La littérature jeunesse doit-elle s’inspirer des codes des séries ?

La littérature jeunesse doit-elle s’inspirer des codes des séries ?

Cette semaine Livres & Vous met la littérature jeunesse à l’honneur. À l’occasion de la 7e édition du festival « Partir en Livre » organisé par le Centre National du livre (CNL), et alors que la lecture a été déclarée grand cause nationale, Guillaume Erner reçoit sa présidente et deux auteurs jeunesse. Qu’est-ce qui attire le jeune public vers la littérature ? Comment s’adresser aujourd’hui aux adolescents ? Cette semaine Livres & vous fait un détour par l’univers jeunesse.
Aurélie Daffas

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La jeunesse serait-elle fâchée avec les livres ? Si 80 % des 15-24 ans se perçoivent comme lecteurs selon la dernière étude sur les Français et la lecture de l’institut Ipsos pour le Centre national du livre (CNL), ils étaient 92 % à le penser en 2019.

Alors comment donner le goût de la lecture ? Pour transmettre le plaisir de lire et attirer de nouveaux lecteurs, le festival « Partir en livre » a développé une « approche très vivante de la lecture », explique Régine Hatchondo, présidente du CNL. Les jeunes lisent moins qu’avant car ils ont le « sentiment que la lecture les isole, qu’elle est obligatoire » explique-t-elle, « il faut arriver à faire en sorte que la lecture soit vécue comme un plaisir », un moment d’évasion.

Lire des classiques ?

L’école et les parents sont des prescripteurs importants, mais « Les jeunes, n’ont pas grande confiance dans les adultes et dans les médias », observe Régine Hatchondo. L’école doit-elle continuer à faire lire ? À fournir un socle de littérature classique ? Si cela permet de constituer une base de connaissances communes, forcer un enfant à lire n’est pas forcément la meilleure façon de lui transmettre le plaisir de la lecture.

« Moi je ne lis pas 50 pages que je n’aime pas avant de rentrer dans un roman. »

Pour Marion Brunet, autrice pour adolescents, il y a des classiques que l’on aime, et d’autres que l’on ne s’approprie pas : « Sur les romans classiques on nous disait toujours, « lis les 50 premières pages et tu verras après c’est bien » : mais non ! Moi je ne lis pas 50 pages que je n’aime pas avant de rentrer dans un roman. » Pour elle, la jeune génération a aussi de nouvelles attentes. Avec le développement du cinéma et des séries, les codes ont changé. « Ça donne des fictions qui sont incroyablement ‘happantes’dès le départ. Il y a quelque chose de plus immédiat. »

Écrire pour les adolescents

Alors les auteurs doivent-ils s’adapter ? Qu’a-t-on en tête lorsque l’on s’adresse à un public jeunesse ? Pour l’autrice de « Frangines » (Ed. J’ai lu), il n’y a pas d’écriture particulière : « Je ne me dis pas que j’écris pour des ados […] Mes romans traitent de problématiques sociales car c’est ce qui m’intéresse. » Aussi bien pour Marion Brunet, que pour Fabrice Colin, également auteur jeunesse, l’écriture est avant tout un plaisir. Ils s’accordent à dire qu’il n’est pas question de « chercher à faire passer un message », mais l’auteur écrit forcément un texte personnel, teinté par ses propres valeurs. Pour Fabrice Colin, « on s’adresse à des lecteurs adultes en devenir », cela contribue nécessairement à façonner « l’architecture mentale du jeune ».

Les auteurs sont des passeurs. « Je crois beaucoup à la rencontre » confie Régine Hatchondo. Les échanges entre auteurs et enfants sont importants. « Mon rêve ce serait qu’il y ait un auteur par école, par collège, par lycée ! »

L’émission Livres & Vous consacrée à la littérature jeunesse est à voir en replay sur notre site.

La 7e édition de la manifestation Partir en Livre se déroule partout en France, du 30 juin au 25 juillet 2021, autour du thème « Mer et merveilles ».

« Frangines » de Marion Brunet, Ed. J’ai lu, poche
« Plein gris » de Marion Brunet, Ed. PKJ

« Necropolis » de Fabrice Colin, Ed. Nathan
« Rester debout » de Fabrice Colin, Ed. Albin Michel Jeunesse

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