Déconfinement : « Les jauges fixes dans les stades n’ont rien d’attractif pour les clubs », regrette Michel Savin

Déconfinement : « Les jauges fixes dans les stades n’ont rien d’attractif pour les clubs », regrette Michel Savin

Reprise des activités sportives de plein air, réouverture des salles de sport et des stades… Entre le 19 mai et le 30 juin, les Français vont à nouveau pouvoir refaire du sport et assister à des événements sportifs sous certaines conditions. Mais l’annonce du retour des jauges fixes dans les stades n’est pas comprise. Pour le président du groupe d’études sur le sport au Sénat, Michel Savin, « c’est la capacité d’accueil de chaque stade qui aurait dû primer ».
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Les amateurs de sport y voient enfin un peu plus clair.

Le chef de l’Etat l’a annoncé hier dans la presse quotidienne régionale : c’est à partir du 19 mai que les établissements sportifs accueillant des spectateurs pourront rouvrir avec un maximum de 800 personnes en intérieur et de 1 000 en extérieur.

Concernant les salles de sport de plus en plus fréquentées par les Français, il faudra attendre le 9 juin pour pouvoir soulever à nouveau des haltères et se dépenser sur un tapis roulant, mais les sports de contact seront autorisés en extérieur mais pas en intérieur.

A cette même date, il sera également possible pour les établissements sportifs d’accueillir jusqu’à 5 000 personnes, et ce n’est qu’à partir du 30 juin que les jauges limitées devraient être levées pour permettre un quasi-retour à la normale de la pratique du sport en France en fonction de l’évolution de la pandémie.

« Ces perspectives sont des signaux très positifs pour les Français »

Des annonces très bien accueillies par les sénateurs qui se félicitent « d’un signal très positif envoyé aux Français » pour la reprise de la pratique du sport amateur à l’arrêt depuis huit mois maintenant, notamment pour les activités en salle. « Nos compatriotes ont développé des séquelles psychologiques et sur leur santé physique mais que l’exécutif leur donne à présent des perspectives pour une reprise progressive des activités sportives, voire un possible retour à la normale le 30 juin, ça change tout », se réjouit le sénateur LR Michel Savin.

Mais là où le président du groupe d’études sur les pratiques sportives et les grands événements sportifs au Sénat n’est pas d’accord avec le gouvernement, c’est sur la décision d’opter pour la mise en place de jauges fixes à 1 000 personnes maximum jusqu’au 9 juin dans les stades.

« Je ne comprends pas les contradictions du président de la République. En novembre dernier, il nous avait annoncé que les jauges fixes dans les stades seraient abandonnées au profit d’un accueil des spectateurs en fonction de la capacité de chaque enceinte sportive, et finalement il fait l’inverse », peste l’élu isérois.

« Pourquoi ne pas faire comme en Angleterre ou en Espagne ? »

« Mille personnes, c’est mieux que zéro, mais économiquement, je ne suis pas certain que ce soit très attractif pour les clubs de mobiliser du monde pour seulement 1 000 spectateurs. Surtout quand on sait que la plupart des championnats seront terminés… Je pense qu’il aurait été préférable, comme cela se fait d’ailleurs en Angleterre ou en Espagne d’établir un pourcentage de spectateurs en fonction de la capacité d’accueil de chaque stade. Par exemple, si vous décidez d’ouvrir 25 % de l’enceinte sportive, et bien pour un stade de 10 000 places, vous pouvez accueillir 2 500 personnes masquées et dans le respect strict des gestes barrières », explique Michel Savin, en assurant « qu’il faut faire confiance aux préfets et aux présidents de fédérations locales qui savent très bien organiser ce type d’événements ».

« Ce que je ne veux pas, c’est voir des supporteurs comme ceux du PSG qui étaient rassemblés devant l’hôtel des joueurs parisiens en début de semaine sans masque. S’ils étaient dans un stade avec le respect d’un protocole sanitaire imposé, on ne verrait sans doute pas ce genre d’images… », lance-t-il.

« Le vrai sujet, c’est le transit des supporteurs »

Des critiques sur la mise en place de jauges limitées dans les stades dans un premier temps que ne partage pas le sénateur RDPI (LREM) Didier Rambaud. « Si le gouvernement a choisi cette option, c’est parce que les risques sanitaires sont toujours là et que le vrai sujet c’est donc l’acheminement et le transit des supporteurs. L’arrivée et la sortie du stade peuvent parfois entraîner des mouvements parfois incontrôlables, c’est pourquoi je trouve que cette prudence du gouvernement avec ces jauges fixes est une bonne chose », assure l’élu membre de la majorité présidentielle.

Des dérogations pour Roland Garros ?

Les élus membre du groupe sénatorial d’études sur le sport semblent également perplexes sur la mise en place de dérogation dans le but d’accueillir davantage de public pour de grands événements sportifs.

Si la finale de la Coupe de France de football prévue le mercredi 19 mai devrait donc se dérouler devant 1 000 spectateurs et celle du Top 14, le 25 mai, devant 5 000 personnes, les organisateurs de deux grands rendez-vous incontournables du sport français pourraient bien bénéficier de dérogations pour dépasser les 5 000 personnes. Ils espèrent en effet la mise en place de protocoles permettant un découpage des enceintes sportives en zones avec spectateurs qui ne se croisent pas.

« Je me méfie toujours des dérogations. Encore une fois, ce n’est pas la capacité d’accueil le problème, c’est l’acheminement des spectateurs », prévient Didier Rambaud.

Un pass sanitaire sous condition

Les deux élus membre du groupe sénatorial d’études sur le sport se disent également favorables au déploiement d’un pass sanitaire pour pouvoir assister à des événements sportifs. Mais à une condition essentielle pour éviter toute discrimination : « Qu’il soit opérationnel lorsque l’ensemble de la population française aura la possibilité de se faire vacciner, sinon pour certains, ce sera la double peine ».

Bientôt une table ronde sur le sport amateur au Sénat

Des annonces gouvernementales qui devraient donc soulager les clubs, les fédérations, mais aussi les salles de sport très impactées par la crise économique depuis plus d’un an. Cette situation difficile pour tous les professionnels du sport, Michel Savin en a bien conscience puisqu’il envisage d’organiser au début de l’été « une table ronde avec la ou le nouveau président du Comité olympique français et trois ou quatre présidents de fédérations pour faire un état des lieux notamment sur le sport amateur qui a beaucoup souffert de cette pandémie ».

« Je vais prochainement réunir le bureau du groupe pour voir si on organise cette rencontre importante à notre échelle ou bien si on l’étend à la commission de la culture du Sénat. Je verrais avec son président Laurent Lafon pour voir si cela peut se faire », annonce Michel Savin.

Dans la même thématique

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le

Déconfinement : « Les jauges fixes dans les stades n’ont rien d’attractif pour les clubs », regrette Michel Savin
4min

Société

« J’ai toujours été frappé par le degré de bienveillance dont je bénéficie », François Molins

Entre 2012 et 2018, une série d’attentats touche la France. Dans la tourmente, une voix rassurante émerge, celle de François Molins, procureur de la République. Pédagogie et sang-froid ont toujours été de mise dans ses prises de parole. Tant et si bien qu’un lien fort s’est construit entre les Français et lui. Comment a-t-il traversé ces moments de terreur ? Comment explique-t-il la sympathie des Français à son égard ? Cette semaine, François Molins est l’invité de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».

Le