Patrimoine religieux : Stéphane Bern alerte les sénateurs sur l’état d’abandon des églises

Patrimoine religieux : Stéphane Bern alerte les sénateurs sur l’état d’abandon des églises

Auditionné par la commission de la culture du Sénat, Stéphane Bern a alerté les sénateurs sur l’état du patrimoine religieux. « Les églises ne sont plus fréquentées et elles ne sont plus entretenues ».
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ce n’est pas la première fois que Stéphane Bern est reçu au Sénat. Et ce n’est pas pour lui déplaire. « J’ai toujours plaisir à venir vous voir ». Et visiblement, le plaisir est partagé en témoignent les applaudissements qui ont ponctué l’audition de l’animateur à qui le président de la République a confié une mission sur la préservation du patrimoine en 2017.

Ce mercredi, Stéphane Berne est venu alerter les élus de l’état du patrimoine religieux. La France compte 70 000 édifices religieux. 40 000 sont la propriété des communes, auxquelles incombe leur entretien.

A noter que seuls 15 000 édifices sont protégés au titre des Monuments historiques. Un dispositif qui donne droit à des subventions et des avantages fiscaux

« Je constate comme vous une déchristianisation du pays »

Au moment où sont examinés les sites en péril qui seront financés par le Loto du Patrimoine en 2022, Stéphane Berne s’est dit « choqué par le nombre de petites églises de nos campagnes en état de déréliction avancé ». « Je constate comme vous une déchristianisation du pays qui fait que les églises ne sont plus fréquentées et quand elles ne sont plus fréquentées, elles ne sont plus entretenues ».

L’animateur note aussi que les « petites communes » ne privilégient pas vraiment le patrimoine religieux lorsqu’il s’agit de patrimoine. « On ne se fait pas réélire maire en disant je veux sauver l’église du village », mais plutôt en construisant « un stade », veut-il croire.

« Nous partageons l’essentiel de votre constat », convient le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias, rapporteur d’une mission d’information sur l’état du patrimoine religieux dont le rapport sera présenté dans quelques jours. Ce qui n’empêche pas l’élu des Hauts-de-Seine de corriger le spécialiste des têtes couronnées. « Vous avez parlé de déchristianisation. Je préfère parler de baisse de certaines pratiques religieuses […] Il peut y avoir des formes d’expression religieuse qui ne passent pas nécessairement par le culte dans un édifice ».

« On pense qu’il y a entre 2 000 et 3 000 édifices où l’exercice du culte est extrêmement sporadique voire inexistant »

Pierre Ouzoulias regrette que le ministère de la Culture ait abandonné le travail d’inventaire des édifices sacralisés et désacralisées. « On pense qu’il y a entre 2 000 et 3 000 édifices où l’exercice du culte est extrêmement sporadique voire inexistant. La question, c’est qu’est-ce qu’on va en faire pour justifier auprès des gens qui payent leurs impôts, pour que ces édifices qui sont des biens communaux, puissent continuer à être entretenus ? »

Le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau approuve : « Il faut trouver des utilités nouvelles, autres que cultuelles quand le culte est célébré […] Evidement qu’on ne va pas transformer les églises en boîte de nuit. Mais il peut y avoir dans les communes un objet culturel qui peut permettre à ce patrimoine de retrouver une raison d’être », explique-t-il.

Sans vraiment se conformer au classique jeu des questions-réponses, Stéphane Bern lance quelques réflexions. « Il ne faut pas opposer les pierres aux hommes […] les pierres révèlent les hommes et les hommes réveillent les pierres […] Qu’on soit religieux ou qu’on ne le soit pas, ce patrimoine c’est notre histoire et on n’a pas le droit de l’abandonner. Aujourd’hui, il y a 45 000 emplois qui sont liés à ces métiers d’art et qu’on est en train de perdre pour certains », rappelle-t-il.

Il propose de faire « un inventaire complet du patrimoine, bâti, religieux, industriel, ouvrier… » et la mise en place « d’une police du patrimoine » « pour qu’on arrête de faire n’importe quoi, de bâtir sans se préoccuper de ce qui s’était passé avant ».

Il en profite pour faire passer un message aux sénateurs sur « la pérennité du Loto du patrimoine ». « J’espère qu’elle est assurée. J’ai tout à l’heure un rendez-vous. La Haute autorité de régulation des jeux trouve que c’est scandaleux qu’on ruine les gens avec 15 euros de ticket. Je vais aller défendre mon bout de gras […] ça a été décidé par le président de la République, voté par le Parlement et je suis encore obligé de le faire alors qu’on a récolté en 5 ans près de 200 millions d’euros pour le patrimoine », s’agace-t-il.

👉 Lire aussi : Stéphane Bern : « Le patrimoine de proximité peut relancer la machine économique »

 

Dans la même thématique

Patrimoine religieux : Stéphane Bern alerte les sénateurs sur l’état d’abandon des églises
3min

Société

Affaire Bétharram : « Nous avons besoin de briser le silence », demande Sarah El Haïry

Accusé par la gauche d’avoir minimisé sa connaissance des faits de l’affaire Bétharram, François Bayrou sera auditionné le 14 mai à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires ». « Les violences sexuelles, en particulier sous institution, sont encore sous le poids du silence profond », déplore Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’Enfance, invitée sur Public Sénat ce mercredi 30 avril.

Le

Dans le budget 2025, le gouvernement prévoit de réduire les moyens alloués à MaPrimeRénov, une aide de l’Etat destinée aux travaux de rénovation thermique des logements.
3min

Société

Logement : une proposition de loi communiste pour encadrer le prix du foncier

Pour répondre à la crise du logement, le groupe communiste du Sénat propose d’encadrer les prix du foncier, afin de favoriser la construction de logements sociaux et l’accession à la propriété. Le dispositif serait calqué sur l’encadrement des loyers, déjà en vigueur dans une dizaine de métropoles.

Le

Patrimoine religieux : Stéphane Bern alerte les sénateurs sur l’état d’abandon des églises
3min

Société

Faire payer aux détenus une partie de leurs frais d’incarcération, comme le veut Gérald Darmanin ? « Une idée à la noix », fustige Jérôme Durain

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé lundi sa volonté de « modifier la loi » pour faire « contribuer » les détenus à une partie de leurs frais d’incarcération. « On est dans la démagogie la plus caricaturale », réagit sur Public Sénat le sénateur socialiste Jérôme Durain, co-rapporteur de la proposition de loi sur le narcotrafic qui devrait être définitivement adoptée par l’Assemblée nationale ce mardi. L’élu dénonce une « surenchère sécuritaire ».

Le