Europe : le dernier round(up) du glyphosate ?

Europe : le dernier round(up) du glyphosate ?

Les États membres vont se prononcer mercredi sur la fin programmée du glyphosate, molécule classée « cancérogène probable » par l’OMS, et principe actif du Roundup, herbicide commercialisé par la firme américaine Monsanto. Nicolas Hulot propose d’y mettre fin dans les trois ans à venir. Une position partagée par les écologistes.
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« Cette semaine est une semaine cruciale sur la question du glyphosate, donc (cruciale) pour notre santé, pour l’agriculture et l’environnement » a résumé, ce lundi, le député européen EELV, Yannick Jadot. En effet, dans deux jours, le conseil européen, où sont représentés les Etats membres, va se prononcer sur le renouvellement de l’autorisation de commercialisation de cet herbicide le plus utilisé au monde et classé « cancérogène probable » en 2015 par l’OMS.

Principe actif du Roundup de la firme Monsanto, l’autorisation du glyphosate en Europe arrive à son terme 15 décembre. La Commission européenne propose de renouveler son homologation pour une durée de 10 ans. Pour cela, Bruxelles a besoin d’une majorité qualifiée : 16 États sur 28, représentant 65 % de la population de l’UE. La France s’est d’ores et déjà opposée à un renouvellement de l’autorisation pour 10 ans. Angela Merkel qui négocie toujours pour mettre en place sa « coalition Jamaïque » (libéraux du FDP et les Verts), devrait conduire l’Allemagne à s’abstenir.

Le Conseil européen va-t-il suivre le Parlement ?

La semaine dernière, la commission Environnement et Santé du Parlement européen a voté en faveur d’une disparition progressive de la substance dans les trois prochaines années. Ce texte sera soumis, mardi, au vote en séance plénière du Parlement à Strasbourg. Selon André Gattolin, vice-président LREM de la commission des affaires européennes du Sénat, la proposition devrait être adoptée « à quelques dizaines de voix ». Si ce vote n’est pas contraignant, il est quand même « politiquement significatif ». Toutefois, André Gattolin ne croit pas que la majorité qualifiée sera atteinte au Conseil européen, mais qu’une directive, dite « d’exclusion nationale », permettra aux États membres de légiférer eux-mêmes sur ce sujet sans être soumis à la réglementation européenne.

Nicolas Hulot propose la fin du glyphosate dans les 3 ans à venir

Sur RTL, le ministre de la Transition écologique s’est montré lui plus optimiste. « Je ne suis pas trop inquiet. Je n’imagine pas (…) qu’on autorise pour dix ans. Je n’imagine pas une seule seconde. En ce qui me concerne ce sera, je l'espère largement en dessous de 5 ans ». Nicolas Hulot s’est prononcé en faveur une  « réautorisation » d’une durée de trois ans. « Pendant ces trois ans, on regarderait tout ce qu'on peut trouver en termes d'alternatives et aider ceux pour lesquels l'utilisation du glyphosate est indispensable, à se pencher sur d'autres pratiques et d'autres techniques ».

« Je n’imagine pas qu’Emmanuel Macron mette notre santé en péril »

 Une position saluée par les députés européens EELV, réunis en conférence de presse ce lundi. « J’ai entendu Nicolas Hulot qui reprend la position du Parlement européen d’organiser la sortie sur 3 ans. Ce qui serait le seul compromis acceptable pour notre santé. Mais on voit, qu’y compris au sein du gouvernement, la FNSEA et Monsanto ont de puissants relais au ministère de l’Agriculture. Et je n’imagine pas qu’Emmanuel Macron mette notre santé en péril, mette son ministre de l’Écologie en péril, pour favoriser quelques dizaines de lobbys qui sont extrêmement puissants mais qui ne servent ni l’agriculture ni la santé » veut croire, Yannick Jadot (voir la vidéo).

Yannick Jadot sur le glyphosate: "la FNSEA et Monsanto ont de puissants relais au ministère de l’Agriculture"
00:48

Des députés LREM demandent la fin « rapide » du glyphosate

Qualifié, de « petit courtier de la FNSEA » par l’ancien candidat écologiste à la présidentielle, le ministre de l’Agriculture, qui s’est lui prononcé en faveur d’une prolongation de l’homologation pour une « durée de cinq à sept ans ». Stéphane Travers est désavoué au sein de son propre camp. Dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, 54 des 310 députés LREM ont demandé  « l’interdiction de la commercialisation du glyphosate et de son utilisation le plus rapidement possible ». « Sortir du glyphosate, tout en accompagnant comme il se doit les agriculteurs dans cette transition, dans un calendrier court et réaliste, est un bon compromis », écrivent-ils. Ce lundi, une pétition signée par 1,3 million de personnes demandant « une interdiction du glyphosate », a également été présentée à la Commission européenne par l’ONG Greenpeace.

« Trois ans, c’est trop court »

« Trois ans, c’est trop court » estime quant à lui, Jean Bizet, président LR de la commission des affaires européennes du Sénat.  «  Avant d’interdire le glyphosate, il faut se laisser le temps de trouver une molécule de substitution qui permette le non-labour des sols, comme c’est le cas actuellement. Je ne crois pas aux études commandées par les écologistes. Je ne crois qu’à la science » lâche-t-il en référence à deux études réalisées par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques, qui n’ont pas considéré le glyphosate comme étant cancérigène pour l’Homme.

Sous gouvernement précédent, l'utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public a été interdite le 1er janvier dernier. Son utilisation par les particuliers sera interdite à compter du 1er janvier 2019.

Mise à jour: mardi 24 octobre, le Parlement européen a voté à 355 voix pour et 204 contre (111 abstentions) une résolution en faveur d'une élimination progressive du glyphosate dans l'UE d'ici à la fin 2022.

 

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