Gilles Vernet et ses élèves tirent la sonnette d’alarme : tout va trop vite !

Gilles Vernet et ses élèves tirent la sonnette d’alarme : tout va trop vite !

Consommation excessive, volonté de croissance perpétuelle de notre société, des vies menées dans l’urgence… Tout va trop vite aujourd’hui. Ancien trader devenu instituteur dans le 19e arrondissement de Paris, Gilles Vernet a interrogé ses élèves sur l’accélération vertigineuse de notre monde à travers un film documentaire intitulé Tout s’accélère. Mais à quelles fins ? C’est l’histoire d’un homme, fasciné par les réflexions de ses élèves qui a décidé de se questionner sur notre rapport au temps.
Public Sénat

Par Priscillia Abereko

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Quand on n’aura plus de ressources, ce sera la fin de la course », des paroles de chanson, centrales dans le documentaire Tout s’accélère de Gilles Vernet, qui résonnent presque comme un constat amer : il est urgent de ralentir.

Gilles Vernet, a pourtant mis du temps à s’en rendre compte. Ancien trader, il a longtemps côtoyé la finance, un domaine d’activité où la quête d’adrénaline, la recherche perpétuelle de la jouissance et le sentiment de vitesse constante font partie intégrante de vous.

Un jour pourtant, tout a pris fin : « Il m’a fallu un gros choc pour que je fasse un changement important dans ma vie. J’ai appris que ma mère était atteinte d’une maladie incurable et je me suis dit que je travaillais 6 jours sur 7 et donc que je n’avais  absolument pas le temps de la voir. J’ai avant tout quitté la finance pour pouvoir passer du temps avec elle ».

De la vitesse à la volonté de prendre le temps

Devenu instituteur d’une classe de CM2, Gilles Vernet a pris le temps de philosopher avec ses élèves sur des sujets variés. Mais c’est sur la question de l’état du monde que ses élèves l’ont le plus étonné : tout va trop vite pour eux car nous consommons trop vite et nous n’avons pas conscience que les ressources ne sont pas inépuisables.

#UMED - L'objectif du documentaire Tout s'accélère selon Gilles Vernet
00:55

Enthousiasmé par leurs réflexions, Gilles décide de les inclure dans son projet documentaire : « Au départ je n’avais pas prévu de filmer les enfants. J’ai lu le livre d’Hartmut Rosa Accélération, un livre qui a marqué tous ceux qui l’ont lu, où il démontre en fait que nous sommes pris dans un flux et dont il questionne le sens, une espèce de spirale d’accélération dans tous les champs de l’activité humaine. Je me suis dit que le sujet était existentiel et qu’il faisait pas mal écho à mon existence et à des aspects de ma vie. J’ai donc décidé de faire un film avec des interviews classiques mais c’est en parlant avec mes élèves, en parlant du temps que je me suis dit que les enfants disaient de telles choses auxquelles moi-même je n’avais pas pensé. Les enfants n’ont pas la même perception du temps, la vie devant eux ».

De leurs jeunes âges, ces enfants ont montré les limites de cette accélération et c’est que cherchait principalement Gilles Vernet à travers son documentaire : « Mon optique, c’était de discuter avec eux de sujets passionnants, essentiels et existentiels mais comme je pourrais discuter avec des adultes. Pour moi, les enfants avaient vraiment des trucs à nous dire ».

La valeur du temps aujourd’hui 

Aujourd’hui, Gilles a le sentiment d’avoir gagné du temps. S’il continue à avoir plusieurs activités dans sa vie, il les exerce mais à son rythme : « C’est une richesse de prendre son temps, j’essaye de le prendre d’autant plus que pour écrire, pour créer il faut des phases de régénération. Je ne crois pas à un ralentissement général, mais je pense plutôt qu’il y a une alternance saine des rythmes et c’est ce que j’essaye de trouver dans ma vie et surtout je prends le temps de m’occuper de mes enfants ».

Sa démarche, son documentaire, il en tire de bonnes choses. Aujourd’hui, ses élèves filmés sont en terminale et grâce au documentaire ils ont gagné en maturité et en engagement écologique.

Mais rien n’est gagné pour autant selon Gilles Vernet, si nous voulons survivre il faut changer ce système capitaliste de notre société : « J’ai un peu tendance à penser que ça arrivera après une crise comme c’est souvent le cas mais ce qui est très interrogeant et ce qui interroge beaucoup de gens aujourd’hui c’est cette alliance entre la finance maîtresse un peu du monde et la technologie [...] Le seul problème de cette alliance c’est que ça pousse la terre à courir et nous aussi. Personne n’est coupable, c’est un système, un dogme qui s’est instauré et moi je le questionne sous l’angle du temps ».

Prendre le temps, voilà le secret d’une longévité.

 

Retrouvez l'intégralité de l'émission Un Monde en Docs - Est-il urgent de ralentir ? présentée par Nora Hamadi dimanche 27 mai à 19h

Dans la même thématique

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le