Ces deux romans semblent être né de l’envie qu’avaient leurs auteurs d’apprendre à mieux se connaitre, à mieux se comprendre. Karine Tuil qui signe « La décision » chez Gallimard raconte : « Dès 2001, j’ai eu besoin de comprendre ceux qui pouvait pousser des hommes à commettre des actes de terrorisme, comment cette haine et ce fanatisme, que l’on n’a pas voulu voir se jouaient et comment cela s’est matérialisé quelques années plus tard avec une vague terrible d’attentats ».
Pour Gérald Bronner, auteur de « Comme des dieux » aux éditions Gallimard, si le projet, un peu iconoclaste qui anime les personnages de son livre, n’est pas du tout autobiographique, il faut aussi un temps très pieu. Il n’en reste pas moins que « l’idée n’est pas complétement absurde ». Ainsi, selon Gérald Bronner, « la téléréalité permet de répondre à une question fondamentale : pourquoi les gens connus ont le pouvoir d’aimanter notre regard ? ».
La téléréalité a prouvé le pouvoir d’attraction qu’elle suscite. « Au cœur de la religion, au cœur du fanatisme, c’est un point commun que l’on retrouve dans ce type de programme télévisé, on doit être capable de s’abandonner inconditionnellement » analyse-t-il.
« La téléréalité avait tout essayé sauf Dieu, donc moi j’essaye pour elle » poursuit enfin le sociologue.
Mais alors comment mêler dans un roman différents systèmes de valeurs ? Les croyances divines et la superficialité de certaines émissions télé pour Gérald Bronner et les valeurs républicaines portées par la juge Alma Revel, l’héroïne de Karine Tuil, qui doit se prononcer sur le sort d’un jeune homme suspecté d’avoir rejoint l’Etat islamique en Syrie ?
« Dans mon roman, explique Karine Tuil, cette juge considère que le récit républicain n’est plus suffisamment fédérateur et elle se retrouve sans comprendre face à des jeunes qui ont la haine de la France. Alma refuse de considérer les autres comme des monstres elle essaye toujours de garder cette complicité humaine ». Une incompréhension que l’on retrouve également dans l’ouvrage de Gérald Bronner.
Pour lui, le point commun entre les deux ouvrages reste la question du doute, « le doute de la juge et de la femme qui s’entremêlent, celui de Jeff Jefferson qui a traversé une crise mystique dans le passé : Dieu est pour lui comme un membre fantôme, même si les plaies sont cautérisées, il en souffre ».
Retrouvez l’intégralité de l’émission « Livres & vous » ici.
« La décision » de Karine Tuil – Ed. Gallimard
« Comme des dieux » de Gérald Bronner – Ed. Grasset