Dénonçant la décision prise par le gouvernement, cinq parlementaires écologistes, dont la sénatrice Monique de Marco, et trois professeurs ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour excès de pouvoir. Il vise en particulier l’arrêté qui, selon leur avocat, ne respecte pas le Code de l’éducation.
Limitation à 80 km/h : le gouvernement rejette « la main tendue » du Sénat
Par Public Sénat
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« J’habite un département rural avec des voiries très accidentogènes (…) Franchement pour moi, puisque vous m’interpellez, qu’il y ait des routes limitées à 80 km/h… Je vous le dis très sincèrement, ça ne me choque pas ». Et voilà comment la ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Jacqueline Gourault a mis fin à son intervention, hier soir en séance, lors d’un débat autour d’un rapport sénatorial sur la sécurité routière.
En effet, le 19 avril dernier, trois sénateurs, Michel Raison (LR), Jean-Luc Fichet (PS) et Michèle Vullien (centriste), avaient remis un rapport, fruit de quatre mois de travaux et d’auditions. Farouchement opposés à la nouvelle limitation de vitesse à 80 kmh sur les routes secondaires sans terre-pleins centraux, leur principale proposition consiste à décentraliser cette décision au niveau des départements (voir notre article).
« Tout commande à ce que la mesure entre en vigueur au 1er juillet »
Et si le trio sénatorial rencontrera Édouard Philippe le 14 juin, pour comme l’explique Michèle Vullien, « le convaincre de changer ses positions », il y a bien peu de chances qu’ils y parviennent, tant la représentante du gouvernement présente hier soir dans l’hémicycle s’est montrée inflexible.
En se basant sur une étude du CEREMA (centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), pour qui les routes secondaires sans séparation centrale sont les plus accidentogènes, Jacqueline Gourault a justifié la prochaine limitation. « Tout commande à ce que la mesure entre en vigueur au 1er juillet ». Et la proposition des sénateurs d’en laisser la décision aux présidents des conseils départementaux, entraînerait, selon elle, « de nombreuses variations de vitesse et la cohérence du réseau n’existerait plus ».
« Un seuil psychologique inacceptable »
« Personne ne détient la vérité absolue en matière de sécurité routière » avait argué, quelques minutes plus tôt, Michel Raison. « 76 % des Français sont opposés à cette mesure », « L’ADF (Association des départements de France) aussi et « une dizaine de ministres sur 22 y sont défavorables » a-t-il calculé. Surtout, pour le sénateur LR les 80 km/h « sont un seuil psychologique inacceptable (…) « dans des départements qui se sont vus refuser des deux fois deux voies ». « Plutôt qu’une décision éloignée des réalités, nous proposons une mesure décentralisée, affinée, concertée et responsabilisant les acteurs » a-t-il résumé dans un communiqué, ce mercredi.
En conclusions des débats, président LR de la commission des lois, Philippe Bas a estimé que « la sagesse voudrait que cette proposition soit reprise par le gouvernement. C’est une chance que nous lui offrons, une main que nous lui tendons » a-t-il exhorté. Mais sur ce sujet, le gouvernement ne semble pas prêt de marquer le stop.