Interpellé sur la délinquance en Seine-Saint-Denis, Gérald Darmanin dénonce « des liens nauséabonds »
Interpellé par la sénatrice Eustache-Brinio, qui a dénoncé le « déni » dans l’analyse du ministre de l’Intérieur qui refuserait d’identifier le rôle de la délinquance dans les incidents de samedi dernier, Gérald Darmanin a clairement dénoncé la grille de lecture avancée par la sénatrice LR du Val d’Oise en l’accusant de « faire le jeu de partis extrêmes »
« Grâce à ce que tout le monde appelle le fiasco de samedi soir, tout le monde a pu découvrir que la Seine-Saint-Denis n’était pas la Californie sans la mer, comme a pu le dire le Président de la République récemment. » C’est ainsi que Jacqueline Esutache-Brinio (LR) a interpellé Gérald Darmanin à propos de la gestion de la finale de la Ligue des Champions opposant le Real de Madrid à Liverpool, qui s’est tenue au Stade de France samedi dernier. D’après elle, le contraste avec le Stade de France inauguré en 1998 est saisissant : « Le Stade de France a ouvert en 1998 et la France a changé depuis. » Surtout, elle accuse le ministre de l’Intérieur de « déni » dans l’analyse des événements, en sous-entendant que les incidents observés étaient dus à la délinquance qui gangrènerait la Seine-Saint-Denis : « Vos propos ont beaucoup choqué, pourquoi un tel déni de ce qu’il s’est réellement passé ? Pourquoi ne pas dénoncer la réalité de ce qu’il s’est passé ? Pourquoi ne pas présenter des excuses aux Espagnols et aux Anglais ? Avez-vous renoncé à restaurer l’ordre public partout dans notre pays ? »
« Une essentialisation de la délinquance en évoquant des nationalités, et en mettant en pâture des liens très nauséabonds »
« Vous évoquez avec beaucoup d’insultes la Seine-Saint-Denis », lui a répondu Gérald Darmanin, en accusant la sénatrice du Val d’Oise de procéder à une « essentialisation de la délinquance en évoquant des nationalités, et en mettant en pâture des liens très nauséabonds. » Le ministre de l’Intérieur y voit des insinuations « extrêmement déplacées » : « Quand vous dites que la Seine-Saint-Denis et la France ont changé, vous faites le jeu de partis assez extrêmes. J’ai le droit d’être choqué par ce point et je n’ai pas à donner des nationalités – on m’a forcé à le faire pour lutter contre des fake news – des personnes que nous interpellons. »
Gérald Darmanin va même plus loin, en se demandant quand on lui posera des questions sur l’origine ou l’apparence des personnes interpellées. « J’imagine que la prochaine question c’est quel type de français nous avons interpellé », a ainsi taclé le ministre de l’Intérieur. Sur un éventuel raté sur les interpellations des détenteurs de faux billets, Gérald Darmanin a assumé que les forces de l’ordre aient priorisé la « gestion de foule » : « Les policiers d’ordre public n’interpellent pas les gens. Quand vous avez une foule de milliers de personnes, ils ont à gérer une foule, donc en effet, la consigne donnée n’est pas d’arrêter des gens qui ont des faux billets, c’est de gérer une foule. »
En ouvrant les questions au gouvernement, Gérard Larcher a rendu hommage à Lorène, tuée dans un lycée de Nantes et à Aboubakar Cissé, tué dans une mosquée dans le Gard. Le Sénat a finalement observé quelques secondes de recueillement.
Accusé par la gauche d’avoir minimisé sa connaissance des faits de l’affaire Bétharram, François Bayrou sera auditionné le 14 mai à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires ». « Les violences sexuelles, en particulier sous institution, sont encore sous le poids du silence profond », déplore Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’Enfance, invitée sur Public Sénat ce mercredi 30 avril.
Pour répondre à la crise du logement, le groupe communiste du Sénat propose d’encadrer les prix du foncier, afin de favoriser la construction de logements sociaux et l’accession à la propriété. Le dispositif serait calqué sur l’encadrement des loyers, déjà en vigueur dans une dizaine de métropoles.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé lundi sa volonté de « modifier la loi » pour faire « contribuer » les détenus à une partie de leurs frais d’incarcération. « On est dans la démagogie la plus caricaturale », réagit sur Public Sénat le sénateur socialiste Jérôme Durain, co-rapporteur de la proposition de loi sur le narcotrafic qui devrait être définitivement adoptée par l’Assemblée nationale ce mardi. L’élu dénonce une « surenchère sécuritaire ».