Au cours d’un débat sur une agriculture sans pesticide, dans notre émission « Salon Ouvert », le chef Marc Veyrat a livré une intervention passionnée pour une agriculture raisonnée et des produits de qualité. « Je trouve que l’alimentation populaire est en danger. Le vin populaire est en danger », a dénoncé celui qui a signé la préface du livre « Le goût des pesticides dans le vin ».
« Est-ce qu’on a fini de se foutre de la gueule du monde ? Est-ce qu’on a fini de produire et de surproduire. Ça suffit ! C’est la santé de nos enfants et de nos petits enfants qui en résulte […] Est-ce qu’on n’y gagnerait pas quelque chose ? »
Ce cuisinier, qui a été récompensé par trois étoiles au guide Michelin, encourage les consommateurs à « manger différemment, manger moins et manger mieux ».
« Le problème, c’est la surproduction et le fric »
Marc Veyrat : « Le problème, c’est la surproduction et le fric »
Pour lui, il s’agit d’un « problème d’éducation et d’information » des producteurs. Mais pas uniquement. Marc Veyrat a vivement critiqué la logique de l’agriculture productiviste :
« Le problème, c’est la surproduction et le fric. Ce sont les lobbyistes. Mon papa est paysan. Je n’ai jamais vu mon père mettre quelque chose dans la terre. Il faut revenir à des fonctions premières. »
La réponse passe aussi par, selon lui, par des changements de consommation. « Pour manger mieux, il faut dépenser plus et manger moins », encourage le propriétaire de la Maison des Bois à Manigod (Haute-Savoie). Il affirme que la part du budget alimentation d’un foyer est passée en dix ans de 22% à 13 ou 14%, et qu’il faut rattraper ces huit points perdus.
Marc Veyrat : « Pour manger mieux, il faut dépenser plus et manger moins »
Lorsque le chef ouvre des réfrigérateurs, chez les particuliers, il leur explique que manger bio ne coûte pas plus cher, à condition de changer ses habitudes :
« Ils ont acheté trois fois de la viande, deux fois du poisson, qui était plus ou moins légal. Ça se remplace, tout ça, par des protéines ! »
« C’est à nous aussi les cuisiniers de faire le travail. On leur donne des recettes », conclut-il.