Ce 18 avril, la cour d’appel de Metz a relaxé un policier condamné en première instance pour des faits de violences sur ses enfants et sa compagne. Dans leur arrêt, les juges ont indiqué qu’un « droit de correction est reconnu aux parents ». Une décision qui indigne la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, rapporteure d’une proposition de loi qui interdit les « violences éducatives » depuis 2019.
« Mohammad, ma mère et moi », ou le récit d’une « solidarité au quotidien »
Par Public Sénat
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C’est à l’occasion d’un coup de fil à sa mère que l’écrivain et réalisateur, Benoît Cohen apprend que celle-ci est sur le point d’héberger dans son hôtel particulier du 7e arrondissement, un jeune migrant afghan. Passé l’incrédulité, voire les craintes, Benoît Cohen, qui vit alors aux États-Unis, au moment où Donald Trump accède au pouvoir, se penche sur cette rencontre et décide d’en faire un livre. « Mohammad, ma mère et moi » (éditions Flammarion) raconte cette histoire presque improbable, à une époque où le repli sur soi est devenu la norme.
« Au début, je me suis dit « elle est complètement folle » » explique en souriant l’écrivain. « On est une famille plutôt ouverte, plutôt généreuse mais là c’est vrai que ça a été un choc » dit-il.
Sa mère, se retrouvant toute seule dans sa grande maison suite au décès de son mari, avait décidé d’accueillir un migrant, après avoir écouté une émission de radio parlant de l’association Singa. Une association qui met en relation des réfugiés et des particuliers souhaitant les accueillir.
Au bout du compte, une histoire magnifique
« Au bout du compte c’est une histoire magnifique parce que ça montre que quand on passe outre ses appréhensions initiales, on peut vraiment faire des choses formidables » estime Benoît Cohen.
Même si les choses n’ont pas été simples au début puisque Mohammad « arrive en morceaux ». Il est malade les premiers jours et « sous le choc » : « Ma mère a compris que ce serait plus compliqué que simplement l’accueillir. Il allait falloir qu’elle s’occupe de lui comme d’un fils. Et c’est ce qu’elle a fait pendant ces deux ans (…) Ma mère a été une figure maternelle de substitution » analyse-t-il.
Mohammad, qui a été interprète pour l’armée française en Afghanistan, était en danger de mort dans son pays, quand les troupes françaises sont parties. L’ambassade de France, l’a fait attendre sept mois pour qu’il obtienne un visa. Ce qu’il n’a finalement jamais eu. Après avoir échappé à une tentative d’assassinat, il fuit son pays. En arrivant en France par ses propres moyens, il n’avait plus confiance en personne, suite à son histoire chaotique. « La seule personne en qui il a eu confiance pendant des années c’est ma mère (…) Le fait de restaurer cette confiance est essentiel et c’est ce que ma mère a fait de plus fort dans cette histoire » explique Benoît Cohen.
Aujourd’hui Mohammad fait des études à Sciences po, à force de détermination. « Il a découvert ce programme qui s’appelle « Wintegreat » qui a été créé par deux élèves de l’ESCP [l’École supérieure de commerce de Paris – NDLR], qui permet à des réfugiés de monter des projets (…) Ils lui ont mis un coach (…) et ils l’ont entraîné pendant 6 mois pour préparer ce concours. Et il a réussi contre toute attente » raconte le réalisateur.
À plus long terme, Mohammad souhaite, après avoir travaillé à l’ONU, revenir dans son pays où il veut avoir des responsabilités et agir sur l’éducation des petits Afghans.
En attendant, Benoît Cohen va réaliser un film de fiction sur cette histoire, qui a changé beaucoup de choses dans sa famille. Quant à la mère de l’écrivain, elle est en attente d’accueillir un nouveau migrant, chez elle. « Il faut comprendre que cela a apporté évidemment énormément à Mohammad. Mais elle aussi, cela lui a apporté incroyablement » conclut-il.
Vous pouvez voir et revoir cet entretien avec Benoît Cohen, en intégralité :