En France il y a 300000 personnes âgées  en situation de mort sociale

En France il y a 300000 personnes âgées en situation de mort sociale

300 000 personnes âgées vivent en situation de mort sociale. C'est le chiffre alarmant révélé par Armelle de Guibert, la déléguée générale de l'association les Petits frères des pauvres. À la ville ou la campagne Ma voix compte est allé à la rencontre de deux couples, qui ont leur recette pour continuer à vivre au milieu des autres.
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Par Adrien BAGET

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Au volant de sa petite voiture, elle a encore une conduite assurée. À 84 ans, Georgette qui habite Bonneval dans l’Eure-et-Loir ne peut pas se passer de sa voiture. Faire ses courses, aller chercher le pain, ou rencontrer les autres, son quotidien dépend de son auto alors elle espère repousser le plus tard possible le moment où elle ne pourra plus conduire : « Le jour où je ne pourrai plus conduire, soit mon mari m’aidera, soit je resterai à la maison mais ce sera mauvais pour mon moral ».

Pour le reste, Georgette ne fait pas son âge « Moi j’ai besoin d’activités il faut que cela bouge, je ne peux pas rester sans rien faire ». Et c’est peu de le dire. Tous les jours ou presque elle se rend à l’association « le rendez-vous du tilleul » qu’elle préside « Avant, lâche-t-elle dans un rire, cela s’appelait le club du troisième âge mais ça faisait vieillot »…Ici on joue aux cartes, on boit un café, bref on rompt l’isolement.

De l’importance de la famille

Monique vit à Paris avec son mari Jacques de 81 ans. Leur fille Gabrielle passe plusieurs fois par semaine. « Je viens prendre des nouvelles, prendre soin d’eux…ça passe aussi par faire des courses juste en bas, ou retrouver son papa perdu à la gare de Lyon ». À son âge Monique dit apprécier ces attentions « Ca passe par un mail, un message tendre. Le problème c’est quand on n’en reçoit pas, on a un sentiment de manque ». La présence des proches est essentielle.

Pour vivre le plus cette période de la vie, de façon complète, Monique a rejoint l’association « old up » dont la devise est « plus si jeunes, mais pas si vieux ». Des rencontres, des échanges, entre plus de 65 ans. « Cela permet d’échanger avec des amis de son âge » et selon elle de « faire le point au niveau spirituel, psychologique et physique (…) de savoir comment les autres organisent leur vie ». Des rendez-vous utiles et nécessaires pour ne pas rester seuls face à des questions importantes liées au vieillissement.

« Dès l’instant que l’on naît on est appelé à mourir, on ne sait jamais quel jour et c’est bien de ne pas savoir » Georgette, 84 ans

A respectivement 84 ans et 87 ans ils ne se sont pas vu vieillir.
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300 000 personnes en situation de mort sociale

Pour Armelle de Guibert, déléguée générale de l’association des Petits Frères des Pauvres, cette question de l’isolement touche d’abord les villes moyennes « Cela dépend de quelle campagne et de quelle ville, à savoir que dans les zones très rurales, les petits villages de 500 à 6000 habitants, il  y a une forme de fraternité, de solidarité entre les personnes qui font que les personnes âgées ont un sentiment de solitude qui n’est pas tellement important que cela. Dans les grandes villes il y a beaucoup de services et de liens de voisinage, là où le sentiment et la crainte sont les plus importants, ce sont dans les villes de 30 000 habitants, ce sont ces villes qui sont en train d‘être abandonnées par les services, par les habitants où l’on voit que les commercent ferment. Ce sont les villes moyennes dévitalisées. Cela pour les personnes âgées c’est très inquiétant » avant de poursuivre « cet isolement s’accroît avec l’âge, il y a aujourd’hui un million de personnes qui sont privées de relations sociales et 300 000 personnes en situation de mort sociale qui sont privées de tous, famille, amis, réseau associatif, ce sont plutôt des femmes de plus de 75 ans et souvent pauvres sur le plan matériel ».

"Là où le sentiment d'isolement et la crainte sont les plus importants, ce sont dans les villes de 30 000 habitants, ce sont ces villes qui sont en train d‘être abandonnées par les services" Armelle de Guibert, déléguée générale de l’association des Petits Frères des Pauvres,

L’amour comme remède

Pour Georgette et son mari, le temps semble ne pas compter et ne pas avoir de prise car aucun des deux ne voit vieillir, « on se regarde tous les matins dans la glace, on est toujours pareil » lâche un brin espiègle le mari de Georgette. Même face à la mort, Georgette poursuit « j’y pense depuis toujours, quand je serais morte je voudrais être enterré à plat ventre, dès l’instant qu’on naît on est appelé à mourir, on ne sait jamais quel jour et c’est bien de ne pas savoir ».

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Retrouvez l'intégralité de l'émission ce jeudi à 23 heures

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