Dans son émission « Bas les masques » ou encore « Vie privée, vie publique », Mireille Dumas a mis en lumière des parcours de vie peu écoutés, et pourtant loin d’être des cas isolés. Alors que les féminicides étaient qualifiés de « crimes passionnels », elle dénonçait déjà les violences perpétrées à l’encontre des femmes, des enfants et des minorités de genre. Quel regard porte-t-elle sur l’évolution de la société sur ces questions ? Comment explique-t-elle son intérêt pour les autres ? Cette semaine, Mireille Dumas est l’invitée de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».
Devant le Sénat, les gardes forestiers de l’ONF dénoncent des conditions de travail dégradées
Par Lauriane Nembrot
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« On est arrivés à Paris ce matin à 09 h 00 mais ça fait vingt ans qu’on est en lutte ». Stéphane Carrusca est garde forestier depuis près de 30 ans. Basé à Cluny en Bourgogne (71), il assure se sentir méprisé. « On a beaucoup œuvré pour la résorption des dégâts causés par les terribles tempêtes de 1999. On a tout donné pour remettre en ordre ce que la nature a mis par terre. Et aujourd’hui, on n’a plus rien », résume le manifestant.
« On en bave tous les jours »
En France, l’Office national des forêts emploie environ 7.800 gardes forestiers, selon les chiffres de 2022. Ils étaient 12.000 en 2002, soit une baisse de 35 % en 20 ans. Romuald Heslot, garde forestier depuis une bonne vingtaine d’années, dénonce une baisse drastique des effectifs qui a des effets délétères sur les conditions de travail. « On en bave tous les jours. Tout se fait dans l’urgence. C’est ingérable », assure-t-il.
Aujourd’hui, le temps consacré à l’administratif empiète sur nos missions de police judiciaire
Romuald Heslot, garde forestier en Basse-Normandie
Selon lui, la suppression des postes a augmenté la charge de travail au quotidien. « Les réductions d’effectifs nous obligent à faire moins de terrain et à rester au bureau pour s’occuper de l’administration » raconte le garde forestier. « En une semaine, on passe parfois plus de temps sur un ordinateur qu’en forêt. Aujourd’hui, le temps consacré à l’administratif empiète sur nos missions de police judiciaire, de prévention et d’entretien des forêts ».
Une réforme contestée
Autre élément dans le viseur des gardes forestiers, un projet de réforme de l’ONF prévu par le gouvernement. Une ordonnance datée du 1er juin 2022 prévoit notamment le recrutement d’agents contractuels de droit privé au détriment de fonctionnaires.
« C’est un véritable danger », martelle Raphaël Kieffert. Selon le représentant SNUPFEN à l’office national des forêts, « ces agents n’ont pas de rôle de contrôle ou de police judiciaire. En clair, ils ne constatent pas d’infraction. Et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’infraction, ça veut dire qu’ils ne peuvent rien faire contre ».
La mobilisation continue
Convaincus qu’ils pourront parvenir à infléchir la ligne du gouvernement, les contestataires ont prévu de rester mobilisés devant le palais du Luxembourg pendant encore vingt-quatre heures. Avant de revenir en amont du vote au Sénat, prévu aux alentours du 6 décembre.
On a reçu le soutien de beaucoup de députés, notamment de gauche
Raphaël Kieffert, représentant SNUPFEN à l’office national des forêts
Il y a un mois jour pour jour, ils s’étaient déjà mobilisés devant l’Assemblée nationale pour alerter les députés. « On avait lu un à un les noms des 184.000 personnes qui ont signé la pétition qu’on a lancée dans laquelle on demande des moyens supplémentaires. Ces moyens sont vitaux, alors qu’on vient de passer un été marqué par des incendies très graves. À cette époque, on a reçu le soutien de beaucoup de députés, notamment de gauche, et quelques-uns de la majorité présidentielle », assure le syndicaliste Raphaël Kieffert. Parmi les élus mobilisés aux côtés des gardes forestiers, le sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine Daniel Salmon, venu à leur rencontre devant le Sénat.
Lors de ces prochaines mobilisations, ils porteront un képi et un uniforme vert foncé, celui-là qu’ils portent à l’occasion des cérémonies officielles. Une tenue solennelle, bien éloignée de celle que revêt quotidiennement un d’un garde forestier. « Cette tenue, c’est pour rappeler qu’on a un héritage, qu’on porte un képi et qu’on a un grade. Que nous sommes assermentés et qu’on a des devoirs », achève Stéphane Carrusca.