David Foenkinos : « J’ai vu aussi beaucoup de bienveillance » dans les maisons de retraite

David Foenkinos : « J’ai vu aussi beaucoup de bienveillance » dans les maisons de retraite

Il est l’un des écrivains les plus populaires de notre époque, et pourtant rien ne le destinait à l’écriture. Cette semaine au micro de Rebecca Fitoussi, David Foenkinos revient sur l’écriture qui s’est imposée dans sa vie, sur les personnages abîmés qui peuplent ses romans. Un auteur profondément humain touché de plein fouet par le scandale de la maltraitance des personnes âgées hébergées dans les maisons de retraite.
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Longtemps il n’a pas fait le lien entre ses personnages, et pourtant Martin Hill, le héros de son dernier roman « numéro deux » et Nathalie la jeune veuve de « la Délicatesse » semblent reliés par le même fil : celui de la fragilité face aux épreuves d’une existence.

Le bonheur des autres qui s’affiche à longueur de tweets

Une attention aux plus abîmés qui tranche pour David Foenkinos avec l’époque où le bonheur s’affiche à longueur de tweets : « Il y a toujours eu cette notion d’échec et de réussite. Ce qui change dans notre époque c’est qu’il y a cette notion de comparaison qui s’est clairement accrue avec les réseaux sociaux, on vit avec la dictature du bonheur des autres, du prétendu bonheur des autres. »

Avant d’ajouter « Aujourd’hui il ne suffit pas d’avoir un rapport à sa propre réussite ou à ce que l’on rate, mais on est inconsciemment poussé à la comparaison avec ce que vivent les autres et c’est vrai que c’est le sujet central de mon livre : mon personnage qui n’a pas été choisi pour être Harry Potter a en permanence la vie de l’autre » devant ses yeux, avant d’ajouter « c’est déjà difficile de rater les choses, mais d’avoir en plus le succès des autres qui vous hante, ou qui vous saute au visage, ça rajoute de la complexité », décrypte-t-il très lucide sur les errements de l’époque.

« C’est déjà difficile de rater les choses, mais d’avoir en plus le succès des autres qui vous saute au visage, ça rajoute de la complexité. » David Foenkinos

Des réseaux sociaux où les passions s’exacerbent, et où, pour l’écrivain il s’agit de s’aventurer avec « prudence » tant le terrain est inflammable : « Pas parce que je suis quelqu’un de spécialement prudent » ajoute-t-il, « mais parce que j’ai le sentiment que nous sommes dans une époque où tout va tellement vite, où on assassine la nuance »

Saluer les personnels des maisons de retraite

Enfin, interrogé sur les traitements subis par les personnes âgées dans notre société, l’auteur « des souvenirs » dit éprouver de la colère, il tient aussi à saluer ces accompagnants qui font bien leur travail dans les établissements de soins « Effectivement j’ai écrit un livre là-dessus qui était totalement lié à ma propre expérience : celle que l’on vit tous. C’est-à-dire que j’ai accompagné ma grand-mère, donc j’allais deux fois par semaine dans des maisons de retraite. Bien sûr on parle de certaines personnes qui essaient de faire des profits, il y a une sorte de maltraitance qui est tout simplement insupportable et qui nous violente tous ! Moi, j’ai vraiment été animé par une colère, je me suis senti bouleversé, mais en même temps j’ai des souvenirs, moi, de femmes et d’hommes qui accompagnaient les personnes âgées, c’est un métier difficile, j’ai vu aussi beaucoup de bienveillance, j’ai le souvenir de ma grand-mère qui adorait les personnes qui l’accompagnaient. » conclut-il.


« Numéro deux », de David Foenkinos aux éditions Gallimard
« la Délicatesse », de David Foenkinos aux éditions Gallimard

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