Une fois n’est pas coutume, Xavier Bertrand n’a pas mâché ses mots pour qualifier la décision prise par le gouvernement sur le dossier d’Ascoval, l’année dernière, lorsque le principal actionnaire de l’usine, Vallourec, est placé en redressement judiciaire.
Pour le président de la région Hauts-de-France, où se trouve l’aciérie, le choix de ne pas soutenir l’offre de reprise du groupe Liberty House n’est, ni plus, ni moins, qu’une « erreur stratégique » de l’exécutif. « Lors d’une conférence téléphonique, j’ai compris qu’il y avait un cynisme d’État sur le dossier d’Ascoval et qu’on était prêt à le laisser mourir », confie-t-il. Ce n’est pas tant Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, que Jean-Pierre Floris dont le titre devrait plutôt être « commissaire à la liquidation judiciaire plutôt qu’à la restructuration industrielle » qu’il tient pour responsable. « Je ne suis pas sûr, qu’à l’époque, le ministre ait eu tous les éléments pour prendre sa décision », précise l’ex-ministre.
Alors que le groupe franco-belge Altifort faisait figure de favori avant de se retirer faute d’avoir les fonds nécessaires, c’est finalement le britannique British Steel qui avait repris Ascoval, avant d’être placé en faillite. « Nous ne sommes pas sortis d’affaire aujourd’hui », s’inquiète le président de région. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a appuyé mercredi le projet du fonds d'investissement Greybull Capital de former un nouvel ensemble avec l’aciérie Ascoval et deux usines, à Hayange et aux Pays-Bas, du groupe en faillite British Steel. « Les salariés doivent dire qu’ils ont encore envie de faire confiance : c'est cela aujourd'hui l’enjeu", commente Xavier Bertrand.
S’il assure « avoir remué ciel et terre pour que l’exécutif change de position sur le dossier d’Ascoval », en mettant notamment 14 millions d’euros sur la table en soutien à l’aciérie, Xavier Bertrand déplore qu’ « en dépit du volontarisme et des millions d'euros, cela se passe, au final, à hauteur d'hommes. » Pour lui, la solution serait que les régions ne soient plus « les supplétifs de l’État » et qu’elles disposent de « plus de pouvoirs, de compétences et de moyens pour intervenir ». Il attend une « clarification » quant à la répartition des compétences entre les régions et l’État.