chevrollier estimait, le 21 juillet sur Public Sénat, que "la stigmatisation des Mayennais est inacceptable"...

Le département a été sous les feux de l’actualité de façon très injuste. Je ne nie pas qu’il y ait eu des clusters, mais pas plus qu’ailleurs. Nous avons eu une légère avance mais le virus circule partout sur le territoire.

Nous avons conduit des politiques de dépistage massives et, c’est bien connu, plus on teste, plus on trouve de cas. Le département a réagi le premier, mais c'est la Mayenne qui est aujourd'hui montrée du doigt.

La situation est vraiment dramatique pour nos commerçants

Depuis, la Belgique a placé le département sur une liste rouge. Comment réagissez vous ?

Je suis catastrophée car c’est toute l’économie de notre département qui va en souffrir. Je ne vois pas l'intérêt d'exclure la Mayenne des destinations des Belges, alors qu’ici on fait extrêmement attention pour limiter la contagion.

Les Belges sont privés de leurs vacances en Mayenne, alors que, s’il y a un département français où il faut venir en ce moment, c'est bien la Mayenne ! On croirait à une mauvaise blague...

Quel est l'impact de cette situation sur l'économie du territoire ?

J’ai par exemple une amie qui tient des chambres d’hôtes. Elle a deux réservations belges qui se sont annulées en deux jours ! L’impact est très direct. Globalement, la situation est vraiment dramatique pour nos commerçants. Nous avions mis en place un plan de relance à travers le tourisme mais, évidemment, il ne fonctionne pas du fait de cette situation.

Certains professionnels du tourisme avaient déjà une perte sèche de 50% de leur chiffre d’affaires en raison de l’épidémie. Ils pensaient pouvoir remonter la pente, mais cela baisse à nouveau.

 

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