Les animaux, cultivés comme des plantes ?

Les animaux, cultivés comme des plantes ?

L’affaire avait déclenché un scandale l’année dernière. Les vidéos diffusées sur Internet en février 2016 par l’association L214, révélaient le quotidien d’un abattoir du Vigan, dans le Gard. Des images macabres et violentes utilisées pour dénoncer la souffrance animale et la cruauté dont ils sont les victimes. Mais nous auraient-elles autant choquées il y a quelques années ?
Public Sénat

Par Béatrix Moreau

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

Leur sourire est radieux, leurs yeux pétillent, c’est dans une ambiance légère que les enfants sortent soigneusement les poussins de leurs cages, les rangent dans une boite en carton et rabattent consciencieusement le couvercle dessus : « Poussins vivants » peut-on alors lire sur la tranche.
Ces images d’archives tournées en noir et blanc datent de 1956, « quand on les regarde, on voit des enfants qui rient » commente Eric Baratay, historien spécialiste de la relation entre l’homme et l’animal, « pourtant, la situation de ces poussins n’est quand même pas merveilleuse ». Signe d’une autre époque, « les abattoirs ne posaient alors pas de questions » explique-t-il, et leur violence « ne choquait personne ».

« De toute façon il faut en manger »

Pour comprendre comment s’est imposé l’élevage industriel, il faut remonter à la fin du XIXe siècle. A cette époque se développe « tout un discours sur l’animal machine, dénué de sensibilité » note Eric Baratay, « il est là pour ça ». Un autre émerge également à la même période, celui sur « la nécessité biologique de manger de la viande ». En réaction, sa consommation explose au XXe siècle, « les questions sur les manières d’abattre deviennent accessoires : on doit passer par là » résume l’historien « de toute façon il faut en manger ». L’animal est « vraiment considéré comme un bien de consommation », cultivé au même titre qu’une plante.

La loi s’adapte aux mentalités

Aujourd’hui, les sensibilités semblent avoir évolué. Suite aux vidéos diffusées par l’association L214, un procès s’est ouvert jeudi 23 mars 2017. Trois ouvriers de l’abattoir et la communauté de communes du Pays Viganais sont poursuivis pour des actes de cruauté et des mauvais traitements sur des animaux. Une première en France. Pour Eric Baratay, ce procès est dû à « une évolution des mentalités et des représentations », des lois existaient déjà auparavant « mais on n’en tirait guère de conséquences ».

 

Retrouvez l'émission L'info dans le rétro en 1ère diffusion vendredi 31 mars à 23h.

Dans la même thématique

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le

Manifestation contre les violences sur les mineurs, Toulouse
4min

Société

Relaxe d’un homme accusé de violences familiales : le droit de correction invoqué par les juges est « contraire à la loi »

Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.

Le