Fin des 10 km le 2 mai, réouverture des terrasses : « On va continuer à être en liberté surveillée » tempère le sénateur LR René-Paul Savary

Fin des 10 km le 2 mai, réouverture des terrasses : « On va continuer à être en liberté surveillée » tempère le sénateur LR René-Paul Savary

Les déplacements entre régions seront de nouveau autorisés à partir du 3 mai et les terrasses rouvriront à la mi-mai, comme l’avait annoncé Emmanuel Macron. Des annonces qui surprennent, car totalement en décalage avec les mauvais chiffres de l’épidémie. « Il veut redevenir le maître des horloges, mais les épidémies, ça ne se maîtrise pas comme on le souhaite », met en garde René-Paul Savary.
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Calendrier maintenu. Emmanuel Macron compte conserver son calendrier d’allègement des mesures de freinage de l’épidémie de covid-19, malgré les chiffres, toujours mauvais. Une ouverture, quoi qu’il en coûte, en somme. L’exécutif a annoncé à l’AFP qu’il prévoyait de lever le 2 mai l’interdiction d’aller à plus de 10 km de chez soi. Les déplacements entre régions seront donc à nouveau permis, après quatre semaines de restrictions, comme annoncé initialement par le chef de l’Etat. « C’est bien ce qui est prévu », a confirmé ce mercredi le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Emmanuel Macron compte aussi rouvrir les écoles comme prévu le lundi 26 avril, puis le 3 mai pour les collèges et lycées en présentiel.

Réouverture de certains lieux de culture

L’autre objectif fixé par le président de la République, la réouverture des terrasses à la mi-mai, sera aussi tenu. Les commerces non alimentaires pourront rouvrir, et, cerise sur le gâteau, les lieux de culture, avec une jauge réduite. Soit ce qu’a préconisé la mission d’information du Sénat sur les effets du confinement, qui a présenté ses propositions pour la réouverture des lieux de culture. Selon Le Canard Enchaîné, en plus des musées, la ministre Roselyne Bachelot a obtenu la réouverture des cinémas et théâtres avec une jauge de 35 % dans un premier temps, puis de 65 %.

Selon l’AFP, les jauges pourraient varier en fonction des territoires, avec un seuil plancher à 35 %, qui varierait en fonction du niveau de circulation du virus. Ce qui rejoint l’idée formulée hier par le ministre de la Santé, Olivier Véran, d’un déconfinement différencié par territoire. « La territorialisation dans la réouverture progressive est une option qui est sur la table », a confirmé Gabriel Attal, mais « il n’y a pas de décision sur ce sujet ». Le gouvernement tiendra une conférence de presse jeudi, où seront précisées toutes ces questions.

« Il reste sur un calendrier qui est déconnecté de l’évolution épidémiologique »

Il faudra aussi encore préciser un éventuel calendrier pour la réouverture des salles de sport, des festivals ou encore des boîtes de nuit, qui craignent d’être les dernières à rouvrir. La mise en place d’un pass sanitaire, qui passera par une nouvelle version de Tous Anticovid, pourrait faciliter cette réouverture de certains lieux recevant du public. Quant à un allègement du couvre-feu, il n’est pour l’heure pas prévu pour le 3 mai, selon Gabriel Attal.

Si beaucoup peuvent se réjouir de ces perspectives, elles ont de quoi étonner. L’exécutif mise sur un niveau de circulation du virus autour de 20.000 cas par jour d’ici un mois, soit beaucoup plus que les 5.000 fixés par Emmanuel Macron lors du second confinement. « Il reste sur un calendrier qui est déconnecté de l’évolution épidémiologique. C’est un choix que fait le chef de l’Etat qui est dans la même stratégie : accepter un niveau élevé du virus. On ne lie pas reprise des activités et circulation faible du virus, comme en novembre », décryptait hier Bernard Jomier, sénateur PS et président de la mission d’information sur les effets du confinement.

« Il ne faut pas mettre dans la tête des gens que la vie normale va reprendre »

Selon le sénateur LR René-Paul Savary, pour rouvrir, « il faut surtout un accord avec les responsables concernés sur les mesures qu’il faut continuer à prendre. Il faut être clair et prévoir à l’avance. Qu’il y ait bien quinze jours pour les restaurateurs, c’est très bien ».

Surtout, malgré ces annonces, « il ne faut pas mettre dans la tête des gens que la vie normale va reprendre, on va continuer à être en liberté surveillée, ce qui peut se comprendre en période épidémique », continue René-Paul Savary. « Il faut trouver l’équilibre entre risque sanitaire et avantage de reprendre des activités. Le risque est encore élevé. Il faut véritablement l’envisager », ajoute l’ancien vice-président de la commission d’enquête du Sénat sur le covid-19.

Au sein même de la majorité, certains soulignent que les efforts ne doivent pas être relâchés. Mardi matin, lors du petit-déjeuner de la majorité, l’un des participants est ainsi « intervenu pour dire qu’il fallait faire attention à ne pas tomber dans trop de volontarisme, si on parle de réouverture de terrasses, pour ne pas induire un changement de comportement », raconte ce responsable de la majorité, selon qui « mettre un peu de tension dans le système est nécessaire ». Autrement dit, il ne faut pas que les choses soient prises comme acquises, ce qui amènerait les Français à relâcher leurs efforts trop tôt, et permettrait à l’épidémie de repartir de plus belle.

Emmanuel Macron veut reprendre la main, alors que le sanitaire sature le débat

Malgré tout, Emmanuel Macron veut reprendre la main, alors que le sanitaire sature le débat depuis un an, laissant peu de place aux autres sujets. Il l’a déjà montré, fin janvier, quand il a décidé de ne pas reconfiner, contre l’avis des épidémiologistes. Un pari qui a coûté des milliers de vies, accusait l’opposition. Il l’a fait aussi il y a un an, quand il a imposé un calendrier de déconfinement – déjà – alors que le premier ministre Edouard Philippe semblait moins pressé.

« Il veut redevenir le maître des horloges, mais ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie, les épidémies, ça ne se maîtrise pas comme on le souhaite. C’est assez surprenant d’être aussi affirmatif. Il faut beaucoup d’humilité et on en est loin », met en garde René-Paul Savary. Selon le sénateur de la Marne, « il ne faut pas être affirmatif de façon définitive sur le calendrier. Cela fera des déceptions si le calendrier n’est pas tenu. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait de recul significatif de l’épidémie ».

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