Dans son émission « Bas les masques » ou encore « Vie privée, vie publique », Mireille Dumas a mis en lumière des parcours de vie peu écoutés, et pourtant loin d’être des cas isolés. Alors que les féminicides étaient qualifiés de « crimes passionnels », elle dénonçait déjà les violences perpétrées à l’encontre des femmes, des enfants et des minorités de genre. Quel regard porte-t-elle sur l’évolution de la société sur ces questions ? Comment explique-t-elle son intérêt pour les autres ? Cette semaine, Mireille Dumas est l’invitée de Rebecca Fitoussi dans « Un Monde un Regard ».
Migrants dans les Alpes : faire face à l’urgence
Par Amélia Morghadi
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Pendant de longs mois, la vallée de Roya, aux portes l'Italie a été le chemin d'accès privilégié des migrants. Aujourd'hui les contrôles répétés, ont dérouté le flux migratoire. Redoutant la police, les migrants empruntent un chemin plus au nord qui passe par Briançon, le col de Montgenèvre et le col de l’Échelle.
Des opérations de sauvetages
Mais lorsque l’on n’est pas préparé, la montagne est hostile. Sans équipement, et avec des températures atteignant régulièrement les - 10 degrés en hiver, les migrants se mettent en danger. C’est le cas de Mamadou. Chaussé d'une simple paire de basket il a traversé la montagne, et y a perdu un pied. « On a été complètement gelé, la nuit est tombée, on n’arrivait pas à avancer : on avait de la neige jusqu’au ventre » témoigne-t-il.
Chaque nuit, ils seraient entre 30 et 70 à tenter de rejoindre la France par ces chemins escarpés. Des habitants ont décidé de leur porter secours. Dès la tombée du jour, en voiture, ils arpentent les routes du col de Montgenèvre à la recherche des hommes, femmes, enfants frigorifiés. Vêtements chauds, nourriture, une fois la première urgence réglée, direction la caserne toute proche un lieu d'accueil improvisé, mais à l'abri du froid.
Contrôles policiers et sanctions
Des habitants qui risquent des poursuites. Aider des personnes en situation irrégulière à entrer sur le territoire français est passible de 5 ans d'emprisonnement et de 30 000 euros. Benoît Ducos, bénévole de l'association « Tous migrants » l'a appris à ses dépens. En mars 2018, l’ancien secouriste pisteur, rencontre lors d’une de ses veilles de nuits, au milieu d’une tempête de neige, un groupe de six migrants nigérians. Une femme enceinte de 8 mois et demi est en état de profonde souffrance, il décide donc de les conduire jusqu’à l’hôpital de Briançon, avant de se faire arrêter par la police.
« Il faut dénoncer l’absurdité de certaines situations sur les cols autour de Briançon » - Benoît Ducos -
Aide entravée, et difficulté à faire valoir ses droits. Pour le sénateur de l'Isère (CRCE) Guillaume Gontard, les agents de police éconduisent les migrants, sans les informer de leurs droits, et sans leur permettre d'entamer les démarches nécessaires à l'établissement d'un titre de séjour provisoire. Et il en veut pour preuve les registres vides de certains postes frontières, où pourtant les migrants affluent : « On ne leur permet pas de le faire, parce que s’ils font cette demande d’asile, ils ont le droit à un jour franc, à une prise en charge, un avocat… » se désole le sénateur. La préfète Cécile Bigot-Dekeyzer quant à elle assure que « toute personne qui est en situation de détresse en montagne est secourue [...] il n’y a pas de différences » avant d'ajouter que l'aide aux migrants « conforte les réseaux de passeurs »
Plusieurs associations, aidées par Gaëlle Mathieu, avocate, ont lancé une procédure contre la préfecture des Hautes-Alpes pour violation et manquement aux droits de l’Homme. Plus tôt dans l'année, le tribunal de Nice a condamné le préfet des Alpes-Maritimes pour les mêmes raisons.
Les associations, elles, demandent une aide massive de l'état afin de faire face à cette crise sans précédent.
Retrouvez "C'est vous la France" - Les Alpes : le nouveau front de la migration le mercredi 25 avril à 23h, le vendredi 27 avril à 19h, et le samedi 28 avril à 16h.