Décrochage scolaire : tous les moyens sont bons pour aider les élèves

Décrochage scolaire : tous les moyens sont bons pour aider les élèves

Pédagogie inversée, tablette, numérique, à Bourges, le collège Jean Renoir a fait de la lutte contre le décrochage scolaire, une priorité. Face au déterminisme social qui conditionne bien souvent l’échec ou la réussite de nos enfants, l’établissement a tout pensé, à coups d’idées novatrices, pour la réussite de chacun des élèves.
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Par Priscillia Abereko

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Une sonnerie , des élèves aux sacs à dos de toutes les couleurs qui s’entassent dans les salles de classe, des trousses et des cahiers posés sur les tables… À bien des égards, le collège Jean Renoir de Bourges n’est pas si différent des autres établissements français, à un détail près. Il a fait de la lutte contre le décrochage scolaire, sa priorité. Chaque année, il accueille des élèves qui n’aiment pas l’école, ayant des difficultés de concentration ou des problèmes de discipline. Des élèves que l’on appelle communément, des décrocheurs. Guillaume, un élève de 4e, est l’un d’entre eux : « je ne dors pas, c’est juste que ça me soûle, je ne comprends pas » lance avec affront le jeune homme avachi sur sa table à son professeur.

Si la France est réputée pour la qualité de son enseignement, elle n’en reste pas moins l’un des systèmes d’éducation les plus inégaux. Selon l'enquête internationale PISA publiée en 2017, parmi les pays développés, notre pays serait classé au 6e rang des pays au système scolaire le plus inégalitaire, à la différence de l’Estonie par exemple.

Avec ses talons hauts et sa jupe bien droite, Véronique Piperaud, la principale du collège Jean Renoir, est une femme déterminée. Elle a décidé de tout mettre en œuvre pour faire mentir ces statistiques. Son credo : l’innovation, pour que tous les élèves aient une chance et une place à l’école.

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Innover, l’atout clé de Jean Renoir

Au collège Jean Renoir, les innovations ne manquent pas pour convaincre les décrocheurs de s’accrocher. Au programme, pédagogie inversée, avec des élèves qui doivent préparer les cours en amont, usages des nouvelles technologies comme les tablettes pour rendre l’apprentissage plus ludique ou encore découverte de nouvelles cultures à travers des échanges via des réseaux numériques avec des classes d’autres continents. Rien n’est également laissé au hasard en matière d’enseignement. Des ateliers novateurs leur sont proposés : le graphe, de la sophrologie ou encore de la robotique. Autant d’occasions pour ces jeunes en difficultés d’apprendre sans le savoir et trouver par la même occasion leur voie professionnelle grâce aux ateliers variés.

Certains élèves voient par exemple avec la robotique, une manière de sauver des vies : « il y a beaucoup de personnes qui ont perdu un bras ou une jambe dans un accident par exemple et avec des prototypes de la sorte on pourrait leur greffer de nouveaux membres » explique un élève très motivé devant un prototype robotique en forme de main.

« J'ai envie de leur montrer que je peux m'en sortir »

Jean Renoir face à la délinquance

Si Jean Renoir a été confronté à des phénomènes de délinquance avec l’arrivée de ces nouveaux élèves, la situation ne s’est pas envenimée pour autant au fil des années, bien au contraire. Par exemple, pour chacun des décrocheurs, l’établissement a mis en place un dispositif pédagogique : le suivi. La principale, Véronique Piperaud reçoit tous les jours après les classes, individuellement, chacun des élèves en difficultés : « le suivi, c'est la petite béquille pour te tenir correctement dans la journée et faire le travail qui est demandé. Par ailleurs, tous ces élèves avaient des problèmes de comportement et je constate une nette amélioration pour la plupart d'entre eux grâce à ça ».

Emmitouflée dans son châle bleu, Véronique est presque comme une « mère », étreignant ses enfants et se souciant de chacun d’entre eux comme s’ils étaient les siens, en organisant régulièrement des réunions avec son équipe et les parents : les commissions éducatives. Une attitude qui semble être communicative : « j'ai envie de leur montrer que je peux m'en sortir » finit par dire Guillaume, dans sa chambre.

 « Moi je suis plus pour l'accrochage que le décrochage. C'est pour ça que je mets le paquet sur les petits qui entrent au collège ».

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Lutter contre le décrochage dès le plus jeune âge

Pour véronique, il ne s'agit plus seulement de tenter de remettre sur les rails des élèves en difficultés, il faut maintenant s'occuper des plus jeunes et leur donner le goût d'apprendre : « Moi je suis plus pour l'accrochage que le décrochage. C'est pour ça que je mets le paquet sur les petits qui entrent au collège ».

Amel, une élève de 5e qui a connu des difficultés d’apprentissage notamment en français, fait partie de ces jeunes à qui on a voulu faire aimer l’école dès le plus jeune âge. Jean Renoir lui a ainsi imposé dès le début un dispositif qui lui a permis de faire des progrès fulgurant : le théâtre.

Pour Marie Favre, un professeur de français, « on voit clairement qu’Amel s'est investie et fait un énorme effort pour articuler, être comprise et retenir. Autant à l'égard des adultes que de ses camarades, elle se sent je pense beaucoup plus à l'aise aujourd’hui ».

Fini l’angoisse de prendre la parole et la peur d’être incomprise… grâce au théâtre, Amel adore l'école, un lieu « on apprend finalement beaucoup de choses ».

Si l’éducation nationale n’accompagne qu’à la marge les innovations de Jean Renoir, d’autres partenaires privés comme la Fondation de France, soutiennent les actions menées par l’établissement, qui ne compte pas s’arrêter là. De nombreux projets contre le décrochage scolaire sont encore prévus.

 

Retrouvez l'intégralité de l'émission C'est vous la France - Le collège de Bourges, mercredi 14 mars à 23h.

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