A la fin de la Seconde Guerre mondiale, difficile pour la droite de revendiquer son héritage littéraire. L’une de ses figures d’avant-guerre, l’académicien Charles Maurras, fondateur du journal monarchiste l’Action Française, est jugée le 28 janvier 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi. L’écrivain antisémite, reconnu coupable, est condamné à la réclusion à perpétuité et frappé d’indignité nationale. A cette époque, « le mot droite souffrait donc d’une infériorité intellectuelle et morale énorme » constate ainsi l’écrivain Denis Tillinac, « personne ne s’en réclamait ». Pour lui, après la Libération, « le marxisme s’impose alors comme la doxa dominante ».
Les Lettres Françaises : la fin d’un symbole
Le phénomène semble pourtant s’essouffler au début des années 70. Faute de lecteurs, le journal Les Lettres Françaises du poète et écrivain communiste Louis Aragon, cesse de paraitre en 1972. Pour Denis Tillinac l’évènement marque « la fin de la prépondérance du marxisme crypto-stalinien sur l’intelligence française », mais pas celle de « la conscience de gauche » tient-il à nuancer. Celle-ci se réincarne alors, selon lui, dans le journal Libération, fondé en 1973 par Jean-Paul Sartre, et « continue de régner majoritairement jusqu’aux abords de l’an 2000 ».
EXTRAIT- L'Info dans le Rétro- La fin des Lettres Françaises
« La pensée se renouvelle sans cesse »
« Maintenant, c’est fini » assène Denis Tillinac. Un constat que ne partage pas l’historienne Ludivine Bantigny. Pour elle, « la pensée se renouvelle sans cesse », « le discours sur la prétendue fin des idéologies est lui-même profondément idéologique ». Certes, « le marxisme a connu une période de difficultés dans le paysage intellectuel français et international », estime-elle, mais aujourd’hui « il ressurgit plus vivace que jamais ».
1er diffusion le 31 mars à 23h