« J’ai compris qu’il y avait un cynisme d’État sur le dossier d’Ascoval et qu’on était prêt à le laisser mourir », confie Xavier Bertrand

« J’ai compris qu’il y avait un cynisme d’État sur le dossier d’Ascoval et qu’on était prêt à le laisser mourir », confie Xavier Bertrand

Auditionné au Sénat, ce mercredi, sur les enjeux de la filière sidérurgique en France, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand est revenu sur le dossier de l’aciérie Ascoval. Une fois encore, il n’a pas été tendre avec le gouvernement.
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Une fois n’est pas coutume, Xavier Bertrand n’a pas mâché ses mots pour qualifier la décision prise par le gouvernement sur le dossier d’Ascoval, l’année dernière, lorsque le principal actionnaire de l’usine, Vallourec, est placé en redressement judiciaire.

Pour le président de la région Hauts-de-France, où se trouve l’aciérie, le choix de ne pas soutenir l’offre de reprise du groupe Liberty House n’est, ni plus, ni moins, qu’une « erreur stratégique » de l’exécutif. « Lors d’une conférence téléphonique, j’ai compris qu’il y avait un cynisme d’État sur le dossier d’Ascoval et qu’on était prêt à le laisser mourir », confie-t-il. Ce n’est pas tant Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, que Jean-Pierre Floris dont le titre devrait plutôt être « commissaire à la liquidation judiciaire plutôt qu’à la restructuration industrielle » qu’il tient pour responsable. « Je ne suis pas sûr, qu’à l’époque, le ministre ait eu tous les éléments pour prendre sa décision », précise l’ex-ministre.

Alors que le groupe franco-belge Altifort faisait figure de favori avant de se retirer faute d’avoir les fonds nécessaires, c’est finalement le britannique British Steel qui avait repris Ascoval, avant d’être placé en faillite. « Nous ne sommes pas sortis d’affaire aujourd’hui », s’inquiète le président de région. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appuyé mercredi le projet du fonds d'investissement Greybull Capital de former un nouvel ensemble avec l’aciérie Ascoval et deux usines, à Hayange et aux Pays-Bas, du groupe en faillite British Steel. « Les salariés doivent dire qu’ils ont encore envie de faire confiance : c'est cela aujourd'hui l’enjeu", commente Xavier Bertrand.

S’il assure « avoir remué ciel et terre pour que l’exécutif change de position sur le dossier d’Ascoval », en mettant notamment 14 millions d’euros sur la table en soutien à l’aciérie, Xavier Bertrand déplore qu’ « en dépit du volontarisme et des millions d'euros, cela se passe, au final, à hauteur d'hommes. » Pour lui, la solution serait que les régions ne soient plus « les supplétifs de l’État » et qu’elles disposent de « plus de pouvoirs, de compétences et de moyens pour intervenir ». Il attend une « clarification » quant à la répartition des compétences entre les régions et l’État.

Dans la même thématique

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le