Les agriculteurs épargnés par le plan eau ? « Ils seront les premières victimes de ce statu quo »

Les agriculteurs épargnés par le plan eau ? « Ils seront les premières victimes de ce statu quo »

Invité ce vendredi de l’émission « Extra Local » sur Public Sénat, Éric Tardieu, le directeur général de l’Office international de l’eau, une association d’utilité publique, estime que le plan eau dévoilé par Emmanuel Macron ne va pas assez loin dans le domaine agricole. Au-delà des mesures de sobriété et du développement de nouvelles technologies, il appelle au lancement d’une vaste réflexion sur les types de culture et les modes de production.
Romain David

Par Public Sénat

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Dévoilé jeudi, le plan eau du gouvernement table surtout sur l’innovation technologique et la sobriété pour améliorer les usages. Il ne prévoit pas de mesures contraignantes envers les agriculteurs, pourtant en première ligne sur cette question, l’activité agricole absorbant 58 % de la ressource en eau selon les chiffres du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique. « Je suis heureux de l’arbitrage qu’on a, qui consiste à stabiliser des prélèvements, donc on ne redemande pas un effort supplémentaire » aux agriculteurs, a notamment salué Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, en marge du congrès de la FNSEA.

« Le plan est plutôt dans la sensibilisation et la pédagogie, ce qui est nécessaire », a commenté Éric Tardieu, le directeur général de l’Office international de l’eau, une association reconnue d’utilité publique, qui était invité ce vendredi 31 mars de l’émission « Extra Local » sur Public Sénat. Pour autant, ce responsable estime qu’en matière de gestion de l’eau, l’Etat devra « utiliser la carotte et le bâton ». Notamment en ce qui concerne l’agriculture.

« Je considère personnellement que les premiers éléments sont insuffisants et que la ferme France va devoir aller beaucoup plus loin dans la réflexion sur ce qu’elle produit, dans quelles conditions économiques et dans quelles conditions environnementales », explique-t-il. « En Europe, les pays ont répondu très différemment, et avec des difficultés. Les Espagnols sont allés très loin dans la réutilisation des eaux usées, mais en créant une concurrence non régulée, avec des impacts sur les paysages et l’environnement ».

Les réticences de la filière

« La réflexion agricole et économique n’a pas encore eu lieu en France, parce que la filière est un peu sous le mode : ‘Encore un instant Monsieur le bourreau’ », relève Éric Tardieu. « Elle essaye de tirer le plus loin possible une situation sans changement. De mon point de vue, cela ne pourra pas fonctionner, et les premières victimes de ce statu quo seront les agriculteurs eux-mêmes. »

La nécessité d’une « réflexion massive et douloureuse »

Interrogé sur le recours aux méga-bassines, à l’origine d’importantes mobilisations écologiques, notamment dans les Deux-Sèvres, Éric Tardieu estime qu’elles « peuvent avoir leur pertinence dans un certain nombre de cas ». « Une partie des solutions aux problèmes d’eau est de l’ordre de la technologie, comme l’irrigation au goutte-à-goutte, encore peu diffusée en France et qui va permettre, à hectares constants, de réduire la consommation », relève-t-il. « Mais nous ne pourrons pas faire l’économie d’une réflexion massive et douloureuse sur ce que doit produire l’agriculture française demain. »

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